LE BOUDDHISME

DE L'ECOLE FUJI

 

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04/01/2010 10:04

 

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Shijô Kingo Dono Nyôbô Gohenji

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Niike Gosho
Shijô Kingo Dono Nyôbô Gohenji
Shijô Kingo Dono Gohenji
Renjô shô
Mokue nizô kaigen no koto
Jûni innen gosho
Ichinen Sanzen Hômon

Réponse à l’épouse de Messire Shijô Kingo

 

Finalement, parmi les enseignements erronés arrachant les yeux de tous les êtres du Japon et troublant leur esprit, aucun ne surpasse ceux des maîtres du Shingon. Mais je laisse de côté ce point.

Les dix métaphores[i] semblent enseigner la préexcellence du Sutra de la Fleur du Dharma sur tous les autres sutra. Toutefois, là n’était pas la véritable intention de l’Eveillé. Il convient de comprendre qu’il compara les pratiquants de tous les sutra au pratiquant du Sutra de la Fleur du Dharma pour signifier que ce dernier est comme le soleil et la lune, alors que les autres sont semblables aux étoiles et aux flambeaux.

Comment le sais-je ? A la suite de la huitième métaphore, il y a une phrase de la plus haute importance. Cette phrase expose en effet : Celui qui est capable de recevoir et de garder ce sutra, lui aussi, est primordial parmi tous les êtres”. Les vingt-deux idéogrammes constituant cette phrase représentent le cœur de tous les sutra, les yeux de tous les êtres. Le cœur de cette phrase est que le pratiquant du Sutra de la Fleur du Dharma est comparable au soleil et à la lune, au roi Dai Bonten, à l’Eveillé. Le pratiquant du Sutra du Grand soleil, lui, est comparable aux étoiles, aux rivières et aux hommes ordinaires.

Aussi, sans distinction entre les hommes, les femmes, les moines et les nonnes de ce monde, l’Eveillé voit en ceux qui gardent le Sutra de la Fleur du Dharma, les souverains de tous les êtres. Brahmâ et Indra les tiennent en haute estime. Cette pensée me réjouit au-delà de toute expression.

Par ailleurs, réfléchissant à ce sutra jour et nuit, le lisant matin et soir, je réalise que le pratiquant auquel il fait allusion n’est pas le pratiquant du Sutra du Lotus habituel. En effet, si on lit le mot « celui » dans l’expression “Celui qui est capable de recevoir et de garder ce sutra” désigne « une personne », on peut alors penser qu’il s’agit des moines, des nonnes, des hommes et des femmes laïques ayant foi dans le Sutra de la Fleur du Dharma en ce monde. Or, il n’en est rien.

En effet, dans une phrase suivante du même sutra, l’Eveillé évoquant de nouveau cette personne dit : « S’il s’agit d’une femme … ». Lorsque je lis l’intégralité des sutra autres que le Sutra de la Fleur du Dharma, je n’ai nulle envie alors de devenir une femme. En effet, un sutra définit les femmes comme étant les envoyées de l’enfer. Un autre sutra les qualifie de grand serpent. Un autre les compare à un arbre tordu. Un autre sutra enseigne encore que les femmes sont des êtres ayant brûlé la graine de boddhéité. Non seulement dans les sutra, dans les livres extérieurs également, un dénommé Jung Ch'i-ch'i, dans un poème dédié aux trois félicités, loue le bonheur de ne pas être une femme, félicité de ne pas être né en tant que femme, ni au ciel, ni sur terre.

Il est généralement admis que les catastrophes trouvent leur origine dans trois femmes[ii]. Seul le Sutra de la Fleur du Dharma affirme que les femmes gardant ce sutra sont supérieures non seulement aux autres femmes, mais également ont la capacité de surpasser tous les hommes. Finalement, même calomniée par tout le monde, pour une femme, il n’est pas de plus grand bonheur que d’être chérie par l’homme qu’elle aime. Si tous vous détestent, peu importe. Qu’y a-t-il de fâcheux, si vous êtes chérie du Bouddha Shakya, du Bouddha Nombreux trésors, des Bouddha des dix directions, et même du roi Brahmâ, d’Indra, du soleil et de la lune ? Qu’y a-t-il de fâcheux, si vous êtes louée par le Sutra de la Fleur du Dharma ?

A présent, vous avez fait un don à l’occasion de vos trente-trois ans, âge d’infortune[iii]. Je l’ai présenté au Bouddha Shakya, au Sutra de la Fleur du Dharma et à la divinité solaire.

Le corps des êtres humains possède une épaule gauche et une épaule droite. Deux divinités sont posées sur ces épaules. L’une s’appelle Même nom et l’autre a pour nom Même vie[iv].

Brahmâ, Indra, le soleil et la lune ayant confié les hommes à ces deux divinités, celles-ci les accompagnent comme leur ombre et comme leurs yeux, dès leur conception dans le ventre maternel, jusqu’à la fin de leur vie. Qu’ils commettent mauvaises actions ou actes méritoires, elles le disent aux cieux dans les détails sans laisser échapper la moindre goutte ou la moindre poussière.

Elles apparaissent dans les phrases du « Sutra de l’Ornementation fleurie » et sont citées par le grand maître du Tendai dans le huitième volume de son « Arrêt et examen ». Toutefois, elles abandonnent les personnes à la foi faible, même s’il s’agit d’une femme gardant le Sutra de la Fleur du Dharma. Par exemple, si un grand général manque de courage, ses hommes seront des poltrons. Si un arc est faible, sa corde sera lâche. Lorsque le vent est léger, les vagues sont petites. Tous ces exemples répondent aux principes de la nature.

De plus, Messire Saemon[v] est un pratiquant du Sutra du Lotus inégalable, au sein des laïques, dans tout le Japon. Celle qui l’a épousé est dès lors la meilleure femme du Japon. Pour ce qui est de la ferveur envers le Sutra de la Fleur du Dharma, le Bouddha lui-même vous considère assurément égale à la fille dragon[vi].

L’idéogramme de la femme se lit « s’appuyer » Comme la glycine s’appuie sur le pin,  comme la femme s’appuie sur l’homme, considérez Messire Saemon comme votre maître vous guidant vers le Sutra de la Fleur du Dharma. Les calamités de vos trente-trois ans se transformeront en trente-trois ans de bonheur. C’est ce que signifie « les sept désastres s’effaceront et les sept bonheurs apparaîtront[vii] ». Vous êtes jeune. Votre bonheur s’accumulera. Avec tout mon respect.

Le 27e jour du premier mois de l’année.           Nichiren Paraphe

A l’épouse de Messire Shijô Kingo.

 


 

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Notes sur le texte

Cette lettre fut adressée par Nichiren Daishônin, alors âgé de 54 ans et vivant au mont Minobu, à Nichigen Nyo, épouse de Shikô Kingo. Nichigen Nyo, avait fait une offrande à Nichiren Daishônin, à l’occasion du premier jour de sa trente-troisième année, âge où des calamités doivent apparaître. Nichiren Daishônin l’encourage en lui affirmant qu’étant une pratiquante du Sutra du Lotus, seul sutra autorisant l’éveil dès ce corps pour les femmes, les malheurs supposés arriver lors de la trente-troisième année se transformeront en bonheur.

 

[i] Dix métaphores (j. juyû) : dix comparaisons exposées dans le 23e chapitre du Sutra du Lotus, « Conduite originelle du bodhisattva Roi des remèdes » (Yakuô bosatsu honji hon) pour signifier la suprématie de ce sutra sur les autres. (1)  Métaphore de l’eau : comme l’océan est primordial parmi la multitude des eaux, le Sutra du Lotus est primordial parmi les sutra, parce qu’il est le plus grand et le plus profond. (2) Métaphore des montagnes : comme le mont Sumeru est primordial parmi la multitude des montagnes, le Sutra du Lotus est primordial parmi les sutra, parce qu’il est le plus éminent. (3) Métaphore des étoiles : comme la lune est primordiale parmi la multitude des étoiles, le Sutra du Lotus est primordial parmi les sutra, parce qu’il est le plus lumineux et le plus brillant. (4) Métaphore du soleil : de même que le soleil est capable de dissiper l’obscurité, le Sutra du Lotus est capable de dissiper toute l’obscurité due aux mauvaises actions. (5) Métaphore des rois : comme le saint roi tournant la roue est primordial parmi les rois mineurs, le Sutra du Lotus est primordial parmi les sutra, parce qu’il est le plus vénérable. (6) Métaphore d’Indra : comme Indra est roi parmi les trente-trois dieux, le Sutra du Lotus est primordial parmi les sutra, parce qu’il en est le roi. (7) Métaphore du grand roi Brahmâ : comme le grand roi Brahmâ est le père de tous les êtres, le Sutra du Lotus est le père des sages, des saints et de tous ceux éveillant le cœur des bodhisattva. (8) Métaphore des quatre fruits et des Eveillés pour soi : comme l’Entré dans le courant, Celui qui ne revient qu’une fois, Celui qui ne revient pas, le Méritant et les Eveillés pour soi sont primordiaux parmi l’ensemble des hommes ordinaires, le Sutra du Lotus est primordial parmi les sutra. (9) Métaphore des bodhisattva : comme les bodhisattva sont primordiaux parmi les auditeurs et les Eveillés pour soi, le Sutra du Lotus est primordial parmi les sutra. (10) Métaphore de l’Eveillé : comme l’Eveillé est le roi de tous les enseignements, le Sutra du Lotus est primordial parmi les sutra, parce qu’il en est le roi.

[ii] Trois femmes : Il s’agit de Meixi, concubine du roi Jie (1818 – 1783 BC) de la dynastie des Xia, de Daji, concubine du roi Zhou (1154 – 1134 BC) de la dynastie des Shang, l’un des plus cruels souverain que la chine ait connu, célèbre pour sa créativité dans le domaine des tortures et inventeur des baguettes et de Bao Shi, reine favorite du roi You (781 – 770 BC) de la dynastie des Zhou. Ces femmes présentaient la particularité d’être aussi belles que cruelles et débauchées. Elles eurent une telle influence négative sur le souverain, en raison de leur dépravation et de leurs caprices, qu’elles précipitèrent la chute de ces dynasties. Jie, par exemple, pour amuser Meixi, fit mourir 3000 personnes en une nuit en leur ordonnant de sauter nues dans un lac rempli de vin. Depuis, un proverbe dit : « Le malheur tire son origine de trois femmes ». D’ailleurs, l’idéogramme de la femme : , quand il est répété trois fois pour former l’idéogramme, signifie alors : immoral, ou encore bruyant.

[iii] Année d’infortune (j. yaku doshi) : les Japonais  passent par des « yaku doshi », ou âges de calamités. A ces âges, ils sont voués à rencontrer maladies, mort, faillites, pertes de biens et autres événements malvenus. « Yaku » ou les calamités arrivent aux hommes lorsqu’ils sont âgés de 25, 42 et 60 ans. Pour les femmes, les âges d’infortunes sont la 19e et la 33e année. Les années précédent et suivant chaque année d’infortune sont respectivement appelées « mae-yaku » (pré calamité) et « ato-yaku » (post calamité), âges au cours desquels des calamités mineures sont attendues.

Cette croyance de rencontrer des calamités à âges fixes n’est pas sans fondement. Ces années sont des étapes importantes dans la vie des hommes et des femmes, tant physiquement qu’intérieurement.

[iv] Même nom et Même vie (j. dômyô & dôshô) : divinités suivant l’être humain toute sa vie, depuis sa naissance, perchées sur ses épaules et notant scrupuleusement toutes ses actions bonnes et mauvaises et les rapportant au roi Yama, souverain du royaume des morts. Respect, pratique et transmissions du Grand arrêt et examen précise que ces divinités s’appellent ainsi parce que l’une naît en même temps que la personne qu’elle surveille et l’autre parce qu’elle porte le même nom. Elles sont qualifiées de divinités, parce qu’elles sont naturelles. Jizang (j. Kichizô), dans son Commentaire sur le sutra des vies infinies indique que Même vie est une divinité femelle se tenant sur l’épaule droite et notant toutes les mauvaises actions, alors que Même nom, qui se tient sur l’épaule gauche, est une divinité mâle notant toutes les bonnes actions.

[v] Messire Saemon : Shijô Nakatsukasa Saburô Saemon no Jô Yoritomo, dit Shijô Kingo.

[vi] Fille dragon (j. Ryûnyo) : Preuve manifeste de l’éveil dès ce corps par les femmes. A la fois femme et dragon, elle devint Bouddha dès ce corps au cours du 10e chapitre du Sutra du Lotus, chapitre « Devadatta ».

[vii] Les sept désastres s’effaceront et les sept bonheurs apparaîtront (j. shichinan soku metsu, shichifuku sokushô) : phrase extraite du second fascicule du Sutra du roi bienveillant. Les sept désastres énoncés dans ce sutra sont : (1) Perte de la luminosité du soleil et de la lune, (2) Perte de la luminosité des constellations, (3) Les incendies, (4) Les inondations, (5) Les tempêtes, (6) Les sécheresses et (7) Les invasions. Les sept bonheurs, prenant la place de ces désastres sont : (1) Vertu d’apaiser les mauvais esprits et les dragons, (2) Vertu de permettre le salut des hommes, (3) Vertu des joyaux du roi tournant la roue, (4) Vertu de pouvoir faire tomber de la pluie douce, (5) Vertu de la lumière éclairant le ciel et la terre, (6) Vertu de faire apparaître tous les enseignements du Bouddha et (7) Vertu de faire apparaître chez tous les souverains le Dharma inégalable.

 

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