LE BOUDDHISME DE L'ECOLE FUJI |
Dernière mise à jour le 04/01/2010 10:04
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Sermon de mise en mouvement de la roue du Dharma Nichinyo Shônin 68e Souverain du Dharma Traité sur la Sérénité du pays par l’établissement de la rectitude
Dans le Traité sur la Sérénité du pays par l’établissement de la rectitude, notre fondateur, Nichiren Daishônin écrit : Lorsqu’on ouvre la grande quantité des sutras, on voit que tous accordent de l’importance à la gravité de l’offense au Dharma. Qu’il est triste que tous franchissent la porte du bon Dharma pour le quitter et pénétrer dans les profondeurs des geôles des dharma hétérodoxes. Qu’il est stupide que les uns et les autres se prennent dans les rets des enseignements délétères et errent éternellement dans les filets des doctrines erronées. Ils se perdent dans le brouillard des illusions en ce monde et s’abîment dans les profondeurs des flammes intenses après la mort. Comme cela est lamentable, comme cela est affligeant. Au plus vite, rectifiez l’attachement à votre petite croyance et prenez immédiatement refuge dans le bien unique du véhicule véridique. Ainsi, les trois mondes se révéleront être, tous, le monde du Bouddha. Comment le monde du Bouddha pourrait-il péricliter ? Les dix directions se révéleront être toutes la terre précieuse. Comment la terre précieuse pourrait-elle être détruite ? Si le pays ne décline pas et que le territoire ne subit pas de ruine, votre corps sera en sécurité et votre esprit serein. Vous devez croire, vous devez respecter ces mots, ces paroles». Le visiteur dit : «S’agissant de cette vie et de la vie suivante, qui ne serait prudent ? Qui ne serait effrayé ? Ayant ouvert ces phrases des sutras et reçu consciencieusement la parole du Bouddha, je réalise combien lourde est l’erreur d’offense, combien profond est le crime de destruction du Dharma. J’ai cru en un Bouddha unique en rejetant tous les autres Bouddha ; j’ai vénéré les trois sutra en excluant tous les autres. Cette attitude n’était pas due à la corruption de ma pensée ; j’ai suivi les paroles des éminents maîtres précédents. Il en est de même des hommes dans les dix directions. Ceci représente de vains efforts dans cette vie et la chute dans l’enfer Avici dans la vie future. Les phrases sont claires et le principe formel ; ils ne laissent aucune place au doute. Il est temps de respecter vos bienveillantes instructions et d’ouvrir ma sottise de visiteur désemparé. Nous devons sans tarder faire prendre effet à l’antidote et établir la paix. Apaisons d’abord notre vie présente et, en outre, assurons la vie après notre trépas. Je ne croirai pas seulement moi-même, mais je corrigerai les erreurs d’autrui». Aujourd’hui, à l’occasion de la cérémonie d’intronisation, je tiens à vous exprimer mes sincères remerciements, représentants des moines et des laïques, venus en ce temple principal, en dépit de vos multiples occupations. Ce soir, je vais commenter le passage du Traité sur la Sérénité du pays par l’établissement de la rectitude, lu à l’instant. L’importance du moment vers lequel se dirige la Nichiren Shôshû est la raison pour laquelle j’ai lu ce passage. En effet, comme vous le savez, dans trois ans, en 2009, aura lieu la commémoration du sept cent cinquantième anniversaire de la « présentation de la bonne doctrine du Traité sur la Sérénité du pays par l’établissement de la rectitude ». Dans la perspective de cette grande occasion, nous avons la mission de « décupler le nombre des "jaillis de terre" » et de réaliser « le grand rassemblement ». Afin de réaliser cette mission, nous devons accomplir la véritable unité entre les moines et les laïques, en progressant tous dans l’esprit des corps différents animés d’un cœur unique et dans la cohésion. Nous l’avons déjà répété à maintes reprises, le « décuplement du nombre des "jaillis de terre" » et « le grand rassemblement », sont des propositions faites par Nikken Shônin. Nous devons absolument accomplir cette mission, dans la perspective de réaliser la vaste propagation. Lorsqu’on porte notre regard sur l’état de confusion dans lequel est plongé le monde, avec les fréquents grands séismes et les conditions climatiques anormales recouvrant la terre entière, les guerres civiles, les émeutes, les actes de terrorisme, et puis les événements tragiques survenant au Japon comme ailleurs, le « décuplement des "jaillis de terre" » s’avère être un thème particulièrement important. Il faut en effet savoir que toutes les causes de la confusion résident dans les idéologies et pensées erronées, autrement dit, dans le poison de l’offense au Dharma. Dans ces conditions, fondés sur le principe du Traité sur la Sérénité du pays par l’établissement de la rectitude, tous les moines et les laïques de la Nichiren Shôshû doivent devenir la force motrice amenant la concrétisation du bonheur de chacun et la matérialisation de la terre du Bouddha, lieu de paix. En un tel moment, profitant de l’occasion qui m’est donnée, j’ai lu le Traité sur la Sérénité du pays par l’établissement de la rectitude et, fort de son esprit, je promets d’accomplir la mission conférée par Nikken Shônin afin, ne serait-ce qu’un dix millième, de rétribuer les vertus bienfaisantes des trois vénérables Trésors. Résumé du Traité sur la Sérénité du pays par l’établissement de la rectitude Le Traité sur la Sérénité du pays par l’établissement de la rectitude est un écrit de remontrance à l’Etat, adressé par l’intermédiaire du Nyûdô Yadoya Saemon, à Hôjô Tokiyori, personnage le plus influent de l’époque, le 16 juillet de la première année de Bun’nô (1260), par Nichiren Daishônin, âgé alors de trente-neuf ans. Dans le Traité sur la sélection du temps, Nichiren Daishônin écrit : « Par trois fois, mon nom s’est illustré ». Au cours de sa vie, effectivement, il présenta des remontrances à l’empereur et aux autorités. La première de ces remontrances fut justement le Traité sur la Sérénité du pays par l’établissement de la rectitude. En ce qui concerne les motivations incitant Nichiren Daishônin à écrire ce traité, le vingt-sixième Grand Patriarche, Nichikan Shônin écrivait : « Au début de la première année de Shôka, la terre trembla très fort. De longues comètes, le vent, la pluie, la famine durèrent des années, s’accumulèrent au cours des mois. Lorsque le Maître réfléchit aux sources de ces déluges de désordre, il conclut qu’elles relevaient uniquement des offenses au Dharma commises partout dans le pays. Le souverain et ses ministres ne s’y éveillaient pas. Constater l’offense au Dharma et ne pas la réprimander n’est pas digne d’un disciple du Bouddha. Voir l’injustice et ne pas faire de remontrance n’est pas digne d’un sujet loyal. Aussi, écrivit-il ce traité, qu’il soumit à titre de remontrance ». Nichiren Daishônin était attristé du sort du peuple japonais. En raison de leurs graves offenses au Dharma, tous, du plus noble aux plus humbles, étaient en effet en proie aux lourdes souffrances des catastrophes naturelles, des famines et des épidémies, puis, plus tard, de la guerre civile et de l’invasion par une nation étrangère dans cette vie et, dans les vies suivantes, voués aux flammes de l’enfer aux souffrances sans intermittences. Nichiren Daishônin, mu par sa grande rigueur et compassion, en apparence sous l’aspect d’un disciple du Bouddha atténuant la lumière (de sa sagesse) et se mêlant à la poussière[1], mais en réalité en tant que Bouddha originel de la Fin du Dharma, réprimanda Hôjô Tokiyori et tout le peuple, sans tenir compte de son corps ni de sa vie, par le biais de cet écrit de remontrance. Le Traité sur la Sérénité du pays par l’établissement de la rectitude est structuré sous la forme d’un dialogue entre un visiteur et son hôte. Il est constitué de dix questions et neuf réponses, la dixième question du visiteur se transformant telle quelle en la réponse de l’hôte. Dans les grandes lignes, ce traité commence par la constatation des fréquentes catastrophes naturelles, à commencer par le grand séisme du 23 août de la première année de Shôka (1257), suivi pendant les années suivantes par de sempiternelles famines et épidémies. La cause de ces tragédies réside dans le fait que tous les hommes de l’époque se détournaient du bon Dharma et avaient foi en un enseignement délétère. Cette attitude avait poussé les divinités bénéfiques des multiples cieux, sensées protéger le pays et le peuple, à le quitter, remplacées par de mauvais esprits et des démons. Nichiren Daishônin cite ensuite des passages notamment du Sutra de la Radiance d’or et du Sutra du Grand rassemblement, indiquant que le crime d’offense au Dharma commis par manque de foi dans le bon Dharma, provoque trois calamités et sept désastres. Citant l’attestation scripturaire des sutras et les raisons invoquées, il affirme que le mal invitant le malheur, la perturbation et la souffrance est uniquement le Nenbutsu de Hônen. Lorsque ce mal sera interrompu et des mesures prises contre l’offense au Dharma, que le vrai bien qu’est le bon Dharma sera instauré, alors, les trois calamités et sept désastres survenant partout dans le pays disparaîtront, de même les crises répétées auxquelles l’Etat est sans cesse confronté. A ce moment, le territoire du Bouddha, paisible et stable s’établira. A l’inverse, il prophétise que, sans prise de refuge dans le bon Dharma, la guerre civile et l’invasion d’une nation étrangère, les deux derniers des sept désastres à ne pas être encore apparus, éclateront irrémédiablement. Il conclut par la promesse du visiteur de prendre refuge au plus vite dans le bien unique du Grand véhicule véritable. En fait, le Traité sur la Sérénité du pays par l’établissement de la rectitude représente le clair miroir associant clairvoyance et connaissance quant à l’apaisement ou le désordre, l’essor ou le déclin d’une nation. C’est un écrit éclairant, sans la moindre ombre, les trois phases : passé, présent et futur, qui, véritablement « surpasse les Yuefu[2] de Bai Letian[3] et n’est en rien inférieur aux prophéties de l’Eveillé[4] ». De plus, la phrase du traité : "Plutôt que d’offrir dix mille prières, il serait préférable d’interdire ce seul mal" semble réfuter uniquement l’offense au Dharma du seul Hônen. Toutefois, dans sa signification fondamentale, elle s’adresse plus largement à toutes les autres religions. Ainsi, en apparence, ce traité réfute le Nenbutsu, du point de vue de la comparaison entre le provisoire et le véritable[5]. Toutefois, du point de vue de « l’établissement de la rectitude » (Risshô -立正), il touche un point encore plus profond, celui de la réfutation de la doctrine éphémère du Tendai, devenue obsolète, par l’établissement de la rectitude de la doctrine originelle, par le biais de la comparaison entre l’originel et l’éphémère[6]. Enfin, au sens profond, du point de vue du Dharma correct, objet de l’ensemencement à l’instant de kuon ganjo, autrement dit, du point de vue des trois grands Dharmas ésotériques, il effectue la réfutation du Sutra du Lotus du vénéré Shakya, Bouddha de l’effet originel du bienfait de la récolte, par l’intermédiaire de la comparaison entre l’ensemencement et la récolte[7]. Autrement dit, le "shô" (rectitude) de "Risshô" désigne le Honzon de l’ensemencement et les trois grands Dharmas ésotériques. Par ailleurs, en ce qui concerne les deux idéogrammes "risshô" (立正), Nichiren Daishônin écrit : « Les deux idéogrammes "risshô" renferment trois Dharmas ésotériques ». Autrement dit, "risshô" (établissement de la rectitude) désigne le Honzon, le Kaidan et le Daimoku de la doctrine originelle, les trois grands Dharmas ésotériques, propagés par Nichiren Daishônin et éclairant l’obscurité infinie de la Fin du Dharma. Il est donc essentiel d’établir le Honzon, le Kaidan et le Daimoku de la doctrine originelle afin de réaliser la gestion du pays par le bon Dharma et la tranquillité de la nation. Pour ce qui est des deux idéogrammes "ankoku" (安国), Nichikan Shônin écrivait : « Ces mots désignent le Japon et le présent. Leur sens est de communiquer au janbu et dans le futur ». Autrement dit, le mot "pays" désigne, dans un premier temps, le Japon. Dans un sens profond, il désigne le monde entier (janbudvipa). Ainsi s’achève mon explication succincte des grandes lignes du Traité sur la sérénité du pays par l’établissement de la rectitude. A présent, je vais commenter le passage lu au début. Résumé de la première moitié du neuvième dialogue (Fin du doute et naissance de la foi) La partie lue au début se situe au milieu du neuvième dialogue et va jusqu’à la fin du traité. Le Traité sur la Sérénité du pays par l’établissement de la rectitude est composé de dix stades. Il commence par le premier Dialogue « Origine des difficultés rencontrées par la nation ». Il se poursuit par le deuxième dialogue « Preuve de l’apparition des désastres et des calamités », puis le troisième : « Causes de l’offense au bon Dharma », le quatrième : « Révélation justifiée de la cause des malheurs ». Le cinquième dialogue est appelé : « Exposition des exemples japonais et chinois », le sixième : « Non présentation de ces réflexions en haut lieu », le septième : « Cesser les dons et interrompre la vie », le huitième : « Controverse sur la peine de mort », le neuvième : « Fin du doute et naissance de la foi » et, enfin, le dixième : « Compréhension et prise de refuge dans la rectitude ». Au début de la neuvième partie « le visiteur recula sur son siège et, ajustant son col, dit ». Depuis le début, « Origine des difficultés », l’hôte et le visiteur ont échangé des questions et des réponses. Or, arrivé à ce stade, le visiteur change d’attitude. Il se soumet aux paroles de l’hôte et le respecte. Il corrige sa posture et ordonne ses vêtements afin de l’interroger. Il entend alors que, par la réfutation de l’erreur et la manifestation de la rectitude de l’hôte, la sérénité peut être apportée au pays. Cette partie va jusqu’à la « Fin du doute et naissance de la foi » chez le visiteur. Le début du neuvième degré, jusqu’au passage lu aujourd’hui, s’articule autour des paroles du visiteur, disant en substance : "Les enseignements du Bouddha sont divers et variés. Leur signification est extrêmement ardue et suscite de nombreuses questions. Il est difficile d’y discerner le grain de l’ivraie. Toutefois, grâce aux orientations de l’hôte, j’ai appris, par le biais des citations des sutras, qu’à cause de l’offense au Dharma des Passages sélectionnés de Hônen, les saints ont quitté le pays et les divinités bienfaisantes l’ont abandonné. Pour ces raisons, trois calamités se sont produites avec force. Le souhait des hommes est la paix sous le ciel et la quiétude sur la terre. Aussi, l’interruption rapide des dons aux icchantika et les mesures prises contre les pirates voguant sur l’océan de l’éveil et errant dans les montagnes du Dharma permettront au monde de devenir le monde de Xinong[8] et au pays de devenir le pays de Tangyu[9] Nous pourrons alors prendre en considération le superficiel et le profond de l’eau du Dharma et vénérer le faîte et les poutres de la maison du Bouddha". Entendant ces paroles, l’hôte se réjouit. Sa réponse commence par : " L’hôte, avec joie, dit : « La colombe se transforme en faucon et le moineau en palourde. Que cela est réjouissant ! A voisiner l’ami de cette demeure parfumée, votre nature est devenue celle d’un champ de lin". Dans sa réponse l’hôte prévient le visiteur, disant en substance : "Je me réjouis de constater le changement de votre esprit et votre souhait de vénérer désormais le Dharma merveilleux. En même temps, je vous engage à prendre votre décision, car si vous aspirez, par la prière, au bonheur dans le présent et à un lieu serein dans le futur, il vous faut d’abord, en toute hâte, prendre des mesures contre l’offense au Dharma. Si vous ne prenez pas ces mesures, alors, les deux désastres de la guerre civile et de l’invasion par une nation étrangère, catastrophes non encore apparues, ne manqueront pas de se produire. Si vous souhaitez la délivrance pour vous-même et la paix du pays, vous devez alors interrompre les offenses au Dharma sévissant partout dans le pays. Si vous êtes incapable d’éliminer votre attachement aux enseignements hétérodoxes, tels ceux de Hônen, vous quitterez rapidement ce monde et, infailliblement, tomberez dans l’enfer aux souffrances sans intermittence dans la vie suivante". Pour ce faire, l’hôte explique au visiteur, par le biais de citation du Sutra du Grand rassemblement, l’aspect du souverain ayant épuisé son potentiel de bonne fortune. Il cite également le Sutra du Roi bienveillant pour lui enseigner la disharmonie parmi ses six collatéraux[10] au cours de cette vie et la chute dans les trois mauvaises voies après sa mort. Même s’il se manifeste sous la forme d’un être humain, il sera de basse extraction et vulgaire. Enfin, citant le Sutra du Lotus et le Sutra de l’Extinction, il précise le caractère effroyable de la rétribution de l’offense au Dharma, en particulier, l’horreur de tomber en enfer à cause du Nenbutsu, même si l’on entend le bon Dharma mais sans parvenir à interrompre notre attachement aux enseignements hétérodoxes, et en y ayant foi. Ainsi s’achève mon explication de la première partie du neuvième dialogue, jusqu’à la partie lue aujourd’hui. J’aborde à présent la seconde partie.
Pour commencer, nous lisons : " Lorsqu’on ouvre la grande quantité des sutras, on voit que tous accordent de l’importance à la gravité de l’offense au Dharma. Qu’il est triste que tous franchissent la porte du bon Dharma pour le quitter et pénétrer dans les profondeurs des geôles des dharma hétérodoxes". "La grande quantité des sutras" désigne le Sutra du Grand rassemblement, le Sutra du Roi bienveillant, le Sutra du Lotus, le Sutra de l’Extinction, et de nombreux autres sutras. Aussi nombreux soient-ils, tous ces sutras soulignent la gravité de l’offense au Dharma. Or, il est triste de constater que, malgré la prévalence du Sutra du Lotus sur tous les autres sutras, moyens salvifiques et enseignements provisoires, tous issus de la porte de la bonne doctrine, les hommes se laissent emprisonner dans les geôles des doctrines et enseignement erronés. Ensuite, nous lisons : " Qu’il est stupide que les uns et les autres se prennent dans les rets des enseignements délétères et errent éternellement dans les filets des doctrines erronées". La plupart des hommes, stupidement, souffre empêtrée dans les filets des mauvais enseignements, tel celui de Hônen, et se trouve pris au piège des enseignements erronés, offensant le bon Dharma. Le passage se poursuit par : "Ils se perdent dans le brouillard des illusions en ce monde et s’abîment dans les profondeurs des flammes intenses après la mort. Comme cela est lamentable, comme cela est affligeant". L’état des personnes errant dans les religions erronées est comparé à du brouillard, dans lequel on ne distingue pas correctement les choses. Les "profondeurs des flammes intenses" désignent l’enfer aux souffrances sans intermittence. Constatant l’errance des hommes dans le brouillard des mauvaises religions dans cette vie, impliquant inexorablement l’engloutissement dans l’enfer aux souffrances sans intermittence, comment pourrait-on rester insensible à cette situation ? Le texte se poursuit par : "Au plus vite, rectifiez l’attachement à votre petite croyance et prenez immédiatement refuge dans le bien unique du véhicule véridique. Ainsi, les trois mondes se révéleront être tous le monde du Bouddha. Comment le monde du Bouddha pourrait-il péricliter ? Les dix directions se révéleront être toutes la terre précieuse. Comment la terre précieuse pourrait-elle être détruite" ? A partir de là, commence la partie essentielle du Traité sur la Sérénité du pays par l’établissement de la rectitude. "Petite croyance" désigne un esprit religieux de peu d’envergure, étriqué, qu’il convient au plus vite de rectifier afin de prendre refuge dans le bien unique du vrai véhicule. Nichikan Shônin précisait : « Il faut le savoir : " rectifiez l’attachement à votre petite croyance" se rapporte à la réfutation des erreurs. "Prenez immédiatement refuge dans le bien unique du véhicule véridique" fait illusion à la révélation de la rectitude. "Ainsi, les trois mondes se révéleront être tous le monde du Bouddha" désigne la sérénité du pays ». Le "véhicule véridique" désigne le Grand véhicule véritable par rapport au Grand véhicule provisoire. Le "bien unique" désigne le bien suprême, autrement dit, le Sutra du Lotus. Toutefois, pour Nichiren Daishônin, il ne s’agit pas du Sutra du Lotus au niveau des phrases, mais de Myôhôrengekyô de la doctrine originelle, situé au profond des phrases du Sutra du Lotus : le Dai Gohonzon unique des trois grands Dharmas ésotériques. Ainsi, prendre refuge dans le Dai Gohonzon, représente la "prise immédiate de refuge dans le bien unique du véhicule véridique". En fait, l’apparition de Nichiren Daishônin dans la période de la Fin du Dharma afin d’y sauver tous les êtres fut prédite par le vénéré Shakya dans le chapitre « Pouvoirs transcendantaux » du Sutra du Lotus. Dans ledit chapitre, il est écrit : "Comme la claire lueur du soleil et de la lune est capable d’éliminer les ténèbres, cet homme, pratiquant dans le monde, dissipera l’obscurité des êtres". Dans la Lettre à Jakunichi bô, Nichiren Daishônin commente cette phrase, disant : « Dans le Sutra, il est dit "Comme la claire lueur du soleil et de la lune est capable d’éliminer les ténèbres, cet homme, pratiquant dans le monde, dissipera l’obscurité des êtres". Comprenez bien, comprenez parfaitement le sens de cette phrase. Les cinq mots :" cet homme, pratiquant dans le monde" signifient que le bodhisattva Pratique-supérieure apparaîtra au cours des cinq cents premières années de la Fin du Dharma et émettra la claire lueur des cinq idéogrammes de Nam Myôhôrengekyô, éclairant ainsi l’obscurité de l’ignorance et des mauvaises passions. De même, messager du bodhisattva Pratique-supérieure, Nichiren préconise aux êtres de tout le Japon de recevoir et de garder le Sutra du Lotus ». Ainsi, la phrase : "Comme la claire lueur du soleil et de la lune est capable d’éliminer les ténèbres, cet homme, pratiquant dans le monde, dissipera l’obscurité des êtres", extraite du chapitre « Pouvoirs transcendantaux », prédit l’apparition du bodhisattva Pratique supérieure (j. jôgyô bosatsu -上行菩薩) dans la période de la Fin du Dharma, autrement dit Nichiren Daishônin. En effet, dans le chapitre « Jaillis de terre », le vénéré Shakya invite les bodhisattvas jaillis de terre, convertis par le Bouddha originel[11], à se présenter. Après avoir prêché le chapitre « Durée de la vie », il prêcha le chapitre « Pouvoirs transcendantaux », dans lequel il restreignit la diffusion du Sutra du Lotus par les bodhisattvas Mañjuśri[12] et Bhaişajya rāja[13] pour en confier la transmission de l’essentiel, Myôhôrengekyô, dans la Fin du Dharma, aux bodhisattvas jaillis de terre. Il utilise pour ce faire, la transmission effectuée à travers les quatre stances : "Pour en dire l’essentiel, tous les enseignements possédés par l’Ainsi-venant, tous les pouvoirs transcendantaux librement utilisés par l’Ainsi-venant, toutes les corbeilles cachées de l’Ainsi-venant, toutes les affaires profondes de l’Ainsi-venant, tout est développé, montré, révélé et expliqué dans ce sutra”. Nichiren Daishônin apparut dans la Fin du Dharma en tant que manifestation du bodhisattva Pratique supérieure. Toutefois, ce dernier n’était que son aspect extérieur. Du point de vue profond et mystérieux de son attestation intérieure, Nichiren Daishônin était la manifestation de l’Ainsi-venant de kuon ganjo, au corps de rétribution, qui reçoit et emploie pour lui-même. Pour cette raison, Nichikan Shônin écrivait : "Si l’on se fonde sur le proche et le superficiel, Nichiren est la manifestation du bodhisattva Pratique supérieure. Si l’on se fonde sur le profond et le secret de son éveil intérieur, Nichiren est la manifestation de la nature originelle du corps qui reçoit et emploie librement. Aussi, sachez le, sa nature originelle est le corps qui, librement reçoit et emploie. Son aspect éphémère est le bodhisattva Pratique supérieure". Le bodhisattva Pratique supérieure, apparaissant dans le Sutra du Lotus, est donc un aspect provisoire. Du point de vue de la transmission du Dharma, le Bouddha originel de kuon ganjo, Nichiren Daishônin, apparut dans la passé sous les traits du bodhisattva Pratique supérieure afin d’aider le vénéré Shakya à écarter son propre aspect éphémère et révéler son éveil obtenu dans le passé lointain. A présent, dans la Fin du Dharma, le Sutra du Lotus au niveau des phrases, sutra prêché par le vénéré Shakya, ne constitue plus le bon remède pour l’intégralité des êtres. Seul le Dharma, enseigné par le Bouddha originel de kuon ganjo, apparu dans la Fin du Dharma, est apte à permettre aux êtres n’ayant pas reçu le bien à l’origine[14] d’obtenir la voie et de devenir Bouddha. Aussi, dans une Réponse au Nyûdô Takahashi, Nichiren Daishônin écrit-il : "Même si les sutras du Petit véhicule, du Grand véhicule et du Sutra du Lotus, conférés à Kāśyapa, Ananda, Mañjuśri, Maitreya, Bhaişajya rāja, Avalokiteśvara et les autres bodhisattvas, possèdent des mots, ils ne constituent pas le remèdes aux maux des êtres. En effet, leur maladie est lourde et le remède léger. A ce moment, le bodhisattva Pratique supérieure doit apparaître et donner les cinq caractères de Myôhôrengekyô à tous les êtres du Janbudvipa". Autrement dit, le Dharma merveilleux, transmis par le vénéré Shakya, détenu à présent par Nichiren Daishônin, n’est pas les cinq caractères du Dharma merveilleux en tant que titre du Sutra du Lotus, mais les cinq caractères du Dharma merveilleux en tant que Dharma originel de kuon ganjo. Il s’agit de l’unique grand Dharma ésotérique : le Honzon de la doctrine originelle. Ces cinq caractères du Dharma merveilleux sont le Dharma fondamental ayant permis au vénéré Shakya, ainsi qu’à tous les Bouddhas des trois phases, d’obtenir la voie et de devenir Bouddha. C’est également le Dharma fondamental permettant le salut de tous les êtres dans les trois phases. Dès lors, le sens fondamental de "prenez immédiatement refuge dans le bien unique du véhicule véridique" est de prendre refuge dans le Honzon de la doctrine originelle, unique grand Dharma ésotérique. Finalement, si l’on traduit cette phrase, elle signifie : "Si, au plus vite, vous reconsidérez votre religion étriquée et prenez refuge dans le bien unique du véhicule véritable, le Honzon de la doctrine originelle, unique Grand Dharma ésotérique, alors, les trois mondes deviendront le monde du Bouddha. S’ils deviennent le monde du Bouddha, comment pourraient-ils péricliter ? Les terres dans les dix directions seront les terres des trésors. Si elles sont les terres des trésors, comment pourraient-elles être détruites" ? Dans le Traité sur le sens de la substance, Nichiren Daishônin écrit : " Celui qui, honnêtement rejette les moyens, uniquement à foi dans le Sutra de la Fleur du Dharma et récite Nam Myôhôrengekyô, verra les trois voies des mauvaises passions, du karma et de la souffrance se transformer en trois vertus de corps de dharma, sagesse et libération. Les trois visions et les trois vérités apparaîtront en son cœur. Le lieu où cette personne demeurera sera la terre de la lumière toujours sereine. Le Bouddha de la fleur du lotus substantifique de la durée de la vie de la doctrine originelle, au triple corps sans artifice, à la fois habitant et habité, corps et territoire, le principal et le support, doté à la fois de la substance et de l’application, se trouve parm, les disciples et bienfaiteurs de Nichiren". Commentant la phrase "le lieu où cette personne demeurera sera la terre de la lumière toujours sereine", Nichikan Shônin écrit dans son Exégèse du traité sur le sens de la substance : « Ce passage éclaircit la non dualité du support et du principal. "Cette personne" désigne la personne merveilleuse (j. myônin - 妙人) ayant réalisé l’identité des trois voies et des trois vertus. "Le lieu où (cette personne) demeurera" représente la rétribution du support En cela, les mots "le lieu où (cette personne) demeurera" se rapportent à la cause au sein de la rétribution du support, alors que les mots " terre de la lumière toujours sereine" se rapportent à l’effet au sein de la rétribution du support. Sachez le, en raison de la non dualité du support et du principal, la cause et l’effet du support sont simultanés, parce que la cause et l’effet du principal sont simultanés. Sachez le, la cause et l’effet du support et du principal sont toutes deux la loi de la fleur du lotus ». Nichikan Shônin enseigne ici que, en fonction du principe de la non dualité du support et du principal[15], si quelqu’un prend refuge dans le Honzon de la doctrine originelle, premier grand Dharma ésotérique et bien unique du véhicule véridique, grâce à ses œuvres et vertus ineffables, le lieu où cette personne réside devient la terre du Bouddha. Ensuite, nous lisons : "Si le pays ne décline pas et que le territoire ne subit pas de ruine, votre corps sera en sécurité et votre esprit serein. Vous devez croire, vous devez respecter ces mots, ces paroles". Si le pays est stable et la terre ferme, alors votre corps et votre esprit ne seront plus agités, mais calmes.
Résumé de la dixième partie (Compréhension et prise de refuge dans la rectitude) Ensuite, nous lisons : "Le visiteur dit : «S’agissant de cette vie et de la vie suivante, qui ne serait prudent ? Qui ne serait effrayé ? Ayant ouvert ces phrases des sutras et reçu consciencieusement la parole du Bouddha, je réalise combien lourde est l’erreur d’offense, combien profond est le crime de destruction du Dharma". A partir de là, le visiteur prononce des paroles d’approbation, réitérant les propos de l’hôte. Il dit, en se repentant : "A partir du moment où vous avez éclairci les causes du malheur dans cette vie et les suivantes, qui ne saurait être prudent, qui ne se conformerait pas à vos enseignements ? Ouvrant les sutras et lisant les passages que vous citez, en ayant foi dans les paroles d’or de l’Eveillé, alors j’ai compris combien était lourde la faute d’offense au Dharma et profond le crime de le détruire". Il dit ensuite : "J’ai cru en un Bouddha unique en rejetant tous les autres Bouddha ; j’ai vénéré les trois sutra en excluant tous les autres. Cette attitude n’était pas due à la corruption de ma pensée ; j’ai suivi les paroles des éminents maîtres précédents. Il en est de même des hommes dans les dix directions. Ceci représente de vains efforts dans cette vie et la chute dans l’enfer Avici dans la vie future. Les phrases sont claires et le principe formel ; ils ne laissent aucune place au doute". J’ai eu foi au Bouddha Amida[16] et, pour cela ai rejeté tous les autres Eveillés. J’ai vénéré les trois sutras de la terre pure[17], excluant tout autre canon doctrinal. Pourtant, je n’ai pas agi de ma propre initiative. Je me suis uniquement conformé aux paroles des fondateurs du Nenbutsu[18]. Il en est sans doute de même pour tous les hommes de ce pays. Pour cette raison, la vie présente est perturbée par d’incessantes souffrances et la chute dans l’enfer aux souffrances sans intermittence est inéluctable dans la vie future, à cause du poison inoculé par le Nenbutsu. Les sutras sont clairs, les principes sont évidents, sans l’ombre d’un doute. Enfin, c’est la promesse du visiteur : "Il est temps de respecter vos bienveillantes instructions et d’ouvrir ma sottise de visiteur désemparé. Nous devons sans tarder faire prendre effet à l’antidote et établir la paix. Apaisons d’abord notre vie présente et, en outre, assurons la vie après notre trépas. Je ne croirai pas seulement moi-même, mais je corrigerai les erreurs d’autrui". Enfin, tenant compte de votre enseignement empreint de rigueur et de compassion, j’ai pu m’éveiller de mes stupides illusions. De plus, je prendrai rapidement des mesures contre les offenses au Dharma et, de manière à réaliser la paix sur terre et, ainsi, établir le bonheur dans cette vie et les suivantes. Je m’efforcerai également dans la foi dans les deux phases du présent et du futur. A cette fin, je ne croirai pas seulement moi-même, je ferai aussi shakubuku afin de corriger les erreurs des autres, minés par le poison de l’offense au Dharma. Dans cette dixième partie, la question du visiteur devient telle quelle la réponse de l’hôte. Ce passage représente la conclusion du Traité sur la Sérénité du pays par l’établissement de la rectitude. La dernière phrase est l’expression de la transition du principe à la mise en application de la sérénité du pays par l’établissement de la rectitude. Il dénote en effet l’importance de la pratique compatissante de shakubuku dans la perspective de sauver le plus possible d’êtres humains en proie au poison de l’offense au Dharma et d’établir la terre du Bouddha. C’est le plus important enseignement de ce traité. Aujourd’hui, constatant l’état tragique du monde courant à sa ruine, chacun est triste et inquiet. De nombreuses personnes, dans leurs différentes spécialités, souhaitent la paix, souhaitent vivre tranquillement et cherchent à tâtons la voie du salut. Toutefois, l’état des choses est qu’elles ne trouvent aucun véritable plan de substitution. Dans cette situation, afin de réaliser le bonheur de chacun et la véritable paix mondiale, le plus important désormais est de montrer, à travers notre pratique de shakubuku, que seul l’établissement de la véritable rectitude, représenté par l’enseignement des trois grands Dharmas ésotériques érigés par le Bouddha originel Nichiren Daishônin, est le véritable plan de substitution apte à pacifier le pays. Dans cette perspective, sans regarder vers un lointain brumeux, unissons toutes nos forces pour réaliser la mission conférée par Nikken Shônin, de "doubler le nombre des bodhisattvas jaillis de terre" et le "grand rassemblement", à l’occasion du sept cent cinquantième anniversaire de la présentation de la bonne doctrine du Traité sur la Sérénité du pays par l’établissement de la rectitude. C’est l’action la plus importante. Dans ce traité, Nichiren Daishônin écrit : " Si vous souhaitez que la tranquillité et le calme s’installent rapidement sur cette terre, il faut alors interdire l’offense au Dharma dans tout le pays". La Soka Gakkai de Daisaku Ikeda et autres religions hétérodoxes pullulent en ce monde. De nombreuses personnes se sont égarées dans ces doctrines perverses et sont imprégnées de ces religions erronées. Nikken Shônin a particulièrement blâmé la Soka Gakkai de "mal unique moderne". Il est important de faire savoir à ses membres que la source du malheur réside dans l’offense au Dharma. Il convient donc de critiquer et réfuter l’offense au Dharma, afin de les sauver. Tel doit être notre foi correspondant à la pratique personnelle et à la conversion d’autrui. Je prie du fond du cœur pour que, au cours de ces trois prochaines années jusqu’à l’accomplissement de notre mission pour le sept cent cinquantième anniversaire de la présentation de la bonne doctrine du Traité sur la Sérénité du pays par l’établissement de la rectitude, nous puissions la réaliser magnifiquement par le "dédoublement des bodhisattvas jaillis de terre" et le "grand rassemblement" par l’harmonie des corps différents animés d’un cœur unique entre les moines et les laïcs de notre école. Je termine ce sermon en espérant que vous avez perçu mes sentiments et en priant pour votre progression vers la réalisation de notre mission en 2009 le "dédoublement des bodhisattvas jaillis de terre" et le "grand rassemblement" pour le sept cent cinquantième anniversaire de la présentation de la bonne doctrine du Traité sur la Sérénité du pays par l’établissement de la rectitude, dans la cohésion de l’harmonie des corps différents animés d’un cœur unique
Dans le Traité sur le Honzon de l’observation du cœur, Nichiren Daishônin écrit : « Les deux lois des pratiques causales et des effets de vertus du vénéré Shakya sont présentes dans les cinq caractères de Myôhôrengekyô. Lorsque nous recevons et gardons ces cinq caractères, naturellement, il nous concède les œuvres et vertus de cette causalité. Dans l’expression de leur compréhension, les quatre auditeurs dirent : "l’amas de joyaux sans supérieur, nous l’avons reçu sans le rechercher" ». Notes sur le texte [1] Atténuer la lumière et se mêler à la poussière (j. wakô dôjin - 和光同塵) : acte de compassion d’un Bouddha ou d’un bodhisattva, se transformant lui-même sous un aspect moins remarquable, dans le dessein de sauver les êtres. [2] Yuefu (j. gafu -楽府) : genre poétique libre tirant son nom du "Bureau de la musique", créé en 120 av. J.-C. par Wudi, dont la mission était de collecter les chants ayant cours dans le peuple. [3] Bai Letian (j. Hakurakuten - 白楽天) : nom de plume de Bai Juyi (j. Hakukyoï - 白居易), poète renommé de la dynastie des Tang. Il vécut de 772 à 846. Né à Xinzheng dans une famille pauvre, mais instruite, il fut envoyé près de Chang'an à l’âge de dix ans pour y étudier. Il passa l’examen de fonctionnaire en 800. Sa carrière fut une réussite dans un premier temps, puisqu’il fut nommé membre de l’académie de Hanlin. Toutefois, en 815, il fut exilé pour avoir été trop virulent dans des remontrances. Mais en 822, sa carrière reprit son cours par sa nomination au poste de Préfet de Hangzhou, puis de Suzhou. Bai Letian est l’auteur de 2800 poèmes, qu’il copia et distribua afin d’assurer leur transmission à la postérité. Les poèmes s’écoulaient si harmonieusement et son style poétique était tellement unique qu’il devint une forme littéraire communément connue en tant que "Forme Fondamentalement Simple" (c. yuan bai ti - 元白體.) [4] Phrase extraite d’un passage du Gosho intitulé Les diverses actions (j. shuju onfurumai Gosho – 種々御振舞御書, évoquant le Traité sur la Sérénité du pays par l’établissement de la rectitude. [5] Comparaison entre le provisoire et le véritable (j. gonjitsu sôtai - 権実相対) : comparaison entre les sutras antérieurs au Sutra du Lotus (sutras provisoires) et le Sutra du Lotus (sutra véritable) ; 3e des cinq sortes de comparaisons et 1e des 3 doctrines de Nichiren Daishônin. [6] Comparaison entre l’originel et l’éphémère (j. honjaku sôtai -本迹相対) : comparaison entre la doctrine éphémère du Sutra du Lotus, représentée par les quatorze premiers chapitres de ce sutra et la doctrine originelle, les quatorze derniers chapitres ; 4e des cinq comparaisons et deuxième doctrine de Nichiren Daishônin. [7] Comparaison entre l’ensemencement et la récolte (j. shudatsu sôtai - 種脱相対) : comparaison entre le bienfait de l’ensemencement (cause originelle) et de la récolte (effet originel) ; dernière des cinq comparaisons et troisième doctrine de Nichiren Daishônin. Rappelons que "la troisième doctrine" désigne en fait le Gohonzon de Nam Myôhôrengekyô, Une pensée trois mille en sa réalité, enfoui au profond des phrases du Sutra du Lotus. Dans Lettre à Jônin, Nichiren Daishônin écrit : "Ma doctrine est la troisième doctrine". [8] Monde de Xinong : monde idéal. « Xi » (de Xinong) désigne Fuxi (j. Fukugi - 伏羲), l’un des trois augustes mythiques de la Chine antique. Quant à « Nong », il s’agit de l’un des deux autres augustes, Shennong (j. Shinnô - 神農). [9] Pays de Tangyu : synonyme de pays paisible. Il s’agit des pays de Tangyao et de Yushun, respectivement quatrième et cinquième des cinq empereurs de la Chine antique [10] La disharmonie parmi les six collatéraux (j. rokushin fuwa -六親不和) "Les « six collatéraux » désignent les proches. Diverses explications existent sur cette expression. Je citerai celle du grand maître Miaole (j. Myôraku - 妙楽) par le biais de ses Plaquettes explicatives du sens obscur de la fleur du Dharma (c. fahua xuanyi siqian, j. hokke gengi shakusen - 法華玄義釈籤) : il s’agit, d’après lui, du père et de la mère, du frère aîné du frère cadet, de la femme et des enfants. Il s’agit donc des personnes avec qui le souverain a le lien de parenté le plus proche. Tous ces gens connaîtront entre eux de mauvaises relations et, du point de vue de la vie quotidienne, les divinités n’accorderont plus leur protection, à un tel homme, destructeur de l’enseignement du Bouddha" (Nikken Shônin). [11] Convertis par le Bouddha originel (j. honge - 本化) : les boddhisattvas jaillis de terre ont eu pour maître le Bouddha originel, contrairement à tous les autres bodhisattvas ayant reçu l’enseignement de Bouddhas éphémères (j. shakke - 迹化). [12] Mañjuśri (j. Monju -文殊) : bodhisattva représentant la sagesse et l’accomplissement des Bouddhas. Il est situé sur le flanc gauche d’Amida dans sa triade. Pour Nichiren Daishônin, Mañjuśri est un bodhisattva des enseignements provisoires, disciple d’un Bouddha éphémère (shakke no bosatsu -迹化の菩薩). [13] Bhaişajya rāja (j. Yakuô - 薬王), f. Roi des remèdes) : bodhisattva guérisseur de nombreuses maladies. Il fait partie de la triade de Shakyamuni au Kôfukuji de Nara, temple principal de l’Ecole de la Nature des dharmas. Lui aussi est un bodhisattva des enseignements provisoires. [14] N’ayant pas reçu le bien à l’origine (j. honmi uzen -本未有善) : caractéristique des êtres de la Fin du Dharma, ne possédant aucune racine de bien accumulée au cours des ascèses pratiquées au long de vies successives. Contrairement aux êtres dotés à l’origine du bien (j. hon-i uzen -本己有善), ayant reçu l’ensemencement dans le passé lointain par le vénéré Shakya et qui, par des ascèses effectuées au cours de vies successives, ont accumulé des racines de bien, les êtres de la Fin du Dharma, n’ont aucun lien avec le Bouddha Shakyamuni. Pour cette raison, Nichikan Shônin écrit dans le Traité sur le jugement des phrases en fonction de leur sens (j. Egi hanmon shô – 依義判文抄) écrit : "Les êtres de la Fin du Dharma sont tous dénués de bien à l’origine. Leur prédisposition directe est de recevoir l’ensemencement pour la première fois". [15] Non dualité du support et du principal (j. eshô funi - 依正不二) : le support et le principal sont les deux rétributions naturelles apparaissant du point de vue de la loi de la forme (matière), en fonction de la causalité des actes du passé. La rétribution du principal désigne le corps et l’esprit de l’être sensitif recevant cette rétribution. Le lieu, territoire, environnement sur lequel s’appuie le principal, est appelé la rétribution du support. Ces deux rétributions proviennent du karma du passé. Afin de commenter les dix merveilles issues de la réflexion portée par Zhiyi dans le Sens mystérieux du Lotus, Zhanran, lui, dégage "la porte des dix non dualités" dans ses Plaquettes commentant le sens mystérieux du Lotus. La sixième non dualité est "la non dualité du support et du principal". Dans tous les autres sutras, ces deux éléments sont considérés comme indépendants (j. nini – 而二). Seul, le Sutra du Lotus les considèrent comme interdépendants, présents mutuellement, non duels (j. funi - 不二). Zhanran conclut donc que la substance originelle de la vie est "deux, tout en étant non dualité" (j. nini funi -而二不二). [16] Amida (阿弥陀) : nom japonais du Bouddha Amitâbha "Lumière infinie", maître de la Terre Pure de l'Ouest (Saihô Jôdô), un des Bouddha les plus populaires du Mahâyâna. Lorsqu'il était le bodhisattva Hôzô, le futur Amida prononça quarante-huit voeux solennels, s'engageant à secourir tous les êtres souffrants. En Chine, puis au Japon à partir du VIII siècle, Amida devint le plus vénéré des personnages du panthéon mahâyâniste. A l'époque de Heian (794-1185), on le représenta souvent venant quérir le mourant pour le transporter au paradis de l'Ouest. A l'époque de Kamakura (1185-1333), les écoles de la Terre Pure exaltèrent son rôle de sauveur. [17] Trois sutras de la terre pure (j. jôdo sanbukyô - 浄土三部経) : 1) Sutra Amida (j. amida kyô -阿弥陀経) sutra en 1 fascicule traduit en chinois par Kumarajiva. Le titre sanskrit de ce sutra est Sukhavattvyuka ou “parure glorieuse de Sukhavatt” (le pays du bonheur). Il décrit brièvement les aspects agréables du pays d’Amida et précise que d’innombrables Bouddha dans les six directions louent ses vertus et attestent de la vérité de ce sutra. Il explique ensuite que celui qui garde son nom, renaîtra dans ce pays. 2) Sutra des vies infinies (j. muryô jû kyô – 無量寿経) : 2 fascicules dont la traduction chinoise est attribuée à Samghavarman. Il est le canon fondamental du bouddhisme de la terre pure, expliquant comment Amida devint Bouddha et comment il sauve les êtres sensitifs. Le sutra donne également des descriptions détaillées de ses attributs physiques et de son pays. 3) Sutra de la contemplation des vies infinies (j. kan muryô jû kyô - 観無量寿経) : 1 fascicule traduit en chinois par Kalayasas. Ce sutra présente seize contemplations centrées sur Amida et sa terre. [18] Fondateurs du Nenbutsu : 1) Tanluan (j. Donran - 曇鸞) 476 – 572, 2) Daochuo (j. Dôshaku - 道綽) 562 – 645 et 3) Shandao (j. Zendô - 善導) 613 – 681 en Chine et 4) Hônen (法然) (1133 - 1212) au Japon.
Grande cérémonie d’aération des trésors sacrés Sermon du Souverain du Dharma Nichinyo Shônin
Le 6 avril 2007 dans le Mieidô provisoire du Taisekiji
Lettre à Shimoyama
renant en considération l’avenir, l’Ainsi-venant déclara : "j’ai attribué à chacun chaque sutra afin qu’il le propage dans les mille ans de la Rectitude du Dharma, les mille ans de la Semblance du Dharma et l’éternité de la Fin du Dharma. Si, en ce monde, des hommes s’y opposent, il ne faut pas les écouter, combien même s’agirait-t-il d’hommes sages ou de rois intelligents. Le jour suivant mon extinction, plus de dix hommes, dont Kāśyapa, Ananda et Puņyayasas devront uniquement diffuser le Petit véhicule durant les cinq cents (premières) années de la Rectitude du Dharma. Au cours des cinq cents années suivantes, les grands bodhisattvas dignes des quatre appuis, maîtres des traités Aśvaghoşa, Nāgārjuna, Asańga, Vasubandhu diffuseront les sutras du Grand véhicule provisoire : Ornementation fleurie, Enseignements égaux, Mystère profond, Sagesse, Grand soleil, Contemplation, Amitābha". Ces grands maîtres des traités n’étaient pas dans l’ignorance du sens profond du sutra de la Fleur du Dharma. Toutefois, le temps de la propagation de ce sutra n’était pas encore venu et, en outre, s’agissant du grand Dharma dont (la diffusion) ne leur avait pas été demandée par le vénéré Shakya, ils le connaissaient dans leur cœur, mais ne devaient pas le prononcer oralement. Même si, parfois, ils semblèrent l’évoquer grossièrement, ils en cachèrent sans le dire le sens profond. Une fois pénétré dans le millénaire de la Semblance du Dharma, les enseignements du bouddhisme indien furent transmis intégralement en Chine et au Japon. Le vénéré Shakya avait conféré la propagation des quatorze chapitres de la doctrine éphémère, première moitié du sutra de la Fleur du Dharma aux grands bodhisattvas de l’enseignement éphémère et des autres directions, dont Bhaişajya Rāja, puis il fit apparaître les grands bodhisattvas jaillis de terre au début de la Fin du Dharma, afin qu’ils propagent, en tant qu’annonciateurs de la récitation par tous les êtres du Janbudvipa, les cinq caractères de Nam Myôhôrengekyô, cœur essentiel du chapitre Duré de la vie de la doctrine originelle. Les êtres propageant la doctrine éphémère furent Nanyue, Tiantai, Miaole et Dengyô. A présent, l’ère correspond désormais à l’apparition du bodhisattva Pratique supérieure.
ujourd’hui, officiant à la grande cérémonie traditionnelle d’aération des trésors sacrés du temple principal, j’exprime mon respect et ma joie aux nombreux pratiquants, représentants du pays entier, grâce auxquels peut se dérouler cette cérémonie d’expression de notre gratitude. Ce soir je parlerai de l’extrait de la Lettre à Shimoyama lu à l’instant. A la fin de cette lettre, il est écrit : "Le jour du sixième mois de la troisième année de Kenji Moine Nichiei Réponse à Messire Shimoyama Hyôgo Gorô. On comprend donc que Nichiren Daishônin, alors âgé de cinquante-six ans, résidant désormais au mont Minobu, écrivit cette lettre au mois de juin 1277 (3e année de Kenji) et la transmit à son destinataire, Messire Shimoyama Hyôgo Gorô Mitsumoto du pays de Kaï, en la signant du nom du moine Inaba Nichiei. Dans Ce que doivent savoir les pratiquants (suivant) la voie de (l’Ecole) Fuji[1], nous lisons : "Lettre à Shimoyama : 1 fascicule. Adressé à Hyôgo Goro du district de Shimoyama dans le pays de Kaï (L’original fut porté depuis le temple de Mitsumoto, le Heisenji). Ecrit lorsque le moine Inaba, habitant du Heisenji en fut chassé". En fait, Inaba bô Nichiei vivait dans le temple Heisenji, dédié par Messire Hyôgo Goro Mitsumoto de Shimoyama aux dieux du shinto. Il était un fervent pratiquant du Nenbutsu qu’il récitait quotidiennement. A partir de 1274 (11e année de Bun’nei), époque où Nichiren Daishônin se retira au Mont Minobu, mû non pas par un désir de croire en la doctrine de Nichiren Daishônin mais plutôt par curiosité, Nichiei se glissa en cachette dans la chaumière de Nichiren Daishônin, où il pénétra par derrière et écouta l’enseignement. Il comprit alors les différences extraordinaires existantes entre le Sutra du Lotus et les Sutras d’Amida et autres sutras du Grand véhicule provisoire. Il abandonna aussitôt le Nenbutsu, prit refuge en Nichiren Daishônin et devint pratiquant du Sutra du Lotus. Son père, Messire Shimoyama Hyôgo Goro Mitsumoto (selon une autre thèse le seigneur du lieu) s’opposa sévèrement à cette conversion, au point de le bannir. Pour cette raison, Nichiren Daishônin écrivit cette lettre à Messire de Shimoyama pour le réprimander au nom et lieu de Nichiei. Ce cas n’est pas unique. Nous trouvons le même processus que la Lettre à Shimoyama dans la Pétition de Yorimoto, écrite par Nichiren Daishônin au nom de Messire Shijô Kingo[2], le 9 juin 1277 (3e année de Kenji). Lors d’un débat public entre les moines Sanmi Nichigyô, disciple de Nichiren Daishônin et Ryûzô de l’école du Tendai, ce dernier fut réfuté complètement par Sanmi kô et ses arguments volèrent en éclats. Il se plaignit alors à Messire Ema, suzerain de Shijô Kingo que celui-ci avait organisé une cabale pour perturber par des violences en groupe le débat à son désavantage. Fou de rage, Messire Ema avait alors intimé l’ordre à Shijô Kingo d’écrire une demande d’abandon du Sutra du Lotus et de Nichiren Daishônin, faute de quoi, il lui confisquerait son domaine. Apprenant l’affaire, Nichiren Daishônin écrivit une lettre au nom de Shijô Kingo afin de clarifier ces accusations fallacieuses : la Pétition de Yorimoto. Par la suite, Messire Shijô Kingo, grâce à sa foi puissante, fit dissiper les doutes pesant sur lui. Son suzerain leva la sanction et lui attribua le double de territoire. Il le gratifia en outre de sa profonde confiance. En ce qui concerne Messire Shimoyama également, la lettre écrite par Nichiren Daishônin fut le facteur contribuant à son abandon du Nenbutsu pour devenir un croyant du Sutra du Lotus. Pourtant, après l’extinction de Nichiren Daishônin, avec Inaba Nichiei, il suivit Minbu Nikô et s’opposa à Nikkô Shônin. C’est un fait extrêmement regrettable, mais qui illustre également un des aspects d’une religion rigoureuse. Tel est l’arrière plan de ce texte.
Dans le passage précédent, après avoir évoqué les cinq éléments essentiels de la religion, Nichiren Daishônin écrit en substance : "A l’époque du quarante-cinquième monarque humain, l’empereur Shômu, Jianzhen[4], du pays des Tang fut le premier à transmettre le Sutra du Lotus et l’école du Tendai. Or, est-ce parce que Jianzhen considéra que les capacités des Japonais ne leur permettaient pas de comprendre la doctrine exposée dans le Sutra du Lotus, il garda cette doctrine cachée en son cœur et n’en parla pas. Il construisit une estrade des préceptes du Petit véhicule aux temples Tôdaiji de Nara, Kannonji de Tsukushi et Yakushiji de Shimotsuke. Toutefois, sa démarche n’était qu’un moyen dans la perspective de propager le Sutra du Lotus. Une fois le Grand véhicule propagé, son dessein n’était pas de faire pratiquer sur un pied d’égalité le Petit et le Grand véhicules. Le vénéré Shakya avait lui-même enseigné les préceptes du Petit véhicule pendant quelques temps, à titre d’initiation aux enseignements du Grand véhicule. Toutefois, par la suite, il les interdit. En outre, à l’époque du cinquantième monarque humain, l’empereur Kanmu, le grand maître Dengyô[5] apparut. Il étudia complètement les six écoles : Kegon[6], Sanron[7], Hossô[8], Kusha[9], Jôjitsu[10], Ritsu[11], ainsi que le Zen, le Tendai et le Shingon. En la vingt-et-unième année de Enryaku[12], un débat eut lieu au temple Takaoji avec les six écoles du sud, au cours duquel, d’un mot, le grand maître Dengyô réfuta tous les grands érudits présents. Le résultat fut leur soumission unanime par un document écrit, dans lequel, ils reconnaissaient que le Sutra du Lotus était le Dharma permettant de devenir Bouddha. Le grand maître s’était appuyé sur les phrases du sutra. Le grand maître du Tendai, quant à lui, indique que le mot "rejeter" de l’expression "rejeter honnêtement les moyens" du chapitre des « Moyens » se rapporte au rejet des enseignements constituant des expédients salvifiques. De même, pour lui, "honnêtement" implique pour le pratiquant ayant le cœur du début de pratiquer le Sutra du Lotus, de rejeter tout autre sutra et écoles que le Sutra du Lotus. Il est alors véritablement un pratiquant honnête". Ainsi, si les grands maîtres Zhiyi et Saichô affirmaient que "le Sutra du Lotus était le sutra supérieur", ils ne le faisaient pas sur la base de leur opinion personnelle, mais fondés sur les phrases mêmes du Sutra. Nichiren Daishônin également, précise qu’il ne s’exprime pas de manière personnelle, mais par des paroles éclairées par le sutra. A partir de là, il affirme que "le vénéré Shakya divisa lui-même le temps de la propagation de l’enseignement après son extinction, définissant trois périodes : la Rectitude, la Semblance et la Fin du Dharma. De plus, il répartit les missions de propagation de l’enseignement adapté à chaque période. Dès lors, si quelqu’un contrevient à ses principes, qu’il soit un savant ou un roi sage, il ne faut pas lui faire confiance". A chacune de ces périodes, des maîtres constituant les quatre appuis, autrement dit des grands bodhisattvas et des maîtres des traités apparurent et propagèrent l’enseignement défini pour eux par le Bouddha. Ainsi, dans le Traité sur le Honzon, nous lisons : "Il existe quatre catégories de quatre appuis. La plupart des quatre appuis du Petit véhicule apparurent durant les premiers cinq cents ans de la période de la Rectitude du Dharma. La plupart des quatre appuis du Grand véhicule apparurent au cours des derniers cinq cents ans de la même période. La troisième catégorie, les quatre appuis de la doctrine éphémère apparurent pour la plupart au cours du millénaire de la période de la Semblance du Dharma. Une petite partie d’entre eux apparut au début de la Fin du Dharma. La quatrième catégorie, les quatre appuis de la doctrine originelle, c’est-à-dire les bodhisattvas jaillis de terre devaient immanquablement apparaître au début de la période de la Fin du Dharma. Les "messagers envoyés en retour pour annoncer[13]…" d’à présent sont les jaillis de terre. "Ce remède efficace et agréable" est Nam Myôhôrengekyô nom, substance, intention, application et enseignement du cœur essentiel du chapitre « Durée de la vie ». L’Eveillé n’attribua pas ce bon remède aux bodhisattvas de l’enseignement éphémère, à plus forte raison à ceux des autres directions". Si certains s’opposent à cet ordre de la diffusion de l’enseignement au sein des trois périodes, il ne faut pas les suivre, même si ce sont des savants ou des rois sages. Voyons à présent quelles furent les doctrines propagées dans les périodes de la Rectitude, de la Semblance et de la Fin et qui furent les maîtres hommes et les maîtres des traités chargés de cette mission. Nous avons lu : "le jour suivant mon extinction, plus de dix hommes, dont Kāśyapa, Ananda et Puņyayasas devront uniquement diffuser le Petit véhicule durant les cinq cents (premières) années de la Rectitude du Dharma". Dns le Traité sur la Sélection du temps, Nichiren Daishônin précise : "Dans le Sutra du Grand rassemblement, le vénéré du monde au grand éveil, s’adressa au bodhisattva Corbeille de lune, définissant pour lui les âges à venir. Les cinq cents années après mon extinction seront la période de la délivrance certaine. Les cinq cents années suivantes seront la période de la méditation certaine, ce qui fait mille ans. Les cinq cents années suivantes seront la période de la lecture, de la récitation et de l’érudition certaine. La période de cinq cents ans suivante verra la construction certaine de nombreux stupas et temples. Ce qui fait en tout deux mille ans. Au cours des cinq cents années suivante, des luttes et des débats se produiront au sein de mon enseignement, au point où le Dharma blanc se dissimulera et disparaîtra".
Ensuite, nous avons lu : "Au cours des cinq cents années suivantes, les grands bodhisattvas dignes des quatre appuis, maîtres des traités Aśvaghoşa, Nāgārjuna, Asańga, Vasubandhu diffuseront les sutras du Grand véhicule provisoire : Ornementation fleurie, Enseignements égaux, Mystère profond, Sagesse, Grand soleil, Contemplation, Amitābha". Cette deuxième période de cinq cents ans s’appelle : "la période de la méditation certaine". Au cours de cette période, les êtres pratiquaient le Grand véhicule et pénétraient dans la samādhi[15] de la concentration et obtenaient l’éveil. Au cours de cette période, les grands bodhisattvas, dignes des quatre appuis, maîtres des traités Aśvaghoşa[16], Nāgārjuna[17], Asańga[18], Vasubandhu[19] apparurent et propagèrent les sutras du Grand véhicule provisoire : Ornementation fleurie, Enseignements égaux, Mystère profond, Sagesse, Grand soleil, Contemplation, Amitābha. Dans le passage suivant, nous avons lu : "Ces grands maîtres des traités n’étaient pas dans l’ignorance du sens profond du sutra de la Fleur du Dharma. Toutefois, le temps de la propagation de ce sutra n’était pas encore venu et, en outre, s’agissant du grand Dharma dont (la diffusion) ne leur avait pas été demandée par le vénéré Shakya, ils le connaissaient dans leur cœur, mais ne devaient pas le prononcer oralement. Même si, parfois, ils semblèrent l’évoquer grossièrement, ils en cachèrent sans le dire le sens profond". Si Kāśyapa, Ananda et Puņyayasas, puis ces grands bodhisattvas, dignes des quatre appuis, ces grands maîtres des traités de la période de la Rectitude du Dharma que furent Aśvaghoşa, Nāgārjuna, Asańga, Vasubandhu propagèrent le Sutra de l’Ornementation fleurie et autres sutras provisoire, ce n’est pas parce qu’ils ne connaissaient pas la profondeur de la doctrine du Sutra du Lotus. C’est parce que le temps de la propagation du Sutra du Lotus n’était pas encore venu et qu’ils n’avaient pas reçu l’ordre de le faire de la part du vénéré Shakya. Autrement dit, ils n’avaient pas reçu la transmission de la diffusion après son extinction. Ainsi, ils comprenaient parfaitement le Sutra du Lotus au fond de leur cœur, mais ils n’en parlèrent jamais. Nichiren Daishônin le souligne dans le Traité sur le Honzon : "Vasubandhu, Nāgārjuna, Aśvaghoşa, Sāramati[20] possédaient tous la claire froideur du miroir intérieur[21]. Toutefois, le temps n’étant pas encore venu, ils n’en parlèrent pas". Dans le Traité sur la merveille de la cause originelle, il précise : « Zhiyi dit : "Vasubandhu et Nāgārjuna possédaient la claire froideur du miroir intérieur mais, extérieurement, ils parlèrent en s’adaptant au temps[22]". Nam Myôhôrengekyô d’à présent est la claire froideur du miroir intérieur de Huisi[23], Zhiyi[24], Zhanran[25] et Saichô[26] qui, extérieurement, parlèrent en s’adaptant au temps ». Ainsi, Vasubandhu et Nāgārjuna grands maîtres de la période de la Rectitude du Dharma, comme Zhiyi et Saichô, ceux de la période de la Semblance, connaissaient le sens véritable du Sutra du Lotus, en particulier Myôhôrengekyô, Dharma ésotérique essentiel enfoui au profond des phrases du chapitre « Durée de la vie », mais, même s’ils "le connaissaient dans leur cœur, ils ne devaient pas le prononcer oralement". La lettre à Shimoyama se poursuit par : "Une fois pénétré dans le millénaire de la Semblance du Dharma, les enseignements du bouddhisme indien furent transmis intégralement en Chine et au Japon. Le vénéré Shakya avait conféré la propagation des quatorze chapitres de la doctrine éphémère, première moitié du sutra de la Fleur du Dharma aux grands bodhisattvas de l’enseignement éphémère et des autres directions, dont Bhaişajya Rāja, puis il fit apparaître les grands bodhisattvas jaillis de terre au début de la Fin du Dharma, afin qu’ils propagent, en tant qu’annonciateurs de la récitation par tous les âtres du Janbudvipa, les cinq caractères de Nam Myôhôrengekyô, cœur essentiel du chapitre Durée de la vie de la doctrine originelle. Les êtres propageant la doctrine éphémère furent Nanyue, Tiantai, Miaole et Dengyô". "Le millénaire de la Semblance du Dharma" correspond aux troisième et quatrième périodes de cinq cents ans citées dans le Sutra du Grand rassemblement : « lecture, récitation et érudition certaines » et « construction certaine de nombreuses pagodes et temples ». Semblance signifie que les statues ou images du Bouddha étaient "ressemblantes". En fait, extérieurement, l’époque ressemblait à celle de la Rectitude, mais, intérieurement, on ne pouvait désormais plus obtenir les effets de l’attestation comme dans la période de la Rectitude. L’époque ressemblait simplement de manière extérieure à la précédente. C’est dans cette période que le bouddhisme fut transmis d’Inde en Chine et au Japon. C’est dans cette période également que les grands maîtres Nanyue (Huisi), Tiantai (Zhiyi), Miaole (Zhanran) et Dengyô (Saichô) propagèrent la doctrine éphémère du Sutra du Lotus. En effet, dans le Sutra du Lotus, le vénéré Shakya attribua la transmission de la doctrine éphémère (les quatorze premiers chapitres) du Sutra du Lotus aux bodhisattvas de l’enseignement éphémère, dont Bhaişajya Rāja[27], dans la période de la Semblance du Dharma. Conformément à cette transmission, Zhiyi apparut dans la période de la Semblance du Dharma en tant que manifestation du bodhisattva Bhaişajya rāja. La manifestation ultérieure de Zhiyi fut Saichô au Japon. A ce sujet, Nichiu Shônin écrivait dans sa Remontrance : "Au cours du millénaire de la Semblance du Dharma, en Chine, le grand maître du Tendai, manifestation du bodhisattva Roi des remèdes, réfuta les hérésies du sud et du nord et propagea la doctrine éphémère de la Fleur du Dharma. Il renaquit au Japon, sous le nom de Dengyô et réfuta les doctrines provisoires des six écoles, les faisant prendre refuge dans le principe merveilleux de la vérité unique". Autrement dit, le grand maître Dengyô fut la transmigration du grand maître du Tendai, lui même manifestation du bodhisattva Yakuô qui, dans le passé, lors de la cérémonie du Sutra du Lotus, avait reçu la transmission de la doctrine éphémère de ce sutra du vénéré Shakya, doctrine qu’il propagea dans la période de la Semblance du Dharma. Toutefois, tout ceci ne fut qu’une introduction, une préparation à l’avènement des bodhisattvas de l’enseignement originel, jaillis de terre, c’est-à-dire du bodhisattva Pratique supérieure (j. jôgyô) apparu au début de la période de la Fin du Dharma pour faire réciter les cinq caractères de Nam Myôhôrengekyô, cœur essentiel du chapitre « Durée de la vie » du Sutra du Lotus à tous les êtres du Janbudvipa. En fait, la signification fondamentale de la transmission du vénéré Shakya ne résidait pas dans la transmission de l’enseignement éphémère, mais dans la transmission de l’enseignement originel aux bodhisattvas jaillis de terre, c’est-à-dire la transmission de l’essentiel. Le vénéré Shakya retint les bodhisattvas des enseignements éphémères et des autres directions dans leur souhait de propager le Sutra du Lotus après son extinction et, dans le chapitre « jaillis de terre », il invita les bodhisattvas jaillis de terre, aussi nombreux que les grains de sables de soixante mille Ganges, commandés par le bodhisattva Pratique supérieure. Ensuite, après avoir enseigné le chapitre « Durée de la vie », il déclara dans le chapitre « Pouvoirs transcendantaux » aux bodhisattvas de l’enseignement originel jaillis de terre : "Pour en dire l’essentiel, tous les Dharmas détenus par l’Ainsi-venant, tous les pouvoirs transcendantaux utilisés librement par l’Ainsi-venant, toutes les corbeilles secrètes et essentielles de l’Ainsi-venant, toutes les conduites profondes de l’Ainsi-venant sont tous dans ce sutra annoncés, manifestés, révélés et prêchés ". Le vénéré Shakya effectua la transmission de Myôhôrengekyô, cœur essentiel du Sutra du Lotus par le biais de "l’essence du Dharma en quatre phrases", en confiant ainsi la propagation après son extinction aux bodhisattvas jaillis de terre. Dans les Mots et Phrases de la Fleur du Dharma, Zhiyi répartit les phrases du chapitre « Pouvoirs transcendantaux » en nom merveilleux, application merveilleuse, substance merveilleuse et intention merveilleuse, puis, il dit : "Il en extirpa l’axe central et le transmit". Nichikan Shônin, le 26e Grand Patriarche, écrivait pour sa part dans Jugement des phrases en fonctions du sens : « La transmission du Honzon effectuée après "pour en dire l’essentiel" signifie que tous les nom, substance, intention et application de l’Ainsi-venant sont annoncés, manifestés, révélés et prêchés dans le Honzon de la doctrine originelle, les cinq caractères de Myôhôrengekyô. Pour cette raison, il est dit "tous dans ce sutra". Ce Honzon ayant été l’objet de la transmission aux bodhisattvas jaillis de mille mondes, il est dit : il en extirpa l’axe central et le transmit". Comment pourrait-il ne pas s’agir du Honzon » ? Nichikan Shônin précise, par ailleurs, dans le Traité sur ce qui est enfoui et caché au profond des phrases : "Le Dharma secret le plus important du vénéré Shakya, souverain de l’enseignement, est la substance véritable de la transmission de l’essentiel, but unique de la venue en ce monde de notre fondateur, le Honzon du Kaidan, essence des trois grands Dharmas ésotériques. Il est le grand Dharma profondément enfoui dans le cœur du vénéré Shakya depuis les poussières d’éons. C’est pourquoi, il est considéré comme le Dharma ésotérique le plus important". Autrement dit, le cœur essentiel du Sutra du Lotus, transmit par le vénéré Shakya au bodhisattva Pratique supérieure est les cinq idéogrammes du Dharma merveilleux, Dharma originel du passé hors du temps, c’est-à-dire le Honzon de la doctrine originelle, essence des trois grands Dharmas ésotériques. Ce Gohonzon est le Gohonzon révélé pour la première fois dans la Fin du Dharma par notre fondateur, le Bouddha originel Nichiren Daishônin. C’est pourquoi, ce dernier écrit dans le Traité sur le Honzon : « Définissant le début de la Fin du Dharma au Japon, le grand maître Dengyô disait : "Du point de vue du temps, il s’agit de la fin de la Semblance et du Début de la Fin. Du point de vue du lieu, il se situe à l’est des Tang[28] et à l’ouest des Jie[29]. Quant aux hommes, ils vivent dans les cinq souillures, dans un temps de luttes et de conflits. Le sutra énonce : ‘Déjà haines et jalousies sont nombreuses (envers le Bouddha de son vivant), à plus forte raison après son extinction[30]’. Ces paroles ont véritablement une raison d’être"[31]. Dans ce commentaire, " un temps de luttes et de conflits" désigne les deux désastres actuels de la rébellion interne et de l’invasion par une nation étrangère. A ce moment, les bodhisattvas jaillis de mille mondes apparaîtront et, prenant pour acolyte le vénéré Shakya de la doctrine originelle, ils établiront le meilleur Honzon du Janbudvipa dans ce pays. Ce Honzon n’existe pas encore en Inde, ni en Chine". Il convient de lire avec une attention particulière le passage : "A ce moment, les bodhisattvas jaillis de mille mondes apparaîtront et, prenant pour acolyte le vénéré Shakya de la doctrine originelle, ils établiront le meilleur Honzon du Janbudvipa dans ce pays. Ce Honzon n’existe pas encore en Inde, ni en Chine". Le Dharma merveilleux détenu par Nichiren Daishônin dans le présent est les cinq caractères de Myôhôrengekyô, Dharma originel du passé hors du temps, dans lequel le Dharma est la Personne et la Personne est le Dharma. Traduit en tant que Personne, il s’agit de la transmigration de l’Ainsi-venant au corps de rétribution qui, de lui-même, reçoit et emploie depuis le passé hors du temps, c'est-à-dire Nichiren Daishônin, Bouddha originel apparu dans la Fin du Dharma. Traduit en tant que Dharma, il s’agit du Dharma merveilleux du passé hors du temps (j. kuon ganjo). Ce Dharma merveilleux est le Dharma fondamental protégé par les Bouddhas des trois phases, à commencer par le vénéré Shakya, Dharma fondamental assurant le salut aux êtres des trois phases. Ainsi, après avoir indiqué que le Bouddha originel du passé hors du temps devait apparaître dans la Fin du Dharma, il est dit ensuite : "A présent le temps est devenu celui de la Fin du Dharma. Les descriptions faites par le vénéré Shakya, l’attestation apportée par Nombreux trésors[32] et les Bouddhas des dix directions permettent d’affirmer que le temps est venu où le bodhisattva Pratique supérieure, ayant uniquement pratiqué et appris le cœur essentiel du chapitre Durée de la vie depuis le passé des cinq cents grains de poussière, apparaisse". Il est fait état ici du bodhisattva "Pratique supérieure". Or, dans le Traité sur ce qui est enfoui au profond des phrases, Nichikan Shônin précise : « Dans le traité sur la transmission vitale, il est dit : "Nichiren, grand maître de la doctrine originelle, renaissance du bodhisattva Pratique supérieure, souverain de la cause originelle et de l’effet originel depuis le passé du degré de dénomination, trace éphémère dont la nature originelle est le corps de rétribution qui, de lui-même, reçoit et emploie". Du point de vue superficiel de l’aspect extérieur, Nichiren est la transmigration de Pratique supérieure. Du point de vue profond de son attestation intérieure, Nichiren est la transmigration (de l’Ainsi-venant) dont la nature essentielle est le corps qui, de lui-même reçoit et emploie. Il faut donc le savoir, sa nature essentielle est le corps qui, de lui-même reçoit et emploie, sa trace éphémère est le bodhisattva Pratique supérieure. La révélation de l’originel est Nichiren ». Ainsi, en fait, l’attestation intérieure du bodhisattva Pratique supérieure réside en le Bouddha originel notre fondateur Nichiren Daishônin, l’Ainsi-venant au corps de rétribution qui, de lui-même, reçoit et emploie dans l’hors du temps. Par conséquent, les êtres de la Fin du Dharma peuvent réaliser le but unique de devenir Bouddha dès ce corps en prenant refuge et se reposant uniquement sur le Gohonzon établi par Nichiren Daishônin, Bouddha originel de l’hors du temps, en récitant le Dharma merveilleux de tout leur cœur et en pratiquant avec foi l’ascèse personnelle et l’enseignement à autrui. A présent, la Nichiren Shôshû, avec unité entre les moines et les pratiquants, corps différents animés d’un cœur unique, progresse vers la réalisation de la mission conférée par Nikken Shônin pour 2009 : le doublement des bodhisattvas jaillis de terre et le Grand rassemblement. Je souhaite qu’en cette période, chacun ait des activités dignes de "l’année de l’action" avec "la foi libérée du doute", c’est-à-dire la foi absolue dans le Gohonzon. Dans le Dialogue sur le fait de garder la Fleur du lotus merveilleux, Nichiren Daishônin écrit : « Je prie uniquement pour que vous gardiez le Dharma merveilleux permettant "la quiétude dans la vie présente et la renaissance en un lieu propice dans la vie suivante". Ce sera votre seul honneur au cours de cette vie et qui vous guidera dans la suivante. Réciter de tout votre coeur Nam Myôhôrengekyô et le préconiser à autrui restera le seul souvenir de votre passage dans le monde des hommes au cours de cette vie ». Je termine mon sermon de ce jour en vous priant du fond du cœur de graver en vous ces paroles d’or et de progresser avec zèle, corps et âme, pour la réalisation de notre mission conférée par Nikken Shônin.
(Traduit du Dai Nichiren N° 735 – Mai 2007) To top Notes sur le texte [1] Ce que doivent savoir les pratiquants (suivant) la voie de (l’Ecole) Fuji (j. Fuji isseki monto zonchi no koto – 富士一跡門徒存知事) : écrit de Nikkô Shônin dans lequel il établit les différences entre lui et les autres cinq moines aînés et précise la doctrine correcte du courant Fuji. [2] Dont le nom entier est Shijô Nakatsukasa Saburô Saemon no Jô Yorimoto – 四条中務三郎左衛門尉頼基. [3] Cinq éléments essentiels de la religion (j. shûkyô no gokô - 宗教の五網) : méthode de jugement établie par Nichiren Daishônin, selon cinq principes à prendre en compte dans la perspective de la propagation du bouddhisme. Ces cinq éléments sont : l’enseignement, la prédisposition, le temps, le pays et l’antériorité des enseignements propagé. [4] Jianzhen (j. Ganjin - 鑒真 ou 鑑真; 688–763) : moine chinois qui participa à la propagation du bouddhisme au Japon. A l’âge de 14 ans, Jianzhen entra dans les ordres bouddhiques en tant que novice au temple Daming si (大明寺). Hormis ses études des canons bouddhiques, il étudia également la médecine et aurait fondé l’hôpital de Beitian, à l’intérieur du temple Daming. En automne 742, un émissaire japonais invita Jianzhen à donner des conférences au Japon. Malgré les protestations de ses disciples, il se prépara au voyage envisagé pour le printemps suivant. Toutefois, pendant près de onze ans, ses quatre tentatives entreprises à partir de 743 pour se rendre au Japon échouèrent toutes et, lorsque enfin, il put embarquer sur un navire se rendant au Japon, cette cinquième tentative se solda par un naufrage l’obligeant à retourner en Chine. En dernier ressort, Jianzhen, devenu aveugle par suites d’une infection, put se rendre au Japon, profitant du retour d’une délégation diplomatique japonaise. Il arriva en décembre 754 et fut accueilli par l’empereur qui lui confia la direction du temple Tôdaiji à Nara. Les religieux l’accompagnant présentèrent des sculptures bouddhistes. En 755, la première estrade d’ordination fut dressée au Tôdaiji, à l’endroit où l’ancien empereur Shômu et l’impératrice Kôken furent ordonnés l’année précédente. En 759, il se retira sur un terrain concédé par la cour impériale, terrain situé dans la partie ouest de Nara, ou Jianzhen établit un temple privé, le Tôshôdaiji où il vécut jusqu’à sa mort. Jianzhen ne se contenta pas de propager le bouddhisme au sein de l’aristocratie japonaise, il fut également un important vecteur de la culture chinoise au Japon. [5] Dengyô (伝教) nom posthume de Saichô (最澄) : fondateur de l’Ecole du Tendai au Japon ; son nom de famille était Mitsu no Obito et son nom de naissance Hirono. Il naquit à Ômi en 767. On dit qu’il aurait été un descendant de l’Empereur chinois Hsiao hsien de la dynastie des Han postérieurs. Il entra dans les ordres à l’âge de 12 ans en tant que disciple Gyôhyô du temple Kokubunji et adopta le nom de Saichô. En 785, il construisit un ermitage sur le Mont Hiei où il se consacra aux pratiques religieuses et à l’étude des Ecritures, en particulier aux trois ouvrages majeurs de Zhiyi sur le Sutra du lotus. En 788, il rebaptisa son ermitage du nom de Ichijô shikan in – 一乗止観院où Pavillon de l’arrêt et examen du véhicule unique (l’actuel konpon chû dô ou Salle primordiale). En 794, Saichô y dirigea un important office en présence de l’Empereur et des autorités religieuses de Nara. L’Empereur devint alors un partisan enthousiaste de Saichô et le nomma prêtre de la Cour. En 804 Saichô est envoyé en Chine par décret impérial. Là, il étudia les doctrines du Tendai auprès de Tao Sui et de Hsing Man, le Zen auprès de Hsiao Jan et le bouddhisme ésotérique avec Hsün hsian à Yüeh. Il retourna au Japon l’année suivante et présenta à la Cour les différents objets religieux et Ecrits qu’ils s’était procurés en Chine. Il dirigea également la première cérémonie de kanjô au Japon. Cette cérémonie consiste à asperger d’eau un dévot, lui conférant ainsi un certain type de statut. En 806, il fit une demande de reconnaissance officielle de l’Ecole du Tendai et de bénéficier de deux contingents d’ordination par an. En 822, il demanda l’autorisation d’ériger sa propre Estrade d’ordination, de manière à ce que ses disciples n’aient pas à être ordonnés à Nara. L’autorisation fut accordée la même année, sept jours après la mort de Saichô. En 866, l’empereur lui conféra le titre posthume de Dengyô Daishi. C’était la première fois au Japon que le titre de Daishi - grand Maître - était octroyé. Saichô était un auteur prolifique; plus de cent soixante ouvrages encore existants lui sont attribués. [6] École Kegon 華厳 (Ornementation fleurie) : fondée en Chine par Dushun 杜順 (j. Tojun - 557 - 640), elle ne fut véritablement installée en tant qu’école que par Fazang 法蔵 (j. Hôzô - 643 - 712) son troisième Patriarche. Elle fut transmise au Japon par Daoxuan 道宣 (j. Dôsen) en 736. [7] Ecole Sanron 三論 (Ecole des trois traités) : nom donné en Chine à l’école Madyamika (voie du milieu) qui voit en Nagarjuna son fondateur. Elle fut introduite en Chine par Kumarajiva qui avait traduit les trois traités de référence de cette école : le Madyamika sastra (traité du milieu, j. Chûron – 中論) et le Dvadasa mukha sastra (traité des douze portes, j. Jûnimon ron – 十二問論) de Nagarjuna et le Sataka sastra (cent discours, j. Hyaku ron – 百論) de Aryadeva, disciple de Nagarjuna. La doctrine de cette école fut transmise au Japon par Ekan (恵潅) en 625. [8] École Hossô 法相 (caractère spécifique des dharma) : fondée en Chine par Xuanzang 玄奘 (j. Genjô), cette école est également appelée “école du Rien que conscience”. Elle fut importée au Japon par Dôshô (道昭) qui étudia auprès de Xuanzang. [9] Ecole Kusha 倶舎 (Ecoles du Trésor de la scolastique) : cette Ecole est fondée sur le Discours sur le trésor de la scolastique (s. abhidarma kosa bhasya, j. abidatsuma kusha ron - 阿毘達磨倶舎論) de Vasubandhu. Cette Ecole enseigne la vacuité du soi mais admet l’existence des dharma. Elle admet également l’existence des trois phases (passé, présent et futur). Bien qu’au Japon elle ne fut jamais reconnue comme une Ecole indépendante, ses doctrines furent toujours étudiées. [10] Ecole Jôjitsu 成実 (Ecole de l’Accomplissement de la vérité) : cette Ecole, qui fit partie des treize Ecoles chinoises et des six Ecoles japonaises est fondée sur le Discours de l’accomplissement de la vérité (s. satyasiddhi sastra, j. jôjitsu ron – 成実論) écrit par Harivarman (250-350) et traduit par Kumarajiva, qui expose la non substantialité (vacuité) à la fois des personnes et des choses. Cette théorie est plus avancée que celle des autres Ecoles du Petit véhicule. C’est pourquoi, lors de sa fondation, elle fut considérée comme faisant partie du Mahayana. Ses doctrines furent étudiées en association avec celles de l’Ecole des trois traités, mais ne fut jamais reconnue véritablement comme une Ecole religieuse indépendante. [11] Ecole Ritsu, 律 (Ecole des commandements). La doctrine de l'Ecole de commandements s’est développée en Chine se réclamant du texte sanscrit de la Dharmaguptavinaya (Règles en quatre parties, j. Shibunritsu – 四分律) composé par Daoxuan. Au Japon, elle fut fondée en 754 par le moine chinois Jianzhen (Ganjin). 250 règles étaient à observer par les moines ordonnés, et 348 par les nonnes. [12] 21e année de Enryaku = 802. [13] Messager envoyé en retour pour annoncer (j. kenshi kengô - 遣使還告) : il s’agit du messager envoyé par le bon médecin de la parabole du chapitre « Durée de la vie » pour faire croire à ses fils empoisonnés qu’il est mort. [14] Plus de dix maîtres : en fait, ils étaient onze. Il s’agit des onze premiers successeurs du Bouddha Shakyamuni : Kāśyapa, Ananda, Madhyāntika, Sāņāvasa, Upagupta, Dhītika, Mikkaka, Buddhānanda, Buddhamitra, Pārśva et Puņyayasas. [15] Samādhi (j. sanmai – 三昧) : état mental de concentration de la pensée sur un seul objet. Celui-ci peut être physique, métaphysique ou transcendantal. Cet exercice est en général pratiqué de manière répétée au cours de longues périodes, jusqu’à ce que le pratiquant atteigne un état de concentration dans lequel il réalise quelques principes ou visualise un objet transcendantal. [16] Aśvaghoşa (j. Memyô – 馬鳴) : auteur des fameux Bouddhacarita (Eloge des actions du Bouddha), biographie en psaumes versifiés de Gautama (Shakyamuni), tenue pour œuvre maîtresse de la littérature indienne. Il naquit dans une famille brahmaniste, religion qu’il professa, de Sravasti en Inde centrale, entre le 1er et le 2e siècle de notre ère. Douzième des vingt-quatre récipiendaires du Dharma, successeurs de Shakyamuni, il aimait les polémiques et critiquait sans cesse le bouddhisme. Défait dans un débat par Puņyayasas, le dixième successeur de Shakyamuni, il voulut se couper la langue afin de se repentir. Mais on lui fit entendre raison. Il propagea alors le bouddhisme, convertissant largement les régions de l’Inde centrale et du nord sous le règne du Roi Kaniska. Il se distinguait dans tous les domaines, en particulier la littérature et la musique. Il composa une mélodie intitulée Rastrapala qu’il interprétait lui-même. La mélodie était si mélancolique qu’il convertit cinq cents princes au bouddhisme. [17] Nāgārjuna (j. Ryûju – 龍樹) : un des principaux philosophes du Mahayana, il est considéré comme le deuxième Bouddha. Il est le fondateur du courant Madhyamika (courant de la vision du milieu), l’un des deux principaux courants du bouddhisme en Inde. Il naquit dans une famille brahmana dans le sud de l’Inde entre le deuxième et le troisième siècle. Il étudia d’abord les canons du Hinayana. Plus tard, il reçut les sutra du Mahayana d’un vieux Bhiksu dans l’Himalaya. Il retourna dans le sud de l’Inde où, sous l’égide du Roi Satavahana du sud de Kosala, il exposa l’enseignement de la vacuité (s. sunyata, j. kû – 空). Il est le treizième patriarche héritier de la transmission de Shakyamuni et il est considéré en Chine et au Japon comme le fondateur de huit Ecoles. Ses principaux ouvrages sont : le Traité du milieu (s. Mula madhyamaka sastra, j. chûron – 中論), le Traité des douze portes (s. Dvadasa nikaya sastra, j. jûni mon ron – 十二問論), le Traité des soixante-dix (définitions de la) vacuité (s. Sunyata saptati, j. kû shichijû ron – 空七十論), le Traité pour écarter les vaines discussions (s. Vigraha vyavartani, j. ejô ron -廻諍論), les Soixante stances du principe véritable (s.Yukti sasthika karika, j. rokujû ju nyori ron –六十頌如理論), la Réfutation de l’être dans le Grand véhicule (s. Mahayana bhava sampranti, j. Daijô ha-u ron –大乗破有論), les Vingt stances du Grand véhicule (s. Mahayana gatha vimsaka, j. Daijô nijû ju ron - 大乗二十頌論) et le Traité véridique du Roi Pratique-précieuse (s. Arya ratnavali, j. Hôgyô-ô shô ron -宝行王正論). On lui attribue également le fameux Traité de grande sagesse (s. Mahaprajña paramito padesa, j. Daichido ron – 大地度論), ce que certains boudologues réfutent. [18] Asańga (j. Mujaku -無著) : moine bouddhiste natif de Gandhāra dans le nord de l’Inde au 4e siècle, fondateur avec son demi-frère Vasubandhu et Maitreyanatha de l’école yogācāra (Rien que conscience). Les ouvrages qui lui sont attribués (parfois en concurrence avec Maitreyanatha), traduits en chinois et en tibétain, ont exercé une influence importante sur le bouddhisme mahayana et particulièrement vajrayana. Textes attribués à Asańga : · Somme du mahayana (s. Mahayana samgraha, j. shôdaijô ron - 攝大乘論) commenté par Vasubandhu · Discours sur les étapes de la pratique de la concentration (s.Yogacara-bhumi sastra, j. yuga shiji ron - 瑜伽師地論), décrivant les étapes de la voie de bodhisattva. · Traité sur la Perfection de la sagesse adamantine (j. kongô hannya haramitsu kyô ron -金剛般若波羅蜜經論). [19] Vasubandhu (j. Seshin - 世親ou Tenjin -天親) : il naquit à Purusapura, pays de Gandhara au quatrième siècle Son père s’appelait Kausika. Il avait pour frères Asanga et Buddhasimba. Au début de sa vie, il suivit le Petit véhicule, période au cours de laquelle il étudia le Mahavibhasa (j. Dai bibasha ron) et écrivit l’Abhidharma kosa sastra (j. Abidatsuma kusha ron). Il critiquait le Grand véhicule, mais profondément influencé par Asańga, il s’y convertit. Il est dit être l’auteur de mille ouvrage, cinq cents sur le Hinayana et Cinq cents sur le Mahayana, dont Abhidharma kosa sastra (j. Abidatsuma kusha ron) déjà cité, Madhantavibhaga sastra (j. Benchû ben ron), Vimsatika karika (j. Yuishiji nijûjû), Trimsika karika (j. Jûji kyô ron), Mahayana samgrahabhasya (j. Shôdaijô ron shaku), Amitayus sutrapadesa (j. Murûju kyô upadaisha). Le Grand véhicule, exposé par Asańga et Vasubandhu, fut appelé l’école du Yogacara (concentration) et fut opposée à l’autre grand courant indien mahayaniste que fut l’école du Madhyamika (milieu) de Nagarjuna et d’Aryadeva. [20] Sāramati (j. kenne ou ken’e -堅慧) : moine lettré de l’Inde centrale ayant vécu sans doute au 6e siècle. Il étudia le Hinayana et le Mahayana tout en pratiquant surtout ce dernier. Il serait l’auteur du Traité sur la Nature précieuse du véhicule unique ultime (s. Ratnagotra vibhāga-mahāyānottaratantra-śāstra, j. Kukyô Ichijô Hôshô Ron - 究竟一乗宝性論), bien que la tradition tibétaine attribue cet ouvrage à Maitreya commenté par Asańga. Sāramati est également l’auteur du Traité sur la non différenciation des mondes de dharmas dans le Mahayana (j. Daijô hôkai musabetsu ron – 大乗法界無差別論) [21] Claire froideur du miroir intérieur (c. neijian lengran, j. naigan reinen – 内鑑冷然) : expression extraite du 5e volume du Grand arrêt et examen de Zhiyi. L’éveil intérieur des Bouddhas et bodhisattvas est comparable à un clair miroir, dont la froide clarté permet de voir qu’aucun antagonisme n’existe. En outre, du point de vue de l’éveil ultime, il s’agit de Myôhôrengekyô. En effet, l’intégralité des phénomènes est englobé dans ce Dharma merveilleux, dans lequel plus aucun antagonisme ne subsiste. [22] Extérieurement, parler en s’adaptant au temps (c. waishi shiyi, j. gaichaku jiki - 外適時宜) : expression extraite du 5e volume du Grand arrêt et examen, dans lequel, juste après avoir révélé le principe de Une pensée trois mille (ichinen sanzen), Zhiyi indique, en substance, que Vasubandhu et Nāgārjuna étaient éveillés au fait que le Sutra du Lotus enseigne le principe d’Une pensée trois mille mais que, vis-à-vis de l’extérieur, ils donnèrent un enseignement adapté au temps, représenté par les sutras provisoires du Mahayana. [23] Huisi (j. eshi - 慧思- 515 – 577) : troisième patriarche de l’école du Tendai (si l’on adopte la généalogie officielle de cette école considérant Nāgārjuna comme son fondateur). Natif de la province du Hénan, Li (李) devint moine à l’âge de 15 ans et étudia drastiquement le Sutra du Lotus. Il lut et perçut le Sutra de la concentration merveilleuse et excellente (j. Myôshôjôkyô - 妙勝定経), puis pratiqua la méditation. Il reçut ensuite la transmission du Dharma de l’introspection de Huiwen (j. emon - 慧文) et obtint l’attestation de la Samādhi du Lotus. En 548, il fut empoisonné à Yan par un moine avec qui il avait eu un débat. Après sa guérison, il ouvrit un cours dans la ville de Ying. Il y fut encore une fois empoisonné. L’année suivante, il entra au temple Nanyue si situé dans la ville de Guang où il donna des cours sur le Grand Sutra de la sagesse. A la même époque, il se rendit au temple mont Dasu pour échapper aux persécutions. Toutefois, les personnes le haïssant étaient encore nombreuses. A Dasu, il retranscrit le Sutra de la Sagesse et le Sutra du Lotus. Il élabora également des textes de prières et s’adonna à l’éducation de ses disciples, dont Zhiyi. En 568, il entra au mont Nanyue où il reçut le titre honorifique de Grand maître en concentration de l’empereur Xuan. Son nom posthume est Grand maître Nanyue (j. nangaku daishi). Parmi les ouvrages dont il est l’auteur, citons la Doctrine de l’arrêt et examen dans le Grand véhicule (j. Daijô shikan hômon -大乗止観法門), du Sens des pratiques aisées du Sutra du Lotus (j. hokkekyô anrakugyô gi - 法華経安楽行義). [24]Zhiyi (j. Chigi - 智顗) (538–597): traditionnellement considéré comme le 4e patriarche de l’école du Tendai en Chine, il en est cependant véritablement le fondateur. Zhiyi est célèbre pour avoir été le premier moine de l’histoire du bouddhisme en Chine à avoir élaboré une classification complète, critique et systématique des enseignements du bouddhisme, de manière à expliquer les apparentes contradictions au sein de ses doctrines. Il est également considéré comme la première figure majeure à avoir établi une rupture significative avec la tradition indienne et, ainsi, avoir élaboré un système Chinois indigène. Né à Huarong dans la province de Jing, Chen (陳), il devint moine à l’âge de 18 ans, après la perte de ses parents et de sa ville de résidence, Jiangling, tombée aux mains des armées des Wei de l’ouest. A 23 ans, il reçut sa plus grande influence de la part de son premier maître Nanyue Huisi, un maître en méditation, considéré plus tard comme le 3e patriarche de la lignée chinoise du Tendai. Après une période d’étude avec Huisi, il passa quelques temps à étudier à Jinling, la capitale du sud. Puis, en 575, il s’installa au mont Tiantai (j. Tendai) pour des études et des pratiques intensives avec un groupe de disciples. Il travailla alors à l’adaptation l’arrêt et examen, pratique indienne de la méditation, en un système complexe de pratiques incluant des rituels dévotionnels. En 585, il retourna à Jinling où il réalisa ses travaux monumentaux de commentaires sur le Sutra du Lotus : le Fahua wenzhu (j. Hokke mongu ou mots et phrases de la Fleur du Dharma), en 587 et le Fahua xuanyi (j. Hokke gengi ou sens mystérieux de la Fleur du Lotus), en 593. Parmi ses plus importants travaux, on peut également citer le Mohe zhiguan (j. Maka shikan ou Grand arrêt et examen), Liumiao famen (j. rokumyô hômon ou la doctrine des six merveilles), sans oublier son œuvre de jeunesse, le shichan boluomi cidi famen (j. shakuzen haramitsu shidai hômon ou Commentaires sur la doctrine progressive de la perfection de la concentration). [25] Zhanran (j. tannen - 湛然) (717 – 782) : 9e patriarche de l’école du Tendai en Chine. Populairement appelé vénérable Jingxi (j. keikei), nom de la région d’où il était natif, il est également appelé grand maître Mio-le (j. myôraku). Zhanran est considéré comme le moine réformateur du Tendai en Chine. Il écrivit de nombreux ouvrages de commentaires des œuvres de Zhiyi dont : Fahua xuanyi shiqian (法華玄義釈箋 j. hokke gengi shakusen ou Commentaires élucidant le Sens mystérieux de la Fleur du Dharma), Fahua wenju ji (法華文句記 j. Hokke mongu ki ou notes sur les mots et phrases de la Fleur du Dharma), Mohe zhiguan fuxing zhuan hongjue (摩訶止観輔行伝弘決j. Makashikan fugyôden guketsu ou Vaste détermination à aider à pratiquer et à transmettre le Grand arrêt et examen), Zhiguan Yili (止觀義例 j. shikan girei ou Exemples d’arrêt et examen), Zhiguan Dayi (止觀大意j. shikuan dai i ou sens général de l’arrêt et examen). Comme Zhiyi, Zhanran mourut au mont Tiantai.
[26]
Saichô (最澄)
(767-822) : fondateur de l’école du Tendai au Japon ; son nom de famille
était Mitsu no Obito et son nom de naissance Hirono. Il naquit à Ômi en 767.
On dit qu’il aurait été un descendant de l’empereur chinois Hsiao hsien de
la dynastie des Han [27] Bhaişajya Rāja (j. Yakuô - 薬王), f. Roi des remèdes) : bodhisattva guérisseur de nombreuses maladies. Il fait partie de la triade de Shakyamuni au Kôfukuji de Nara, temple principal de l’Ecole de la Nature des dharmas (j. hossô – 法相). [28] Dynastie des Tang, synonyme de Chine au Japon. [29] Jie (c. katsu - 羯) : il s’agit du peuple des Mohe (j. Matsukatsu - 靺鞨) nomades errant dans la région de la Mandchourie entre le 5e et le 10e siècle (province de Heilongjiang). A la fin du 7e siècle les Mohe fondèrent le royaume de Bohai (渤海). Les historiens chinois traditionnels identifient les Mohe aux Sushen (肅慎), Yilou (挹婁), et Wuji (勿吉). Au cours de la période des Sui (隋), les Wuji se renommèrent eux-mêmes Mohe. Ils se divisèrent ensuite en sept tribus principales : les Sumo (粟末), les Boduo (伯咄), les Anchegu (安車骨), les Funie (拂涅), les Haoshi (號室), les Heishui (黑水) et les Baishan (白山). [30] De son vivant, l’Eveillé est déjà en butte à de nombreuses haines et jalousies ; à plus forte raison après son extinction : phrase du chapitre « Maîtres du Dharma » (10e) du Sutra du Lotus. [31] Ce passage est extrait des Passages sublimes de la Fleur du Dharma (j. Hokke shûku – 法華秀句) de Saichô (Dengyô) cité encore par Nichiren Daishônin dans le Traité sur la Sélection du temps et le Traité qui ouvre les yeux. [32] Nombreux trésors (s. Prabhūtaratna, j. tahô - 多寶) : Bouddha apparaissant dans le chapitre « Vision du Stupa précieux » (11e) du Sutra du Lotus. Sa mission est d’attester la véracité des paroles de Shakyamuni lorsque ce dernier enseigne le Sutra du Lotus. Nichinyo Shônin A l’occasion de la grande cérémonie de Ontai-é Le 20 novembre 2007 dans le sanctuaire Mieidô du Taisekiji Sutra de la fleur du Lotus du Dharma merveilleux, chapitre seize « Durée de la vie de l’Ainsi-venant » Alors, l’Eveillé, s’adressa aux bodhisattvas et à la multitude des êtres : "Fils de Bien, vous devez croire et comprendre les paroles sincères et véridiques de l’Ainsi-venant". Il dit encore à la multitude : "Vous devez croire et comprendre les paroles sincères et véridiques de l’Ainsi-venant". Puis, encore, il déclara à la multitude : "Vous devez croire et comprendre les paroles sincères et véridiques de l’Ainsi-venant". Alors, les bodhisattvas et la multitude des êtres, Maitreya à leur tête, joignant les paumes, s’adressèrent à l’Eveillé, disant : "Vénéré du monde, notre seul souhait est que vous les prêchiez. Nous recevrons avec foi les paroles de l’Eveillé". Après avoir réitéré par trois fois ces paroles, ils dirent encore : " Vénéré du monde, notre seul souhait est que vous les prêchiez. Nous recevrons avec foi les paroles de l’Eveillé". Trois récitations du Daimoku.
Je remercie profondément les nombreux représentants des fidèles venus, de tout le Japon et de l’outremer, exprimer leur reconnaissance envers la bienfaisance de notre fondateur Nichiren Daishônin, par le biais de la cérémonie traditionnelle de Ontai-é. Je vais parler ce soir du passage du chapitre « Durée de la vie » lu à l’instant même. Vous le savez, le Sutra du Lotus est le sutra suprême, le plus respectable prêché par le vénéré Shakya pendant ses cinquante années d’enseignements. Il représente le but ultime de sa venue en ce monde. Il est le roi de tous les sutras, le grand Dharma transcendant les trois prêches[1]. L’axe principal du Sutra du Lotus est le chapitre « Durée de la vie » de la doctrine originelle. La présence de ce chapitre est la raison pour laquelle le Sutra du Lotus est le roi de tous les sutras. Pour cette raison, Nichiren Daishônin écrit dans la Possibilité d’allonger le karma déterminé : "Le chapitre Durée de la vie est la raison pour laquelle le Sutra de la fleur du Dharma transcende tous les saints enseignements prêchés par l’éveillé au cours de sa vie". Il écrit également dans sa Réponse à Ota saemon no jô : "Le chapitre Durée de la vie est le cœur essentiel de la doctrine originelle. En outre, ce chapitre n’est pas seulement le cœur essentiel d’un sutra ou de tous les saints enseignements de l’éveillé. Il est le résumé du rituel du prêche de tous les Bouddhas dans les trois phases". Nichiren Daishônin précise également, dans le Traité qui ouvre les yeux, la raison pour laquelle le chapitre « Durée de la vie » fut prêché : « Ainsi, Metraiya, voyant à présent ces grands bodhisattvas jamais encore rencontrés pendant plus de quarante ans, doutant des paroles de l’éveillé disant "je leur ai enseigné et les ai convertis et leur est fait pour la première fois éveiller leur cœur à la voie" lui demanda : "Lorsque l’Ainsi-venant était prince héritier, il quitta le palais des Shakya. Non loin de la ville de Gayā, il s’assit sur le lieu de la voie où il obtint de réaliser l’éveil correct et parfait sans supérieur. Depuis, plus de quarante années se sont écoulées. Vénéré du monde, comment, en si peu de temps, auriez-vous effectué si grandement l’œuvre d’éveillé" ? Alors, le vénéré Shakya, souverain de l’enseignement, voulant dissiper ce doute, prêcha le chapitre Durée de la vie. Evoquant les (enseignements) antérieurs et la doctrine éphémère du (Sutra du Lotus), il dit : "Les dieux et hommes de tous les mondes, ainsi que les asuras, pensent tous que le Bouddha Shakyamuni d’à présent a quitté le palais du clan des Shakya pour s’en aller non loin de la ville de Gaya, qu’il s’assit au lieu de la voie où il obtint l’éveil complet et parfait sans supérieur". Afin de dissiper leurs doutes, il déclara : "Or, fils de bien, en vérité, depuis que je suis devenu Bouddha, d’innombrables, d’infinis centaines de milliers de millions de milliards d’éons incalculables se sont écoulés" ». Dans le chapitre « Jaillis de terre », le vénéré Shakya appelle les bodhisattvas jaillis de terre dirigés par les quatre Bodhisattvas, eux-mêmes commandés par le bodhisattva Pratique supérieure. Par le biais de cette apparition, il "ouvre sommairement le proche pour révéler le lointain[2]". Ce faisant, il ébranle les convictions et fait naître le doute chez ceux qui, jusqu’à ce moment, croyaient que Shakyamuni était un Bouddha ayant atteint l’éveil pour la première fois en cette vie. Puis, pour dissiper ce doute et faire naître leur foi, il prêche le chapitre « Durée de la vie », dans lequel il réfute la notion de son éveil premier en ce monde et dévoile le passé lointain. En fait, il effectue alors l’ouverture large du proche pour révéler le lointain par le biais de laquelle il révéle que depuis le passé de cinq cents grains de poussière d’éons, il est présent en permanence, en tant que Bouddha à l’éveil véritable dans le passé, l’Ainsi-venant au corps de rétribution doté du triple corps. Pour cette raison, Nichiren Daishônin écrit dans Hiérarchie de valeur entre le Lotus et les Formules incantatoires : "Tous les sutras traitent de l’éveil premier, sans révéler le Bouddha ancien sans commencement et aux trois corps mutuellement identiques. Ils présentent dès lors l’erreur d’une existence présente sans origine[3]. Ainsi, le Bouddha Grand soleil n’est qu’un nom sans réalité. Le chapitre Durée de la vie, lui, révèle cette notion". Ainsi, l’ouverture et la révélation du passé lointain, effectuées dans le chapitre « Durée de la vie », modifient radicalement la notion de corps du Bouddha développée dans les sutras antérieurs et la doctrine éphémère du Sutra du Lotus. En outre, il réfute la causalité de la bouddhéité exposée dans les quatre enseignements doctrinaux[4] : corbeilles, communs, particuliers et parfaits. Exposant la causalité des dix mondes selon la doctrine originelle, il éclaircit la doctrine de la cause originelle et de l’effet originel, réfutant ainsi la causalité des dix mondes selon les sutras antérieurs et la doctrine éphémère. Enfin, révélant la véritable doctrine de l’éveil des deux véhicules, celle de la présence mutuelle des dix mondes, cent mondes, mille ainsi, Une pensée trois mille, il expose le principe de l’éveil de tous les êtres. Pour cette raison, Nichiren Daishônin écrit dans Points notoires du chapitre Roi des remèdes : "Il est de plus difficile, avec les sutras antérieurs et la doctrine éphémère, de s’extraire des vies et des morts. Or, une fois parvenu au chapitre Durée de la vie de la doctrine originelle, infailliblement, on quitte (le cycle) des vies et des morts". Dans le Traité sur le sens de la substance, il ajoute : "La véritable interruption des égarements s’opère en écoutant le seul chapitre Durée de la vie". Toujours dans le même traité, il poursuit : "Pour cette raison, il faut le savoir, une fois apparu le prêche du chapitre Durée de la vie de la doctrine originelle, toute l’assemblée du mont sacrée obtint l’attestation de la fleur de lotus substantifique[5]. Les deux véhicules, les icchantica, les natures déterminées[6], même les femmes, même les mauvais hommes, obtinrent l’attestation de la fleur du lotus du Bouddha originel". Ces passages signifient que parvenu au chapitre « Durée de la vie » de la doctrine originelle du Sutra du Lotus, l’ouverture et la révélation du passé lointain sont effectuées, éclaircissant ainsi le véritable principe merveilleux de la présence mutuelle des dix mondes et de Une pensée trois mille. Par ce biais, la bouddhéité de tous les êtres, à commencer par les deux véhicules, les icchantica, les natures déterminées, les femmes, les mauvais hommes, est concrètement prouvée. Ainsi, le chapitre « Durée de la vie » n’est pas seulement le chapitre central, essentiel de tous le Sutra du Lotus, il est la substantifique moelle de l’intégralité du prêche développé par le vénéré Shakya tout au long de sa vie. Il représente la voie directe vers l’éveil des dix mondes, de l’éveil dès ce corps, dont la signification véritable est manifestée pour la première fois par le biais de l’ouverture et la révélation du passé lointain de "kuon". Je tenais en premier lieu à présenter les grandes lignes du chapitre « Durée de la vie ». A présent, je vais aborder le passage lu ce soir. Ce dernier se situe au tout début du chapitre. On peut scinder le chapitre « Durée de la vie » en deux parties distinctes : l’exhortation à la foi et la réponse correcte. Cette dernière peut également être divisée en deux parties : la prose et les stances. La partie lue aujourd’hui correspond à l’exhortation à la foi. Celle-ci est constituée de trois exhortations et de trois requêtes puis, d’une requête et d’une exhortation réitérées. Dans les Mots et phrases du Lotus, Zhiyi commente ce processus de la manière suivante : "Les phrases concernant l’ouverture large du proche pour révéler le lointain, sont constituées de deux parties : la première est l’exhortation à la foi, la seconde est la réponse correcte. Le Bouddha parle en exhortant. Ce que reçoivent les êtres est la foi". Ces passages sont composés de trois exhortations et de trois requêtes et d’une requête et d’une exhortation réitérées. Si, à ces quatre requêtes et quatre exhortations, on ajoute les trois requêtes et l’exhortation de la doctrine éphémère, on obtient alors cinq exhortations et sept requêtes. S’agissant d’un phénomène particulièrement excellent et important, il convient de les accepter de tout son cœur". Les trois exhortations et trois requêtes, puis la requête et l’exhortation réitérées, représentent en fait le rituel mis en place par le vénéré Shakya au moment de dévoiler son éveil véritable dans le passé lointain. "L’exhortation" est l’encouragement à bien recevoir avec foi l’enseignement prodigué aux êtres par le Bouddha. "La requête" est la supplique faite, par les êtres au Bouddha, de la n »cessité de leur prodiguer l’enseignement. Concrètement, au moment où l’Eveillé va procéder à l’ouverture du proche et révéler le lointain, il s’adresse au bodhisattva Maitreya, ainsi qu’à toute l’assistance, disant : "Vous devez croire et comprendre les paroles sincères et véridiques de l’Ainsi-venant" (Nyotô tô shinge nyorai jôtai shi go). Maitreya, représentant l’assemblée, répond en faisant par trois fois cette requête : "notre seul souhait est que vous les prêchiez. Nous recevrons avec foi les paroles de l’Eveillé" (yui gan sesshi gatô tô shinju butsugo). Puis, il réitère : "notre seul souhait est que vous les prêchiez. Nous recevrons avec foi les paroles de l’Eveillé". Alors, répondant à cette supplique, le vénéré Shakya prêche "pouvoirs divins et communicants, secrets et hermétiques" (Nyorai himitsu jinzû shiriki - 如来秘密神通之力) et révèle son éveil véritable dans le passé lointain, autrement dit, la longévité du Bouddha depuis le passé de cinq cents grains de poussières. On ne trouve, dans aucun autre sutra, ce processus des trois exhortations et des trois requêtes, suivies d’une requête et d’une exhortation réitérées au moment où le Bouddha prêche le Dharma, montrant ainsi qu’il s’agit d’un enseignement extrêmement important qu’il convient de recevoir de tout son cœur. On comprend dès lors la raison pour laquelle le Sutra du Lotus est le meilleur de tous les sutras. On trouve un procédé identique dans le chapitre « Moyens » du Sutra du Lotus. On l’appelle les trois requêtes et l’exhortation de la doctrine éphémère. En effet, dans le chapitre « Moyens », l’Eveillé prêche l’aspect véritable des dix ainsi. Shariputra demande alors par trois fois au Bouddha de développer cet enseignement. En réponse, celui-ci dit : "A présent, écoute avec lucidité et réfléchis-y bien". Le Bouddha exhorte ainsi Shariputra à recevoir avec foi la doctrine. De cette manière, même dans le chapitre « Moyen », partie principale de la doctrine éphémère, où une importante doctrine est révélée. Est appliqué alors ce processus de trois requêtes et d’une exhortation à recevoir de tout son cœur. Ainsi, les trois exhortations et les trois requêtes suivies d’une requête et d’une exhortation réitérées du chapitre « Durée de la vie », comme les trois requête et l’exhortation du chapitre « Moyens », soit cinq exhortations et sept requêtes précèdent le prêche d’un important enseignement. En particulier, le chapitre « Durée de la vie » étant plus minutieux, on comprend, comparativement, que ce rituel des trois exhortations et trois requêtes suivies d’une requête et d’une exhortation réitérées, exprime une doctrine infiniment plus profonde que dans les sutra antérieurs et la doctrine éphémère du Sutra du Lotus. Je vais à présent aborder la signification du passage lu aujourd’hui. Dans ses Mots et phrases du Sutra du Lotus, Zhiyi commente le passage : "vous devez croire et comprendre les paroles sincères et véridiques de l’Ainsi-venant" de la manière suivante : « "Sincère" signifie "loyal et fidèle". "Véridique" signifie "qui induit la vérité". En d’autres termes, les paroles dénuées de tromperie aboutissent à la vérité. Les sept expédients du passé étaient des paroles prononcées adaptées aux autres. Ils n’exprimaient donc pas la vérité. A présent, les paroles (de l’Eveillé) sont prononcées en fonction de son propre cœur, pour indiquer l’essentiel. C’est pourquoi, elles sont "sincères et véridiques" ». "Sincères et véridiques" signifie donc que les propos du Bouddha révèlent la vérité. Quant aux "sept expédients", ce sont les ascèses pratiquées par les auditeurs, les Bouddhas par soi, les bodhisattvas des enseignements des corbeilles, par les auditeurs, les Bouddhas par soi, les bodhisattvas des enseignements communs et par les bodhisattvas des enseignements particuliers. Toutes ces ascèses, fondées sur les enseignements développés par le Bouddha en fonction des autres, ne constituent pas la pratique en tant que cause parfaite et véritable. Les effets également, étant provisoires, ils ne donnent aucun fruit. Il ne s’agit donc pas là du véritable enseignement du Bouddha. Or, à présent, les paroles prononcées par l’Eveillé dans le chapitre « Durée de la vie », autrement dit, les paroles ouvrant et révélant le passé lointain, représentent la vérité, car prononcées en fonction du cœur même du Bouddha. C’est pourquoi, elles sont sincères et véridiques. Le grand maître Miaole, pour sa part, commente dans ses Notes sur les Mots et phrases du Lotus : "Parvenant aux (paroles) sincères et véridiques à partir des sept moyens du passé et qualifier de provisoire ces sept moyens, c’est se fonder sur le provisoire du passé. Comparés à la doctrine de l’effet, le provisoire et le véritable sont tous deux fonctions du cœur d’autrui". Par conséquent, considérer les sept moyens comme enseignements provisoires possède un sens superficiel considérant uniquement le caractère provisoire des enseignements antérieurs au Sutra du Lotus. Or, du point de vue de l’effet originel de l’éveil véritable dans le passé lointain révélé dans le chapitre « Durée de la vie » de la doctrine originelle, le provisoire comme le véritable furent enseignés "en fonction du cœur d’autrui". Autrement dit, même la partie éphémère de l’enseignement véritable est fonction du cœur des autres. Pour cette raison, Nichiren Daishônin écrit dans Les dix mondes de dharmas : "Ce commentaire est clair : la doctrine éphémère aussi est fonction du cœur des autres". Dans la doctrine éphémère du Sutra du Lotus, il est encore question de l’éveil premier du Bouddha au cours de cette vie. Sa longévité éternelle n’est donc pas évoquée. Dès lors, il s’agit encore d’un enseignement délivré en fonction du cœur d’autrui. Par contre, le chapitre « Durée de la vie » prêché par le vénéré Shakya, étant un sermon dévoilant l’importante révélation du passé lointain, fut exposé en fonction de son propre cœur. C’est pourquoi, aussitôt après avoir exhorté soigneusement par quatre fois : "Vous devez croire et comprendre les paroles sincères et véridiques de l’Ainsi-venant", il prêcha la doctrine la plus importante, la plus essentielle de ses cinquante années d’enseignements. Le mot "croire", utilisé dans l’expression "croire et comprendre", signifie en général : avoir la foi, avoir confiance, avoir la conviction. Dans le bouddhisme, on parle de "foi libérée du doute". L’expression exacte est : "ce qui est dénué de doute est appelé foi[7]". Quant au mot "comprendre", il implique la compréhension, mais aussi l’illumination et la délivrance. Ces mots possèdent ainsi diverses significations, mais, en tout état de causes, ils demandent à ce que l’on ait foi et que l’on comprenne l’enseignement du Bouddha. Comme je l’ai dit auparavant, dans le chapitre « jaillis de terre », le vénéré Shakya procéda à l’ouverture abrégée du proche pour montrer le lointain, puis, parvenu au chapitre « Durée de la vie », il dévoila complètement le corps du Bouddha présent en permanence depuis le passé lointain, réfutant ainsi la notion d’éveil premier en cette vie. Pour les disciples qui, depuis les enseignements provisoires au Sutra du Lotus jusqu’à la doctrine éphémère de ce dernier, avaient entendu divers enseignements et avaient pratiqué l’ascèse, cette chose qu’ils entendaient pour la première fois était absolument bouleversante. Se devant d’effacer leur doute au moment de révéler le passé lointain, cœur essentiel de tout son enseignement, il leur demanda de profondément "croire et comprendre" les "paroles sincères et véridiques de l’Ainsi-venant". Concernant la révélation du passé lointain, dans le chapitre « Durée de la vie », Nichiren Daishônin indique dans le Traité qui ouvre les yeux : "Ainsi, si l’Eveillé n’avait pas élucidé ce doute, ses saints enseignements prodigués tout au long de sa vie auraient été semblables à de l’écume et tous les êtres seraient restés prisonniers des rets du doute. Là réside l’importance du seul chapitre « Durée de la vie »". En même temps que de libérer Maitreya et la multitude des êtres des mailles du doute, cette révélation rendit véridique l’intégralité des saints enseignements de toute la vie du Bouddha et permit à tous les êtres de réaliser leur vœu profond de devenir Bouddha. Pour cette raison, Nichiren Daishônin indiqua dans le Traité qui ouvre les yeux : "Si, au sein de l’ensemble des sutras, ce chapitre « Durée de la vie » n’existait pas, ce serait comme s’il n’y avait pas de soleil ni de lune dans le ciel, comme un pays sans grand souverain, comme des montagnes et des rivières sans pierres précieuses, comme un homme sans âme". Là, il convient de reconsidérer la signification du chapitre « Durée de la vie ». En fait, la raison pour laquelle le vénéré Shakya prêcha ce chapitre semble être apparemment pour les êtres de son époque. Toutefois, foncièrement, cette vérité était destinée à tous les êtres après son extinction. C’est pourquoi, Nichiren Daishônin précise dans le Traité sur l’adoption de l’essentiel du Lotus : "Question : pour qui fut prêché le chapitre « Durée de la vie » dévoilant largement le proche pour révéler le lointain ? Réponse : le chapitre « Durée de la vie » et les deux moitiés sont véritablement destinés du début à la fin aux êtres après l’extinction du Bouddha. Après l’extinction, il est destiné à Nichiren dans la période actuelle de la Fin du Dharma". Dans le même traité, il ajoute : "Or, dans les phrases dévoilant sommairement le proche pour dévoiler le lointain et, ainsi, générer le doute et ébranler les attachements, il est dit : "Il se peut que, si les bodhisattvas ayant émis récemment la pensée (d’éveil) entendent ces propos après l’extinction (de l’Eveillé), ils ne les acceptent pas avec foi et commettent des causes et conditions menant à la destruction du Dharma". La signification de cette phrase est que (si l’Eveillé) n’avait pas enseigné le chapitre « Durée de la vie », tous les êtres ordinaires de l’ère finale tomberaient dans les mauvaises voies". Il convient toutefois de se demander pour quelle raison, Nichiren Daishônin affirme que la révélation faite dans le chapitre « Durée de la vie » est destinée à la période postérieure à son extinction et, tout particulièrement, pour celle de la Fin du Dharma. En fait, c’est parce que le Dharma merveilleux présent dans le chapitre « Durée de la vie » fut transmis au bodhisattva de l’enseignement originel Jôgyô, pour qu’il le partage avec tous les êtres du Janbudvipa dans l’ère finale. En d’autres termes, après avoir écarté largement le proche et révélé le lointain dans le chapitre « Durée de la vie », le vénéré Shakya transmis Myôhôrengekyô, essence du Sutra du Lotus, au bodhisattva Jôgyô par le biais des quatre stances du Dharma essentiel[8] du chapitre « Pouvoirs transcendantaux », lui conférant en même temps la mission de le propager dans la Fin du Dharma. Nichiren Daishônin est apparu dans la période de la Fin du Dharma en tant que manifestation du bodhisattva Jôgyô. Toutefois, la position de ce bodhisattva n’est que l’aspect extérieur de sa fonction interprétée selon l’enseignement. Examiné sous l’angle profond et secret de son attestation intérieure enfouie au fond des phrases du sutra, il s’avère être en fait le souverain originel du chapitre « Durée de la vie », la substance de l’Ainsi-venant du passé hors du temps au corps de rétribution qui "de lui-même reçoit et emploie", l’aspect vénérable d’Une pensée trois mille, le Bouddha originel sans artifice, le Bouddha de l’ensemencement pour la période présente de la Fin du Dharma, le souverain de l’enseignement de la merveille de la cause originelle. C’est pourquoi, dans le Traité sur la merveille de la cause originelle, Nichiren Daishônin écrit : "L’ascèse physique du vénéré Shakya, au degré de dénomination dans le passé lointain, s’est transposée dans le corps au degré de dénomination de Nichiren dans le présent de la Fin du Dharma. En outre, dans le Traité en cent six articles, il précise : "La pratique présente de Nichiren n’est absolument pas différente de l’attitude (au degré) de dénomination du passé lointain". Dans le même traité, il ajoute : "Le seul respectable dans le ciel et sur la terreau début du passé hors du temps est Nichiren[9]". Ces passages signifient en fait qu’au cours du rite de la transmission effectuée dans le chapitre « Pouvoirs transcendantaux », le Bouddha originel Nichiren Daishônin, Ainsi-venant du passé hors du temps au corps de rétribution qui "de lui-même reçoit et emploie", apparaît sous les traits d’un bodhisattva de l’enseignement originel afin d’aider le vénéré Shakya exposant la longévité du Bouddha hors du temps dans le chapitre « Durée de la vie ». Ils signifient en outre que la réception par celui-ci de la transmission de la diffusion dans la Fin du Dharma, l’avènement du Bouddha originel dans la Fin du Dharma pour établir les trois grands Dharmas ésotériques est attestée. Par conséquent, du point de vue de la Fin du Dharma, le bodhisattva Pratique supérieure, apparaissant dans le Sutra du Lotus, est en fait l’aspect provisoire du Bouddha originel du passé hors du temps, autrement dit Nichiren Daishônin. Au sujet de la substance véritable, objet de la transmission de l’essentiel, Nichikan Shônin écrivait dans le Traité sur ce qui est caché et enfoui au profond des phrases : "Le Dharma secret, de la plus haute importance du vénéré Shakya, est la substance véritable, objet de la transmission de l’essentiel, à savoir le Honzon de la doctrine originelle, unique au sein des trois grands Dharmas ésotériques, but de la venue en ce monde de notre fondateur Nichiren Daishônin. Il s’agit du grand Dharma caché profondément dasn le cœur du vénéré Shakya depuis le passé des poussières d’éons. C’est pourquoi il est qualifié de la plus haute importance". Le Dharma merveilleux, objet de la transmission de l’essentiel du vénéré Shakya au bodhisattva Pratique supérieure, et porté à présent par Nichiren Daishônin, est les cinq caractères du Dharma merveilleux, Dharma originel du passé hors du temps. En d’autres termes, le Honzon de la doctrine originelle, unique au sein des trois grands Dharmas ésotériques. Ce Gohonzon des trois grands Dharmas ésotériques n’est autre que le Dharma fondamental protégé et gardé par les Bouddhas des trois phases, dont le vénéré Shakya. Il est le Dharma source du salut de tous les êtres au cours des trois phases. Dans la Transmission orale de la doctrine, Nichiren Daishônin définit les cinq caractères du Dharma merveilleux, Dharma originel du passé hors du temps, de la manière suivante : "Le corps qui, de lui-même reçoit et emploie est Une pensée trois mille. Dengyô disait : ‘Une pensée trois mille est identique au corps qui, de lui-même, reçoit et emploie’". Ainsi, Myôhôrengekyô représente l’unicité de la Personne et du Dharma, l’unicité du Dharma et de la Personne. Du point de vue de la Personne, il s’agit de notre fondateur, le Bouddha originel Nichiren Daishônin, manifestation de l’Ainsi-venant du passé hors du temps au corps de rétribution qui, de lui-même reçoit et emploie. Du point de vue du Dharma, il s’agit du Dharma merveilleux du passé hors du temps. Dès lors, lorsque tous, nous vénérons Nichiren Daishônin en tant que Bouddha originel de la Fin du Dharma et récitons de tout notre cœur envers sa vie intérieure, le Dai Gohonzon du Kaidan de la doctrine originelle et nous efforçons dans la pratique personnelle et la conversion d’autrui, devenir Bouddha dès ce corps est assuré, sans le moindre doute. Je souhaite qu’à l’occasion de ce Tozan, vous croyiez et compreniez fermement cette notion et vous adonniez encore plus intensément à la pratique. A présent, les moines et les laïques de la Nichiren Shôshû, unis dans l’esprit des corps différents animés d’un cœur identique, progressent vers la réalisation de la mission conférée par le Grand Patriarche Nikken Shônin pour la commémoration en 2009 du 750e anniversaire de la présentation de la bonne doctrine du Traité sur la Sérénité du pays par l’établissement de la rectitude : « doubler le nombre des jaillis de terre » et « le grand rassemblement ». Je souhaite du fond du cœur votre progression zélée, fondée sur une forte foi, jusqu’à la réalisation de ces missions. Notes sur le texte [1] Trois prêches (j. sansetsu- 三説) : il s’agit des enseignements déjà prêchés (j. isestu - 己説), prêchés à présent (j. konsetsu - 今説) et prêchés dans le futur (j. tôsetsu - 当説). Dans le chapitre « Maîtres du Dharma », le Sutra du Lotus indique : "Les sutras prêchés par moi sont innombrables. Il y a ceux que j’ai prêchés par le passé, celui que je prêche à présent et celui que je prêcherai dans le futur. Or, parmi tous ceux-ci, le Sutra de la Fleur du Dharma est le plus difficile à croire et le plus difficile à comprendre". Interprétant ce passage, Zhiyi écrit dans les Mots et phrases du Lotus que "les sutra prêchés par le passé" sont les sutras antérieurs au Sutra du Lotus, que le sutra prêché à présent est le Sutra des Sens infinis et que le sutra prêché dans le futur est le Sutra du Nirvana. Nichiren Daishônin, quant à lui précise, dans l’Eveil dès la première aspiration par la fleur du Dharma, que le Sutra du Lotus transcende ces trois notions, dont il ne fait pas partie. [2] Ouverture sommaire du proche pour révéler le lointain (j. ryakkaigon kennon – 略開近顕遠). Le proche désigne la notion selon laquelle Shakyamuni est devenu Bouddha pour la première fois à l’âge de trente ans, après avoir pratiqué les austérités. Le lointain désigne le véritable éveil dans le passé. Avec l’ouverture sommaire du proche pour révéler le lointain, Shakyamuni lève partiellement le voile sur son véritable éveil dans le passé, laissant entendre qu’il a éduqué les bodhisattva jaillis de terre depuis très longtemps. Sa véritable explication s’appelle l’ouverture large du proche pour révéler le lointain (j. kô kaigon kennon – 広開近顕遠). Elle est faite dans le seizième chapitre, « Durée de la vie » lorsque Shakyamuni déclare : "en vérité, depuis que je suis devenu Bouddha, d’innombrables, d’infinis centaines de milliers de millions de milliards d’éons incalculables se sont écoulés". [3] Existence présente sans origine (j. honmu kon’nu – 本無今有) : formule stigmatisant l’erreur des sutras antérieurs et la doctrine éphémère du Sutra du Lotus, traitant de l’aspect provisoire du Bouddha, sans révéler sa nature originelle dans le passé lointain. Zhiyi expose ce processus par le biais de l’image de la lune : "ignorants la lune dans le ciel, ils admirent la lune dans l’étang" (不識天月但觀池月 – c. bushi tianyue, danguan chiyue, j. fushiki tengetsu, tankan chigetsu). [4] Quatre enseignements doctrinaux (j. kehô no shikyô – 化法の四教) : classement des enseignements du Bouddha effectué par Zhiyi. Il s’agit des enseignements des corbeilles, correspondant au Hinayana, des enseignements communs, présents à la fois dans le Hinayana et le Mahayana, des enseignements particuliers, correspondant uniquement au Mahayana et de l’enseignement parfait, correspondant au Mahayana véritable, c’est-à-dire le Sutra du Lotus. [5] Fleur du lotus substantifique (j. tôtai renge – 当体蓮華) : la substance de tous les êtres est Myôhôrengekyô. [6] Natures déterminées (j. jôshô – 定性) : ceux dont la prédisposition les amène naturellement à devenir auditeur, Bouddha par soi ou bodhisattva, indépendamment de l’enseignement professé. [7] Ce qui est dénué de doute est appelé foi (j. mugi wasshin - 無疑曰信) : expression extraite du 10e fascicule des Mots et phrases du Lotus de Zhiyi. [8] Quatre stances du Dharma essentiel (j. shiku no yôbô - 四句の要法) : passage du chapitre « Pouvoirs transcendantaux) par le biais duquel, le vénéré Shakya transmet le Dharma merveilleux et la mission de le propager dans la Fin du Dharma au bodhisattva Pratique supérieure (Jôgyô) : "Pour en dire l’essentiel, tous les Dharma possédés par l’Ainsi-venant, tous les pouvoirs transcendantaux (qu’utilise) librement l’Ainsi-venant, toutes les corbeilles essentielles secrètes de l’Ainsi-venant et tous les actes de très haute importance de l’Ainsi-venant, sont tous montrés et révélés dans ce sutra”. [9] Cette phrase reprend la « stance de la nativité » contée dans les Instructions longues des Sutras Agama selon lesquelles, au moment de sa naissance, Shakyamuni marcha sept pas, leva la main droite et prononça : "je suis le seul respectable dans le ciel et sur la terre". |