LE BOUDDHISME DE L'ECOLE FUJI |
Dernière mise à jour le 04/01/2010 10:04
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Quelle joie d’être nés au moment de la propagation dans la Fin du Dharma ! Quelle tristesse pour les hommes n’ayant pas la foi en ce sutra ! Celui qui reçoit la vie dans le monde des hommes ne peut échapper à l’impermanence. Fort de cette considération, pourquoi donc ne pas travailler à la préparation de la vie suivante ? Quand j’observe attentivement l’aspect du monde, je vois des hommes, affirmant avoir foi en ce sutra et tenant dans leurs mains les rouleaux du sutra, s’opposer pourtant à son cœur et ne pouvant ainsi échapper aux mauvaises voies. Ainsi, chaque homme possède cinq organes. Si l’un d’entre eux est défaillant, il développe alors une maladie qui attaque les autres organes, finissant par détruire sa vie. A leur propos, le grand maître Dengyô écrivait : “Bien qu’ils louent le Sutra de la fleur du Dharma, en retour, ils tuent le cœur de la fleur du Dharma”. L’esprit de cette phrase réside dans le fait que tout en gardant, lisant et louant le Sutra de la fleur du Dharma, si on s’oppose au cœur de la fleur du Dharma, on tue le vénéré Shakya et les Eveillés des dix directions. Par exemple, même si en ce monde, les mauvaises actions et lourdes fautes sont aussi hautes que le mont Sumeru, si l’on rencontre ce sutra, ces lourdes fautes s’évanouiront comme le gel et la rosée sous le soleil du Sutra de la fleur du Dharma. Toutefois, si parmi les quatorze offenses faites envers ce sutra, on en commet ne serait-ce qu’une ou deux, ces fautes s’effaceront difficilement. Pour quelle raison ? Pourquoi, même si l’on tuait tous les êtres sensitifs au sein d’un méga trichiliocosme[i], ce crime n’atteindrait-il pas celui de tuer un seul Eveillé ? Si l’on s’oppose au cœur du Sutra de la fleur de lotus, c’est perdre alors la vie de tous les Eveillés des dix directions. Celui qui s’oppose à ce principe est appelé offenseur du Dharma. Il faut craindre l’enfer ; sa demeure est le feu. Il faut plaindre les esprits affamés ; insatiables, ils dévorent leurs propres enfants. Les Asura sont perpétuellement en lutte et les animaux, cruels, s’entretuent. L’enfer de Padma signifie l’enfer du Lotus écarlate. Il est appelé ainsi car il y fait si froid que ceux qui y tombent se recroquevillent tant que leur dos se fend, laissant sortir leur chair, forme ressemblant à un lotus pourpre. Qu’en est-il alors, du grand lotus écarlate ? Lorsqu’on va dans ces mauvais lieux, les titres de Roi ou de généralissime ne signifient plus rien. Leur aspect, lorsqu’ils sont en proie aux réprimandes des gardiens de l’enfer n’est en rien différent de celui de singes que l’on fait tournoyer. Dans ces moments, quel usage peuvent-ils faire de leur renommée et de leurs honneurs ? Peuvent-ils encore persister dans leur orgueil et leur attachement à des vues erronées ? Réfléchissez ! Si, par une volonté ineffable, vous faites une fois l’offrande au moine connaissant le Sutra de la fleur du Dharma, vous ne vous engagerez pas sur les mauvaises voies. A plus forte raison si vous faites dix fois, vingt fois, pendant cinq ans, dix ans, ou toute votre vie, l’offrande. Les œuvres et vertus obtenues ainsi accumulées seront alors difficiles à connaître, même avec la sagesse de l’Eveillé. Celui-ci enseigna en effet que les œuvres et vertus induites de l’offrande au pratiquant de ce sutra sont cent, mille, dix mille, cent millions de fois supérieures aux œuvres et vertus d’avoir fait l’offrande d’incommensurables trésors directement au Bouddha Shakya pendant quatre-vingt milliards d’éons. Lorsque l’on rencontre ce sutra, la joie submerge le cœur et les larmes montent aux yeux. Il est difficile de rétribuer la dette de gratitude envers la bienfaisance du vénéré Shakya. Aussi, les fréquentes offrandes que vous transmettez jusqu’en cette montagne constituent la rétribution de votre dette de gratitude envers la bienfaisance du Sutra de la fleur du Dharma et du vénéré Shakya. Vous devez faire encore plus d’efforts. Ne vous relâchez pas ! Tous ceux qui commencent à croire en ce sutra semblent, au début, avoir la foi. Pourtant, avec le temps, leur foi s’affaiblit. Ils ne respectent plus les moines, ni ne font l’offrande. Ils deviennent arrogants et conçoivent des idées pernicieuses. C’est ce qu’il y a de pire. C’est ce dont il faut se méfier. Du début jusqu’à la fin, affermissez votre foi. Sinon, vous le regretterez. Par exemple, il y a douze jours de chemin de Kamakura à Kyoto. Si vous marchez pendant onze jours mais interrompez votre voyage alors qu’il ne reste plus qu’une journée, comment pourrez-vous admirer la lune au-dessus de la capitale ? Quoiqu’il arrive, rapprochez-vous du moine connaissant le cœur de ce sutra. Il faut toujours écouter de lui les principes du Dharma et progresser dans votre voyage de la foi. Ah ! Comme le temps passe vite ! Il nous fait comprendre combien il nous reste peu de temps à vivre. Les amis auprès desquels nous appréciions autrefois d’admirer les fleurs le matin au printemps, ont été dispersés comme les fleurs par le vent de l’impermanence. Seul subsiste leur nom. Eux ne sont plus là. Bien que les fleurs s’éparpillent, l’été suivant, elles s’épanouissent de nouveau. Pourtant, dans quelle vie, ceux qui ont disparu reviendront-ils ? Les compagnons avec qui nous aimions chanter la lune les soirs d’automne se sont éclipsés comme la lune à l’intérieur des nuages des phénomènes. Seul reste à présent le souvenir de leur visage, mais eux ne sont plus là pour parler. Bien que la lune se dissimule derrière les montagnes de l’Ouest, nous pourrons encore l’admirer l’automne suivant. Pourtant, dans quel lieu demeurent à présent ceux qui ont disparu ? Nous n’en savons rien. Même lorsque le rugissement du tigre de l’impermanence se rapproche de nos oreilles, nous l’entendons mais ne nous en soucions guère. Dans combien de jours, le mouton promis à l’abattoir arpentera-t-il le chemin de l’impermanence ? Bien que l’oiseau souffrant du froid dans les monts enneigés affirme en chantant, lorsqu’il est torturé par la froideur, qu’il construira un nid dès le lever du jour, bercé plus tard par les doux rayons du soleil matinal, il s’endort et oublie sa promesse de construire son nid. Il pleure ainsi chaque jour en vain, toute sa vie. Il en est de même de tous les êtres. Lorsqu’ils étouffent dans les flammes de l’enfer dans lequel ils sont tombés, ils promettent que s’ils renaissent parmi les hommes, ils feront l’offrande aux trois trésors, même à négliger le reste, pour obtenir l’éveil dans leur prochaine vie. Pourtant, lorsque, par extraordinaire, ils renaissent parmi les humains, le vent de la renommée et des honneurs est si fort, qu’il éteint la flammèche de l’ascèse de la voie de l’Eveil. Ils utilisent alors sans compter leurs biens et leurs richesses pour des choses futiles, mais sont en revanche regardant quant à la moindre offrande aux trois trésors. Ce phénomène n’est en rien fortuit. En effet, il résulte de l’action des messagers de l’enfer. C’est le sens de l’expression « un pouce de bien pour un pied de mal ». De surcroît, ce pays étant la terre de l’offense au Dharma, les divinités bienfaisantes, chargées de le protéger, affamées de la saveur du Dharma, ont quitté les temples pour remonter vers les cieux. Leur place a été prise par des esprits maléfiques qui guident à présent les hommes. Le Bouddha, interrompant son enseignement, est retourné sur la terre de la lumière sereine. Les sanctuaires, les pagodes, les temples bouddhistes et shinto sont devenus le repère des démons. Leurs toits en tuiles demeurent alignés pendant que le pays se meurt et que le peuple pleure. Ce ne sont pas mes propres paroles. Elles se trouvent dans les sutra. Il faut les étudier. Les Eveillés comme les divinités n’acceptent aucunement l’offrande des offenseurs du Dharma. A plus forte raison, comment, en tant qu’homme, pourrait-on la recevoir ? La divinité du temple Shinto de Kasuka fit savoir à travers un oracle que, même si pour repas elle avait à manger les flammes d’un plomb en feu, elle refuserait encore les offrandes de personnes au cœur souillé. Même si elle n’avait pour s’asseoir qu’un siège de plomb en fusion, elle n’irait pas chez les hommes au cœur impur. Elle préfèrerait se rendre dans un couloir en herbe ou sous un auvent en chaume. Même si des guirlandes étaient préparées en son honneur pendant mille jours, elle n’irait pas dans un lieu habité par des non-croyants. Par contre, elle irait là où les gens ont la foi, même si leur misère fait peur à tous. Ainsi, les divinités bienfaisantes, pleurant les offenses au Dharma du pays, sont montées aux cieux. Les “personnes au cœur souillé“ sont les hommes qui ne gardent pas le Sutra de la fleur du Dharma. Le cinquième rouleau de ce sutra indique ceci. L’offrande des offenseurs du Dharma est justement le “plomb en fusion“. Les divinités réagissent ainsi. A plus forte raison, nous, hommes ordinaires, pourrions nous ingurgiter du plomb en fusion ? Accepterions-nous, en tant qu’enfants, le don d’une personne ayant assassiné nos parents ? Personne, aussi sage ou saint soit-il ne pourrait alors échapper à l’enfer aux souffrances sans intermittence. Il ne faut pas non plus s’en approcher, car alors, chose terrible, vous subiriez le même châtiment. C’est ce qu’il faut craindre par-dessus tout. Le vénéré Shakya est le père, c’est le souverain, c’est le maître de tous les Bouddha et de toutes les divinités, de la grande assemblée des hommes et des cieux, de tous les êtres. Si le vénéré Shakya était assassiné, comment pourrait-il subvenir que les divinités bienfaitrices des multiples cieux s’en réjouissent ? Aujourd’hui, tous les hommes de ce pays sont les ennemis du vénéré Shakya. Plus que les hommes et les femmes laïques, les maîtres des enseignements dotés d’un cœur empli de sagesse hérétique, sont particulièrement ses ennemis. Même au sein de la sagesse, il existe la sagesse correcte et la sagesse hérétique. Même si quelqu’un possède la sagesse, si ses doctrines sont hérétiques, il ne faut pas le suivre. Il ne faut pas non plus suivre un moine parce qu’il est vénérable ou de haut rang. Or, s’il est humble mais connaît l’esprit de ce sutra, il faut respecter et faire l’offrande à un tel homme comme s’il était l’Ainsi-venant vivant. C’est écrit dans le sutra. Pour cette raison, le grand maître Dengyô disait que même dénués de sagesse et ne respectent pas les préceptes, les hommes et les femmes ayant foi en ce sutra doivent prendre place au-dessus des moines observant les deux cent cinquante préceptes du Petit véhicule. Ils ne doivent pas prendre une place inférieure. A plus forte raison, ne le doivent pas les moines de ce sutra du Grand véhicule. Les hommes et les femmes ayant foi en ce sutra devraient s’asseoir plus haut que le moine Ryôkan[ii] du temple Gokurakuji[iii], considéré comme l’Ainsi-venant vivant. Même ce moine Ryôkan, observant les deux cent cinquante préceptes, s’il me rencontrait, se fâcherait et aurait les yeux emplis d’éclairs de colère. Ceci n’est pas fortuit. En effet, la raison est que le démon a pénétré dans le corps de l’homme sage et a pris sa place. Par exemple, même un homme de nature agréable peut montrer parfois un cœur mauvais lorsqu’il est enivré par l’alcool. Il apparaît alors comme mauvais aux yeux d’autrui. L’Eveillé enseigna que celui qui faisait l’offrande à Kasyapa, Shariputra ou Maudgalyayana avant le Sutra du Lotus, tomberait dans les trois mauvaises voies, car leur cœur était alors inférieur au cœur des chiens ou des renards. Ces quatre grands auditeurs gardaient les deux cent cinquante préceptes comme un diamant. Ils montraient les trois mille maintiens dignes des moines aussi brillamment que la lune lorsqu’elle est pleine. Pourtant, l’Eveillé parla d’eux de cette manière critique tant qu’ils ne gardèrent pas le Sutra de la fleur du Dharma. Que dirait-il alors, des individus d’aujourd’hui, encore plus inférieurs à ceux-ci. Les moines des temples Kenchôji[iv] et Engakuji[v] brisent l’étiquette et les préceptes de manière aussi flagrante qu’une haute montagne qui s’effondrerait. Leur abandon de toute dignité les fait ressembler à des singes. Quelle futilité, quelle erreur de penser que leur prodiguer des offrandes sauvera sa vie future. Il est absolument hors de doute que les divinités protectrices ont abandonné ce pays. Jadis, les cieux, les divinités, les bodhisattva, les auditeurs promirent ensemble devant le vénéré Shakya que, si un pays devenait l’ennemi du Sutra de la fleur du Dharma, ils se transformeraient en gelée et en grêle au mois de juin pour provoquer la famine dans ce pays ; ou ils deviendraient insectes et dévoreraient les cinq céréales ; ou bien, ils provoqueraient la sécheresse ; ou encore, ils deviendraient inondations et noieraient les champs et les rizières ; ou même, ils deviendraient tempête et tueraient le peuple en l’emportant ; ils pourraient aussi devenir démons et le tourmenter. Le grand bodhisattva Hachiman était présent. Comment pourrait-il ne pas craindre de dédaigner sa promesse effectuée sur le mont sacré ? En effet, ne pas tenir cette promesse le ferait tomber incontestablement dans l’enfer sans intermittence. C’est terrible, c’est effroyable. Jusqu’à présent, tant que l’envoyé du Bouddha n’était pas apparu et n’avait pas propagé correctement ce sutra, le souverain n’était pas devenu énergiquement son ennemi, respectant de manière égale tous les sutra. Or, à présent, je propage ce sutra en tant que serviteur du Bouddha. Pour cette raison, du plus haut au plus bas de la hiérarchie, tous les hommes de ce pays sont devenus des offenseurs du Dharma. Jusqu’à présent, Hachiman avait fait en sorte qu’ils ne deviennent pas l’ennemi du Sutra de la fleur du Dharma. Il agissait comme un père soucieux de ne pas abandonner le fils qui l’a déçu. Toutefois, par crainte de la promesse prononcée sur le mont sacré, il brûla le temple qui lui était dédié et repartit pour les cieux. Malgré tout, s’il existe un pratiquant du Sutra du Lotus ne ménageant ni son corps ni sa vie, alors, il veillera sur lui. Si Tenshô Daijin[vi] et le grand bodhisattva Hachiman sont repartis pour les cieux, comment les autres divinités pourraient-elles demeurer dans leurs temples ? Même si elles ne possédaient pas le désir de partir, comment pourraient-elles rester un jour de plus, si je leur reproche respectueusement leur promesse faite sur le mont sacré ? Par exemple, un voleur, tant qu’il n’est pas reconnu comme tel, peut habiter partout. Toutefois, dès qu’une personne l’identifiant comme voleur le dénonce, il se voit alors contraint de quitter sa demeure. De la même manière, empêchées de rester dans leurs temples parce que je connais leur promesse, les divinités sont obligées de les quitter et, contrairement à ce que croient les gens, ces lieux sont désormais habités par les esprits malfaisants. Quelle pitié, quelle tristesse ! De nombreuses personnes propagèrent les saints enseignements prodigués par l’Eveillé tout au long de sa vie. Cependant, aucune, ni même Tendai, ni même Dengyô ne parlèrent d’une telle importante doctrine. Il existe une raison à cela. En effet, c’est une doctrine devant être propagée à partir de l’apparition du bodhisattva Pratique supérieure, dans les cinq cents premières années de la Fin du Dharma. Prenez garde ! Quoiqu’il advienne, ayez foi en ce sutra. Alors, au moment de la fin de votre vie, vous bénéficierez de l’accueil de mille Bouddha, vous accompagnant en hâte sur la terre pure du mont sacré où vous expérimenterez la félicité du Dharma. Si votre foi est faible et que pour cette raison, vous ne devenez pas Bouddha dans cette vie, ne me le reprochez pas. Vous seriez alors comme ce malade à qui un médecin donnerait un bon remède mais qui préfèrerait ingérer un poison. Sa maladie ne guérissant pas, il affirmerait que ce n’est pas sa faute mais celle du médecin. Par la foi en ce sutra tel que l’enseignent ses phrases, sans y intégrer vos propres pensées, sans utiliser les paroles des hommes et si vous adhérez au Lotus en son intégralité, alors vous deviendrez Bouddha. Devenir Bouddha n’est pas quelque chose de particulier. Si vous récitez seulement Nam Myôhôrengekyô, vous vous doterez naturellement des trente-deux signes et des quatre-vingt marques distinctives. Vous deviendrez Bouddha facilement, comme Shakyamuni le disait : « Comme moi sans différence[vii] ». Par exemple, au début, l’œuf d’un oiseau est liquide. Sans que personne n’intervienne, voilà qu’apparaît un bec, voilà des yeux et, enfin, il peut s’envoler dans le ciel. Nous-mêmes sommes des œufs, plongés dans l’obscurité et dotés de corps vils. Cependant, couvés par notre mère, la récitation de Nam Myôhôrengekyô, le bec des trente-deux signes apparaît et les plumes des quatre-vingt marques distinctives poussent, nous permettant alors de voler dans le ciel de l’ainsité du véritable aspect. A ce sujet, le Sutra[viii] énonce : “L’ensemble des êtres demeure dans l’œuf de l’obscurité et est dénué du bec de la sagesse. L’Eveillé, comme la mère revenant au nid de la cohabitation et des naissances délimitées[ix], brise en le frappant l’œuf de l’obscurité, permettant ainsi à tous les êtres de quitter le nid et de s’envoler dans le ciel de l’ainsité de la nature du Dharma”. Ceux qui “possèdent la connaissance sans foi”, c’est-à-dire qui connaissent la doctrine sans avoir la foi, ne peuvent devenir Bouddha. Ceux qui “possèdent la foi sans compréhension”, c’est-à-dire qui, même sans comprendre, ont la foi, eux, deviennent Bouddha. Tel est l’esprit du Sutra. Ce ne sont pas mes propres paroles. En effet, dans le deuxième rouleau[x] il est dit : “C’est par la foi que tu as obtenu d’y pénétrer, ce n’est pas grâce à ta propre sagesse”. Même Shariputra, le meilleur en sagesse, devint Bouddha uniquement en recevant, gardant et croyant fortement en ce sutra. Il est enseigné que ce n’est pas grâce à sa propre sagesse que l’on devient Bouddha. Si Shariputra ne devint pas Bouddha par sa sagesse, comment nous, les êtres, ne possédant qu’une infime partie de la doctrine, pourrions nous devenir Bouddha sans avoir la foi ? Il est enseigné que les êtres de l’ère finale, connaissant une infime partie de doctrine, méprisant les moines et négligeant le Dharma tomberont dans les mauvaises voies. Les signes montrant la compréhension du Dharma sont le respect envers les moines, la vénération du Dharma et l’offrande au Bouddha. A présent, il n’y a pas de Bouddha. Aussi, faut-il respecter la personne dotée de la sagesse éveillée comme vous le feriez du Bouddha. Pourquoi n’en retireriez-vous pas des vertus ? Celui qui prie pour sa vie future rejète renommée et honneurs. Aussi humble soit-il, respectez le moine prêchant le Sutra du Lotus comme l’Ainsi-venant vivant. Ainsi est-il écrit dans le sutra. Les écoles du Zen actuelles s’opposent pleinement aux cinq pratiques : bienveillance, justice, politesse, sagesse et foi. Honorer les hautes vertus de la sagesse, respecter les aînés et protéger les cadets sont enseignés aussi bien dans les livres bouddhiques qu’extérieurs au bouddhisme. Or, lorsqu’on voit les moines et les laïques de cette religion, jusqu’à hier et aujourd’hui, paysans incultes ne sachant distinguer le noir du blanc, se vêtir de robes brunes et devenir si orgueilleux qu’ils méprisent les hommes vertueux et sages du Tendai et du Shingon, ils n’observent pas la politesse, se croyant au-dessus des autres. Ce sont des offenseurs inhumains au point d’être inférieurs aux animaux. A ce sujet, les commentaires du grand maître Dengyô indiquent : “La loutre montre du respect envers les poissons ; le corbeau des bois apporte à manger à son père et à son grand père ; le pigeon observe la politesse de se percher trois branches en dessous de ses parents ; les oies sauvages volent sans perturber la formation et l’agneau s’agenouille pour boire le lait de sa mère”. Il se demande comment il se fait que même les humbles animaux comprennent la politesse alors que ces hommes l’ignorent. C’est la preuve qu’ils ne comprennent pas la doctrine. Etres humains, ils ignorent tout de l’humanité. N’est-ce pas là l’action du démon ? Comprenez bien ces doctrines et pratiquez sans relâche les vingt-huit chapitres répartis en huit rouleaux du Sutra de la fleur du Dharma. Si vous désirez me voir, priez chaque jour le soleil. Mon image se reflètera une fois par jour dans le soleil. Faites lire cette lettre à ce moine (qui vous a apporté ma lettre) et écoutez-le. Considérez le comme le moine doté de la sagesse de l’éveil et questionnez-le sur la doctrine. Si vous ne l’écoutez pas, comment les sombres nuages de l’illusion pourraient-ils se dissiper ? Si vous n’avez pas de jambes, comment pourriez-vous parcourir mille lieues ? Je le répète, vous devez sans cesse faire lire et écouter cet écrit. Je n’en dirai pas d’avantage avant de vous rencontrer. Avec tout mon respect Le jour du deuxième mois de la troisième année de Kôan Nichiren A Messire Niike
Notes sur le texte Nichiren Daishônin écrivit cette lettre du mont Minobu à l’âge de 59 ans. Il y donne des directives précises, sur la manière correcte de croire et pratiquer. Messire Niike Saemon no Jô, le destinataire de la lettre, avait été converti en même temps que son épouse, Niike Ama, par Nikkô Shônin. [i] Méga trichiliocosme : abréviation de “trichilio mégachiliocosme (j. sanzen daisen sekai, s. trisahasra mahasahasro lokhadatu)” ; vision cosmique du bouddhisme expliquée dans le Kosa, et dans les Instructions diverses des Sutra Agama. Un microcosme, est constitué de quatre continents entourant le soleil et la lune ou encore un mont Sumeru et comportant neuf montagnes et huit océans, ainsi que le monde des désirs et le premier ciel de la contemplation au sein du monde de la forme. Mille microcosmes constituent un micro chiliocosme. Mille micro chiliocosmes constituent à leur tour un moyen chiliocosme qui, multiplié par mille donne un trichilio méga trichiliocosme (trois mille grands trois mille mondes). [ii] Ryôkan (1217 - 1303) : autre nom de Ninshô ; moine de l’école Ritsu (Commandements), il naquit dans la préfecture de Nara. A l’âge de dix ans, il étudia au mont Shigi. Au décès de sa mère, alors qu’il avait quinze ans, il entra dans la vie monastique au temple Gakuanji. Plus tard, il retourna à Nara où il étudia sous la direction des moines Eizon et Gakujô. En 1261, il se rendit à Kamakura où Hôjô Tokiyori avait fondé le Kôsenji. Il fut désigné pour être le premier supérieur de ce temple. Plus tard, il fut recommandé pour être le premier supérieur du temple Gokurakuji que Hôjô Nagatoki avait restauré. En 1281, sur ordre de Hôjô Tokimune, il tint un rituel appelé Niô-e à Inamurazaki pour repousser l’armée mongole en passe d’envahir le Japon. Il tint un autre service dans le même but, en 1293, au temple Hachiman gu de Kamakura. En 1294, il administra le Shitennôji et créa deux centres, le Hiden-in et le Kyôden-in pour les soins aux personnes malades et handicapées. Il était très connu pour être un prêtre luttant pour le bien public. Il fit construire des ponts et des routes. Par contre, en 1271, il perdit la face devant Nichiren Daishônin au cours d’une confrontation autour de prières pour la pluie. Il en conçut, dès lors, une haine vis-à-vis de lui, qui le poussa à le calomnier et ourdir des complots visant à tuer Nichiren Daishônin. Il est l’un des instigateurs de l’exécution manquée de Tatsunokuchi. [iii] Temple Gokurakuji · Nom officiel : Ryôjusen Kan'nô-in Gokurakuji · Courant religieux : Shingon Ritsu · Fondé en 1259 par Hôjô Shigetoki · Moine fondateur Ninshô Ryôkan (1217-1303) · Objet de culte principal : Statue de l’Ainsi-venant Shakyamuni Selon d’anciennes cartes, le temple Gokurakuji représentait, au temps de sa splendeur, un vaste complexe. Sept bâtiments principaux et quarante-neuf bâtiments de moindre importance s’étalaient sur une surface de 800 mètres sur 900 mètres. Avec le temple Saidaiji, il représentait le centre de l’école Shingon-Ritsu, gérant la partie est du Japon. En 1333, lorsque Nitta Yoshisada (1302-1338) attaqua Kamakura et entraîna la fin du régime des Hôjô, la plupart des infrastructures du temple furent détruites. Le complexe fut cependant reconstruit dans une certaine mesure, mais il ne bénéficiait plus désormais du mécénat puissant des Hôjô. Des incendies en 1425 et 1572, des tremblements de terre en 1433 le ravagèrent. A la fin du seizième siècle, il ne restait plus que quatre bâtiments. La plupart des infrastructures visibles aujourd’hui furent reconstruites après le grand tremblement de terre qui détruisit la région de Tokyo en 1923. Les installations actuelles couvrent une surface de 5000 mètres carrés. [iv] Temple Kenchôji : · Nom officiel : Kôfukuzan Kenchô Kôkoku Zenji · Courant religieux : Courant Kenchôji de l’école Rinzai (Zen) · Fondé en : 1253 par Hôjô Tokiyori · Moine fondateur : Dôryu Rankei (c. Lan-hsi Tao-lung) · Objet de culte principal : Statue du bodhisattva Jizô Premier temple Zen érigé à Kamakura et pionnier de ce bouddhisme au Japon. Il est le temple principal des cinq grands temples Zen de Kamakura et se situe à la tête de 500 temples locaux, appartenant au courant Rinzai. En son âge d’or, le Kenchôji était constitué de sept bâtiments principaux et de quarante-neuf bâtiments annexes. Des registres indiquent que lors du service organisé à l’occasion du douzième anniversaire de la mort de Hôjô Sadatoki (1271-1311), neuvième Régent du clan Hôjô, au temple Engakuji, 388 moines du Kenchôji se joignirent à la cérémonie. Les bâtiments d’origine furent détruits plusieurs fois au cours de l’histoire, tremblement de terre en 1293, incendies en 1315, 1414, 1426, guerres civiles etc. Hôjô Tokiyori (1227-1263), cinquième Régent des Hôjô et fondateur du temple était un fervent pratiquant du Zen. L’absence de maîtres Zen au Japon le poussa à en chercher un en Chine. De son côté, entendant que le Zen commençait à être populaire au Japon, Lan-hsi Tao-lung (j. Dôryû Rankei 1213-1278), maître Zen chinois sous la dynastie des Sung, né dans la province de Zhejiang, quitta la Chine en 1246 à l’âge de trente-trois ans pour enseigner le Zen au Japon. Il séjourna dans un premier temps dans l’île de Kyûshû, puis se rendit à Kyoto, avant d’aller à Kamakura. A Kamakura, il commença à servir au temple Jûfukuji. Il fut ensuite invité au temple Kenchôji par Hôjô Tokiyori pour y être le premier supérieur. [v] Temple Engakuji · Nom officiel : Zuirokuzan Dai-Engaku Kôsho Zenji · Courant religieux : Courant Engakuji de l’école Rinzai (Zen) · Fondé : en 1282 par Hôjô Tokimune, 8e Régent du clan Hôjô. · Moine fondateur : Mugaku Sôgen · Objet de culte principal : Statue de Shakyamuni couronné Alors que Hôjô Tokimune (1251-1284), 8e Régent du clan Hôjô dirigeait de facto le Japon, les armées Mongoles, commandées par Kubilai Khan (1215-1294), petit fils de Genghis Khan (1167-1227), attaquèrent la partie nord de l’île de Kyûshû en 1274 et en 1281. Cette dernière tentative d’invasion échoua en raison d’un typhon, appelé par la suite le vent divin (j. kamikaze). Une bataille s’en suivit entraînant la mort de dizaines de milliers de soldats. Tokimune fit même décapiter l’ambassadeur Mongol. Puis, en 1282, il fit construire le temple Engakuji pour le salut des âmes des soldats morts, y compris celles des ennemis et invita le moine Mugaku Sôgen (1226-1286 – c. Wu-hsueh Tsu-yuan), un moine chinois, au titre de moine fondateur. Mugaku vivait auparavant dans le sud de la Chine, où la liberté de culte avait été supprimée sous le régime de Kubilai. Le temple fut prospère tout au long de la période de Kamakura (1192-1333) ; en particulier du fait de la protection de Tokimune et du succès du Zen parmi la classe des Samurais. [vi] Tenshôdaijin : les caractères chinois formant le nom Tenshôdaijin se lisent Amaterasu ômikami, nom sous lequel cette divinité est appelée dans la religion Shinto. Elle est la déesse du soleil dont la famille impériale est dite descendre. Selon la tradition Shinto, premier enfant des dieux Izanagi et Izanami, elle reçut le ciel pour domaine, alors que son frère, Susanoô, dieu du tonnerre et des tempêtes régna sur la mer. Ils eurent des enfants ensemble, mais Susanoô devenant brutal et destructif Amaterasu se retira alors dans une caverne, plongeant le monde dans l’obscurité. Elle fut écartée par la ruse par les autres dieux, plaçant une corde devant l’entrée de sa caverne afin d’empêcher son retour. Le temple d’Ise est le lieu principal dédié au culte d’Amaterasu Omikami. Le bouddhisme la considère comme une divinité protectrice et, à ce titre, Tenshô Daijin est inscrite sur le Gohonzon de Nichiren Daishônin. [vii] "Comme moi sans différence" (j. nyoga tô mui) : expression extraite du deuxième chapitre du Sutra du Lotus. Elle exprime la volonté de l’Eveillé qui est de permettre à tous les êtres de devenir Bouddha comme lui. C’est dans ce but qu’un Bouddha apparaît. [viii] Sutra du Nirvana. [ix] "Nid de la cohabitation et des naissances délimitées" (j. bundan dôko no furusu) : il s’agit du monde de saha (monde de l’endurance), lieu dans lequel vivent les êtres plongés dans l’illusion. Les naissances délimitées désignent le cycle des vies et des morts. La cohabitation est l’une des quatre terres, celle où vivent ensemble les hommes ordinaires et les saints. [x] Phrase du chapitre « Parabole » du Sutra du Lotus.
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