LE BOUDDHISME

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04/01/2010 10:04

 

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Rvd. Hakudô Môri
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Le métro

Souhait d'une lecture attentive

Tradition et modernité

Élimination des embarras

Les causes du développement

La tradition et notre temps

Le métro

Il existe, je pense, une relation indissociable entre Paris et son métro. Vous me direz, que Paris est également doté de bus et de RER. Pourtant, si l’on comparait Paris à un corps humain, les quatorze lignes du métro représenteraient un élément indispensable : ses vaisseaux sanguins.

Bien sûr, de temps en temps, une grève interrompt son service ou, plus rarement, un accident se produit, le ralentissant. Toutefois, en général, après quelques heures de patience ou de maintenance appropriée, les problèmes se résorbent et la sécurité est rétablie. Certaines catégories de personnes disent avec une certaine forfanterie : «je ne me déplace qu’en voiture de luxe avec chauffeur, je n’ai, au grand jamais, pris le métro» ! Mon épouse et moi-même sommes ni parisienne, ni parisien, pourtant nous aurions envie de dire à ces gens là : «Que racontez-vous là» ?

S’il n’y avait pas le métro ni de couloirs pour les autobus, non seulement les voies de communication principales de Paris, mais également les petites rues seraient engorgés de véhicules et, aussi rutilantes fussent-elles, les voitures, même de luxe, ne serviraient à rien. De plus, les gaz d’échappement rendraient la survie même des habitants de Paris, humains, chiens, chats et autres, impossible. La capitale deviendrait la «ville de la mort».

Personnellement, deux fois par semaines, je bénéficie de l’assistance du métro, principalement de la ligne numéro neuf. Depuis neuf ans, j’ai voyagé sur toutes les lignes, de la un à la quatorze.

Cette année, l’apparition du froid a été rapide. Hormis les jours où je suis en déplacement en France ou à l’étranger, je ne manque jamais d’aller me recueillir devant le monument dédié aux trois maîtres, après le Gongyô du matin. C’est une attitude évidente pour un moine de la Nichiren Shôshû prêchant la foi et la reconnaissance envers les trois trésors : le Bouddha, le Dharma et le Moine. Le matin du 11 décembre de cette année, jour de la cérémonie de Okô, le petit bassin du jardin était recouvert aux deux tiers de sa surface, d’une fine couche de glace.

Si on la négligeait, l’eau des vases de shikimi offerts au monument gèlerait également et le feuillage mourrait.

Un matin, je me suis rendu dans un magasin Darty à Paris. Etant maladroit, j’utilise un vieux modèle de fax et j’allais acheter des rouleaux de carbone de rechange. Devant le magasin, sept à huit pigeons étaient rassemblés. En général, les pigeons des rues sont inlassablement en mouvement, à la recherche de nourriture. Afin de ne pas être bousculés par les automobiles ou mêlés aux pas des passants, ils s’arrêtent sur les toits de maisons, les branches des arbres, parfois sur les monuments et diverses statues. Aussi, l’aspect de ces quelques pigeons, regroupés à même le trottoir fréquenté, posés confortablement les uns contre les autres, les yeux à demi fermés de bien-être, était pour moi un spectacle insolite.

Il m’arrive rarement de m’attarder à regarder les pigeons. Pourtant, ce matin là, pris de curiosité, je restai à les observer.

En fait, il n’y avait là rien d’étonnant. Afin de lutter contre le froid, les pigeons s’étaient regroupés sur une grille d’aération du métro, sur laquelle ils somnolaient. Mais oui, s’était bien sûr, l’air chaud évacué à cet endroit n’était ni trop chaud, ni trop froid, variant de temps en temps de température. Les pigeons n’étaient ni plongés dans un réfrigérateur, ni rôtis comme des poulets. C’était véritablement un endroit agréable pour eux.

Selon certains spécialistes, le pigeon serait un des animaux possédant le plus petit cerveau par rapport à son poids. Autrement dit, il serait l’un des animaux manquant le plus de la sagesse appelée «capacités». Pourtant, ces pigeons n’étaient-ils pas là, en ce lieu, à se réchauffer ensemble, parce que, justement, contrairement aux êtres humains, ils savent rester à leur rang social ? Comparés à un ministre d’état perdant son poste pour avoir occupé un appartement d’une superficie excessive dans un quartier chic, ils sont beaucoup plus sérieux.

Fort d’émotions insignifiantes, je marchais quelques dizaines de mètres. Après une suite de cinq à six boutiques de fleuristes, je tombais sur un kiosque vendant des journaux, des revues et des dizaines de sortes de cartes postales pour touristes, représentant des paysages de Paris pris sous tous les angles. Il y avait également des portraits d’artistes français célèbres. Parmi eux, je reconnus immédiatement Marilyn Monroe. Il y avait donc aussi des portraits d’artiste très connus. Malgré des apparences frivoles, la vie de Marilyn Monroe ne fut en rien simple. Elle fut extrêmement dure, complexe et, en même temps, riche. La photo qui décupla sa célébrité est «la fameuse photo» où le souffle de la grille d’aération du métro soulève sa jupe blanche et expose la beauté du galbe de ses jambes. Je ne sais pas si cette photo fut prise à New York ou dans une autre ville. En tout cas, elle exprime parfaitement la finesse du sens artistique de la personne ayant dirigé cette scène.

En ce monde, d’innombrables femmes sont détestées par d’autres femmes. Pourtant, il existe également des femmes qui, en dépit d’une vie rocambolesque, ont été et continuent à être spirituellement aimée par d’autres femmes. Coco Chanel est l’un de ces exemples en France. Marilyn Monroe est peut-être un autre exemple similaire.

Revenant sur mes pas, je me demandais ce que faisaient mes pigeons de tout à l’heure. Sans doute étaient-ils toujours au même endroit, sans signe d’un quelconque mouvement, se sentant tellement bien là où ils étaient.

Les grilles d’aération du métro n’ont certainement pas été conçues pour offrir de l’air chaud au pigeon. Toutefois, pour eux, pour elles, elles constituent, sous une forme surprenante, un présent utile.

Par contre, tournons nos yeux vers la société humaine. On dit que, parallèlement au développement, la vie quotidienne des êtres humains est devenue plus opulente. Toutefois, à force de réflexion, on s’aperçoit que si, effectivement, on peut voir un accroissement des richesses pour une partie de l’humanité, le résultat de cet accroissement est aussi une augmentation notable des distorsions. Chaque année, lorsque l’hiver est là, lorsqu’une vague de froid est annoncée, le sauvetage des sans domiciles fixes redevient un thème récurrent. Des personnes vivant sans domicile existent aussi au Japon. Toutefois, je perçois le sentiment de la société française vis-à-vis de ces personnes défavorisées, comme plus chaleureux et plus riche.

Les êtres humains que nous sommes sont tous des hommes et des femmes ordinaires. Quand nous regardons des pigeons se réchauffer sur une grille de métro, nous pouvons penser à Marilyn Monroe, ou encore, aux sans domiciles fixes. Quelque soit la pensée qui nous vient à l’esprit, elle provient d’une même personne et d’un même cœur.

Dans le Traité élucidant la causalité dans les dix mondes, Nichiren Daishônin écrivait :

«Neuvièmement : les bodhisattvas sont des êtres qui, parmi les êtres ordinaires plongés dans les six voies, font peu de cas d’eux-mêmes et prennent grand soin des autres, qui tournent le mal vers eux et tournent le bien vers autrui».

Le degré des bodhisattvas n’est pas situé au sommet du bouddhisme. Toutefois, nous, adeptes de la Nichiren Shôshû, pratiquant le Dharma de Nichiren Daishônin, devons nous doter de ses vertus et les manifester naturellement dans nos paroles et attitudes quotidiennes. Nous devons également être la source d’une atmosphère dont nous faisons profiter notre entourage, en exhalant un parfum d’humanité.

Nous pouvons nous parer d’une partie du degré des bodhisattvas, grâce aux qualités de la doctrine de Nichiren Daishônin et des œuvres et vertus inégalables du Gohonzon.

Penser qu’il suffit d’avoir foi soi-même dans le Gohonzon, substance du pouvoir du Bouddha et du pouvoir du Dharma, reviendrait en fait à un acte dénué de compassion.

Offrir notre joie aux autres et prendre pour soi la souffrance d’autrui : c’est le seul chemin pour que l’un et l’autre solutionnent fondamentalement leurs souffrances et opèrent des changements. Pour arriver à cette situation, nous devons progresser encore dans la foi, la pratique et l’étude afin d’obtenir le courage et la conviction de pouvoir parler ouvertement du bouddhisme aux autres.

Post-scriptum

Une personne ayant lu ce texte m’a donné son avis. «Monsieur Mori, les grilles d’aération du métro sont peut-être très appréciées des pigeons en hiver. Cependant, ne pensez-vous pas qu’au plus fort de la chaleur estivale, le vent brûlant sortant de ces bouches d’aération soit par contre une gène pour les pigeons» ?

C’est tout à fait vrai et la controverse est impossible.

Cependant, il existe de nombreux jardins publics à Paris et en banlieue et également, des fontaines dans les rues.

Des pigeons et toutes sortes d’oiseaux viennent s’arroser de l’eau du bassin, dans le jardin du Dojo.

Comme les vagues de froid, les vagues de chaleur sont redoutables.

La cloche d’alarme vis-à-vis du réchauffement de la planète a été sonnée depuis déjà longtemps. Si l’humanité, sensée être beaucoup plus intelligente que les pigeons, ne fait rien dès à présent pour tenter de changer la situation, en utilisant sa grande sagesse, la terre deviendra une boule de feu et l’humanité se sera ainsi autodétruite. Je souhaitais appeler, dans cette postface, la nécessité pour les hommes de s’auto admonester, afin qu’ils changent leur état d’esprit.

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Souhait d’une lecture attentive du ‘Cours sur le Traité sur la sérénité du pays par l’établissement de la rectitude’ donné par Nikken Shônin.

Le 16 juillet 1260, Nichiren Daishônin présenta le Traité sur la sérénité du pays par l’établissement de la rectitude au gouvernement militaire de Kamakura. Il fit cette première remontrance aux autorités à l’âge de trente-neuf ans.

Auparavant, déjà, il avait totalement critiqué et réfuté les erreurs des autres religions, tant du point de vue des principes bouddhiques, que du point de vue sociologique. Pour cette raison, il fut persécuté à maintes reprises par les autres religieux et leurs fidèles.

Or, après la présentation du Traité sur la sérénité du pays par l’établissement de la rectitude, le pouvoir d’état lui-même, implicitement et explicitement, s’ajouta au nombre des persécuteurs, exerçant ouvertement une grave oppression à l’encontre de Nichiren Daishônin et de ses disciples.

Toutefois, Nichiren Daishônin lui-même, avait déjà prédit ces difficultés et, il ne pouvait être autrement qu’il lut physiquement, qu’il expérimenta avec son corps, toutes les prophéties énoncées dans le Sutra du Lotus.

Quant à elle, la France a expérimenté deux guerres mondiales. Elle est devenu champ de bataille où on péri de nombreuses victimes. Hormis les dégâts de surface, personne ne doit oublier que, même aujourd’hui, dans ses sphères profondes, elle porte encore de sérieux problèmes.

L’humanité est sensée être pleine, à l’origine, de connaissances et de sagesse. Or, en fait, force est de dire qu’elle est fortement teintée d’éléments de folie imbécile.

La manifestation représentative de sa sagesse nuisible, qualifiable de poison, est les différentes formes de guerres.

Par chance, depuis soixante ans, aucune guerre d’ampleur mondiale n’a éclaté. Cependant, sur toute la surface de la planète, des guerres entre pays et des guerres civiles éclatent sans répit et perdurent indéfiniment. Comme toujours, les personnes plongées dans l’état de plus grande détresse à cause de ces guerres, sont celles qui n’ont rien à voir avec ces conflits : le peuple et, en particulier, les plus faibles du point de vue social, à savoir les enfants, les femmes, les vieillards et les handicapés physiques.

Afin de déterminer pourquoi, par qui éclatent les guerres, une cause unique ne pouvant être dégagée, il serait nécessaire de faire diverses investigations. Toutefois, en tout état de cause, il convient d’admettre que la source des conflits se trouve dans le cœur et les mauvaises passions des êtres humains.

Au terme d’une profonde et longue réflexion, le grand Maître Dengyô Saichô (767-822), fondateur de l’école du Tendai au Japon, se définit lui-même comme ‘le plus fou parmi les plus sots’. Cette autodéfinition, faite par l’homme certainement doté de la sagesse la plus brillante de son époque, devrait être la prise de conscience de soi-même de toutes les personnes ayant une position de dirigeant dans toutes les sphères de la société. Malheureusement, la connaissance d’elles-mêmes des diverses classes dirigeantes se limite à une comparaison aux autres. Aussi, la réflexion sur soi est-elle inexistante ou insuffisante. De fait, ces gens ne se connaissent pas.

Seule la prise de conscience de sa propre «sottise» représente l’établissement de la véritable «sagesse». Telle est la première porte du bouddhisme. Pourtant, les classes dirigeantes l’ont oublié et les peuples, placés sous leur juridiction sont véritablement à plaindre.

Lorsqu’un égoïste, s’ignorant lui-même devient plus fort que les autres, la guerre éclate ou ce corps vital irremplaçable qu’est la terre, y compris la nature, risque d’être détruit.

L’origine de toutes les catastrophes, y compris la guerre, se trouve en réalité dans l’être humain lui-même. Ceux qui prennent les catastrophes ou diverses difficultés comme des événements concernant uniquement les autres, ne comprenant pas que ‘demain ce sera leur tour’ et croient ‘être les seuls respectables et hors de danger’ sont tombés dans la manière de penser et de vivre la plus stupide.

Plus on étudiera les doctrines bouddhiques de la «non dualité du corps et de l’esprit» et de la «non dualité de l’homme et de son environnement», plus on comprendra la nécessité d’accumuler de profondes réflexions sur soi, afin de comprendre que, détenteurs de la substance des dix mondes, nous sommes dotés simultanément et à la fois de la plus haute «sagesse» et de la plus basse «stupidité».

Si, en tant que loi de l’esprit, nous vivons dans les trois mauvaises voies, alors, les trois mauvaises voies se manifesteront telles quelles dans notre loi de la matière. Le lieu où vit le détenteur de la substance des trois mauvaises voies devient les trois mauvaises voies elles-mêmes. Il est dès lors important de le comprendre et de se livrer à une introspection.

Le lieu serein et paisible ne peut se trouver nulle par ailleurs que sous les pieds de ceux qui possèdent une loi du cœur parfaite.

Le 4 septembre dernier, le «cours sur le Traité sur la sérénité du pays par l’établissement de la rectitude» ; donné par Nikken Shônin, a été remis en souvenir de la réunion générale fondatrice du Hokkekô. Nikken Shônin a donné ce cours avec le plus grand soin. Certes, du fait de sa longueur, de la complexité des termes utilisés et des commentaires, sa lecture n’est pas chose aisée. Toutefois, il convient de lire quotidiennement ce livre, en l’interprétant comme la manifestation de la rigueur et compassion de Nikken Shônin, exprimant sa reconnaissance envers la bienfaisance de Nichiren Daishônin et son désir de faire progresser la vaste propagation.

Je demande fortement à tous de lire attentivement le ‘Cours sur le Traité sur la sérénité du pays par l’établissement de la rectitude’, tout en souhaitant que chacun se dote de manière certaine des yeux du bouddhisme, dans la perspective de pouvoir porter un regard juste sur la société et l’état du monde, avoir une manière de penser, de parler et d’agir appropriée vis-à-vis de cette situation, sans non plus s’en accommoder, et poursuivre un idéal.

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Tradition et modernité

C’est après sa mort à l’âge de 80 ans, le 22 novembre de l’année dernière, que j’ai appris que Maurice Béjart était Français. Jusqu’alors, j’ai toujours pensé qu’il était Belge. J’ai pris alors de nouveau conscience, à ma grande honte, de mon inculture.

En ce qui concerne l’art du ballet, force est de dire que le Japon est encore un pays en voie de développement. Toutefois, « les danses classiques japonaises et les théâtres Nô et Kabuki » présentent un point commun avec les ballets Européens. Dans tous les cas, les jambes représentent l’élément central de l’art. Bien entendu, un artiste, un danseur accompli joue une œuvre en utilisant tout son corps et toute son âme, autrement dit, la totalité de la loi de la matière et de la loi de l’esprit. Le mouvement d’un cheveu, d’un doigt de la main possède une valeur proche de ceux des jambes. Toutefois, même dans les arts où seul le haut du corps travaille, celui-ci est soutenu par les jambes.

J’ai connu pour la première fois l’existence du « Ballet du 20e siècle » et de son chorégraphe, Maurice Béjart, dans ma jeunesse, en regardant la télévision. Je pourrais regarder indéfiniment « le Boléro », sans jamais me lasser. C’est bien plus tard que j’ai appris le nom de Jorge Donn, le danseur interprétant ce ballet.

Le 30 décembre dernier, seize personnes dont trois enfants ont effectué le ménage du Shingyôji. Un couple de pratiquants, spécialisés dans le nettoyage s’est chargé des sols et, malgré la pluie fine, le jardin a également été balayé.

Les 28, 29 et 31, des pratiquants qui, pour des raisons personnelles n’ont pu participer au ménage du 30 sont venus faire le ménage de parties moins importantes. Grâce à tous, le Shingyôji a pu passer la nouvelle année dans la propreté.

On parle facilement de nettoyer, ou de polir. De nombreuses personnes prennent du temps et consacrent de l’argent pour les soins de leur visage, de leurs ongles ou de leurs chaussures. Par contre, peu participent gratuitement à l’embellissement de lieux publics.

Les êtres humains ont la fâcheuse tendance à remettre à plus tard ce qu’ils devraient faire en priorité et à faire en premier ce qu’ils pourraient remettre à plus tard. Une mauvaise habitude ne pose pas de problème tant qu’elle demeure à un niveau individuel. Toutefois, si cette mauvaise habitude se généralise à l’humanité, elle devient alors la tendance de la terre elle-même, support de l’humanité. Le réchauffement planétaire, qui fait tardivement grand bruit depuis quelques années, en est un bon exemple.

Une pratiquante française, admiratrice de l’œuvre de Maurice Béjart a demandé l’inscription d’un Toba pour lui faire l’offrande du bien. Elle a demandé l’inscription de sept Toba, pour les sept cérémonies hebdomadaires, du "premier septième jour" au "septième septième jour". Cette pratiquante, demandant souvent l’inscription de Toba pour ses proches et ses amis, connaît bien la signification de ce rite. C’est pourquoi, elle a fait l’offrande du bien par le biais de l’inscription de cette plaquette funéraire tous les sept jours. Le défunt, entendant Nam Myôhôrengekyô, son merveilleux, voix du Bouddha dotée de profondes et vastes œuvres et vertus, doit alors éprouver un sentiment inconcevable. Cependant, il éprouve aussi une profonde gratitude envers la personne lui faisant l’offrande du bien, pour la joie que celle-ci lui procure.

Cette pratiquante ne pouvant participer au grand ménage du 30 est venue quelques jours plus tôt au Shingyôji pour nettoyer les vitres. Elle a fait ce ménage après avoir participé au Gongyô du matin à 7 heures.

C’était un matin mouillé d’une petite pluie froide. Pour le ménage des vitres, elle n’a pas utilisé de produit, ni de matériel particulier. Elle a utilisé la méthode traditionnelle consistant à frotter à l’aide de papier journal, mettant deux à trois heures pour polir les vitres de la salle principale et du hall de réception.

Le style de vie de cette personne, tout comme son aspect extérieur sont très modernes. En même temps, elle fait ressentir son fort désir de comprendre les enseignements et la mise en pratique des rites traditionnels de la Nichiren Shôshû.

L’origine de nos actes de nettoyage et de polissage réside dans notre "intention de nettoyer et de polir". Si notre cœur lui-même est purifié, poli, alors quoi que l’on décide de nettoyer et polir, l’énergie nécessaire à le faire jaillira naturellement.

Comment, avec quoi, polir ce cœur, élément essentiel ? Si l’on recherche la réponse à cette question en lisant le Gosho, on trouve dans « Devenir Bouddha en une vie » :

"Même un miroir embué, si on le polit, devient comme un joyau. A présent, l’illusion de l’ignorance de la une pensé est un miroir non poli. Si vous le polissez, il deviendra immanquablement le clair miroir de la véritable ainsité de la nature du Dharma. Concevez une conviction profonde et polissez le miroir sans négligence, jour et nuit, le matin et au crépuscule. Comment doit-on polir ? Uniquement réciter avec respect Nam Myôhôrengekyô peut être appelé polir".

Le ménage effectué autour du 30 décembre avait pour objectif le nettoyage de l’intérieur du temple. Simultanément, le cœur de toutes les personnes y ayant directement ou indirectement participé a été également purifié et poli.

En utilisant pleinement notre esprit purifié par la récitation respectueuse de Nam Myôhôrengekyô concernant à la fois la pratique personnelle et la conversion d’autrui, ainsi que l’activité de protection du temple représentée par le ménage, le regard porté alors sur les divers aspects de la société montre que nous avons beaucoup de choses à faire. Je souhaite que nous progressions avec régularité, pas à pas, au cours de l’année 2008, sans être écrasés par l’importance des tâches qui nous incombent.

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Élimination des embarras

Dans le cadre de la vie au sein de la société, il arrive que l’on ait à faire face à des problèmes impossibles à solutionner par nos seules capacités. Quand, même si nous n’y parvenons pas, nous devons à tout prix faire quelque chose, nous nous sentons alors lourdement déprimés.

Le 29 décembre dernier, après le Gongyô du matin et mon bref recueillement habituel devant le monument dédié aux trois maîtres, le jour s’étant levé, je jetai un regard circulaire sur le jardin dans son ensemble. Le chat des voisins qui, jusque quelques jours auparavant allait et venait ne s’était pas encore montré ce matin là. C’était tant mieux.

En effet, à trois, quatre mètres du monument, je découvris un pigeon. Comme il faisait encore un peu sombre, je ne le distinguais pas nettement, mais il semblait ne donner aucun signe de vie. Il ne me restait plus qu’à me diriger vers lui et, les mains jointes, réciter trois fois Nam Myôhôrengekyô. Le corps ne présentait aucun dommage et laissait à penser que la mort venait juste d’intervenir. Après m’être changé en vêtements civils, je ressorti dans le jardin à l’endroit où se trouvait le pigeon. En l’effleurant, je m’aperçus que son corps était encore un peu chaud, malgré la froideur. Sa physionomie avait également l’air paisible.

Mon sentiment était que cet oiseau, par le fait d’une certaine causalité ayant volé jusque en ce lieu pour y mourir, il était naturel que, moine et supérieur de ce temple, je l’enterre de mes propres mains.

Jusque là, je l’avais déjà fait de manière succincte pour les moineaux et les poissons rouges du bassin. Or, dans le cas présent, la taille de l’oiseau, un pigeon ramier, était le double de celle des autres pigeons. Il fallait donc creuser un trou plus grand et plus profond. Le jardin est étroit et les racines des arbres s’étalent en largeur. Il est donc difficile de creuser un trou avec une petite pelle. De plus, les travaux de rénovation du jardin devant commencer au printemps, il fallait creuser vraiment profondément. Je me trouvais face à ce problème. J’aurais bien voulu demander conseil à quelqu’un, mais en fin d’année, moment où tout le monde est affairé, poser des questions sur la mort d’un animal aurait sans doute paru déplacé.

De toute façon, je ne pouvais le laisser comme ça. Je le plaçai alors dans un sac en plastique, hors de la vue des humains et des autres animaux.

Lors du Gongyô du soir, au moment de l’offrande du bien aux défunts, j’invoquai "pour la bouddhéité de l’oiseau ayant un lien avec Hakudô Môri".

Je me réveillai le lendemain, l’esprit uniquement tourné vers la mort de l’oiseau et la conduite à prendre vis-à-vis de son cadavre.

Ce jour là, le grand ménage du Shingyôji commençait à 10 heures. Le couple organisateur de l’activité arriva à 9 heures 30 et récita le Daimoku dans la salle de pratique jusqu’à l’arrivée des autres participants.

Avant le début du ménage, j’expliquai au mari le problème de la veille et lui demandai de quelle manière je devais procéder. Il comprit parfaitement la situation et mon sentiment. Il me dit : "Ne vous inquiétez de rien. Je vais emmener l’oiseau chez moi et, respectueusement, je procéderait à son inhumation selon vos recommandations".

Effectivement, aimant la nature le couple habite en grande banlieue parisienne et possède un très grand jardin. Sachant qu’il est toujours très attentif au bien être de tous les oiseaux et petits animaux présents dans son environnement, j’acceptai de bonne grâce la proposition.

Quand j’étais à l’école primaire, au CP et au CE1, le Japon connu la grande mode de l’élevage des pigeons voyageurs. Nous avions nous-mêmes plus de dix locataires dans le pigeonnier construit dans notre jardin. Il arriva même que certains amateurs, au paroxysme de leur passion, dérobent les pigeons des autres.

On nous vola aussi nos pigeons. Hormis le chagrin engendré, le plus embarrassant étaient les poussins dont la mère avait été dérobée. Bien qu’enfant, je n’avais en tête que de faire quelque chose pour les élever afin qu’ils vivent. Je leur donnais leur nourriture mêlée à des nutriments, que je mâchais pour faciliter leur digestion avant de leur verser dans le bec à l’aide d’un compte gouttes. Malheureusement, mes efforts restèrent sans effets et ils moururent. Quelle chose triste ce fut !

En voyant devant moi le cadavre du pigeon adulte, je me souvins de ces événements passés il y a cinquante ans. Pour moi, dépourvu de toute connaissance sur les oiseaux, il était impossible de déterminer si c’était un mâle ou une femelle. Toutefois, j’imagine que mort pour une raison quelconque et devenu à l’état de cadavre, l’oiseau doit ressentir une profonde satisfaction d’avoir bénéficié du Daimoku "Nam Myôhôrengekyô" et d’avoir son corps mis en terre dans un vaste jardin par des amoureux de la nature.

Au Japon, on qualifie de "cœur de Bouddha" le sentiment de vouloir assister les plus faibles. On dit de ceux qui, sans être Bouddha pour autant, ont en eux une parcelle du cœur du Bouddha que ce sont des "personnes ayant un cœur de Bouddha".

Le pigeon mort était vraiment digne de pitié. Toutefois, les oreilles de son cœur ont entendu "Nam Myôhôrengekyô" et il reçut les œuvres et vertus du Daimoku sous la forme d’une inhumation dans la nature.

Moi-même, bien que face à cet embarras momentané, j’ai bénéficié de la gentillesse de personnes ayant du cœur et ai pu finir l’année 2007 avec un sentiment plus léger et ressentir fortement les œuvres et vertus du Dharma et vous en faire part.

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Les causes du développement

Nous connaissons tous l’expression bouddhique "quatre et huit souffrances".

J’explique fréquemment ce principe lors des cérémonies ou cours au Shingyôji, au point où je vois des enfants vérifier en comptant 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 sur leurs doigts.

L’âge n’entre pas en ligne de compte, lorsqu’il s’agit d’apprendre ce qui est juste. Si parmi les adultes pratiquants certains ne connaissent pas avec précision le contenu des "quatre et huit souffrances", ils peuvent sans doute le demander aux enfants.

A propos, il faut peut-être énoncer dans l’ordre ces "quatre et huit souffrances" :

1.      Souffrance de la naissance

2.      Souffrance de la vieillesse

3.      Souffrance de la maladie

4.      Souffrance de la mort

Nul ne peut échapper à ces quatre premières souffrances. Si quelqu’un niait leur existence, cette attitude reviendrait à nier sa propre existence. En fait, il produirait de lui-même des souffrances d’un niveau encore plus grave.

5.      Souffrance de la séparation d’avec ce que l’on aime

6.      Souffrance de la réunion avec ce que l’on n’aime pas

7.      Souffrance de ne pas obtenir ce que l’on recherche

8.      Souffrance accompagnant le développement des cinq agrégats (corps et esprit)

Au cours de notre vie, nous ne pouvons non plus échapper à ces quatre dernières souffrances. Plus on entreprend d’activités en tant qu’être humain, plus on ressent ces souffrances sous de multiples formes et à divers niveaux, on les amplifie et les augmente.

Pourtant, n’y a-t-il aucun moyen pour échapper complètement à ces quatre et huit souffrances, ne peut-on pas effacer ces huit éléments ?

La réponse est "NON" ! Ces huit souffrances sont présentes dans la vie des êtres humains tout au long de leur vie, de leur naissance à leur mort. Encore une fois, nier ces souffrances revient à nier la vie et à se nier soi-même.

Lors de la "mise en mouvement de la roue du Dharma", instant où il commença à prêcher son enseignement, le vénéré Shakya expliqua les "quatre vérités".

1.      Vérité de la souffrance : tout en ce monde n’est que souffrance

2.      Vérité de l’accumulation : les mauvaises passions sont la cause de la production et de l’accumulation des souffrances.

3.      Vérité de l’extinction : l’éveil ne peut être obtenu que par l’annihilation, l’interruption des mauvaises passions.

4.      Vérité de la voie : La pratique parfaite de "l’octuple sentier" est la cause de l’interruption des mauvaises passions.

La première et la deuxième vérité représentent l’effet et la cause de "l’illusion".

La troisième et la quatrième vérité représentent l’effet et la cause de "l’éveil".

Les quatre vérités représentent le fondement de la vision portée par le bouddhisme sur la vie humaine. Cependant, si, sur la base de ces quatre vérités, on se livre à une profonde introspection, on s’aperçoit alors qu’il n’y a aucune possibilité pour les hommes ordinaires que nous sommes, d’annihiler, d’interrompre parfaitement l’infinité de nos "mauvaises passions". Dès lors, il n’y a plus qu’à désespérer de la vie.

Dans «Entendre pour la première fois la doctrine du véhicule du Bouddha» (shimon butujô gi), Nichiren Daishônin explique clairement la nature des "hommes ordinaires" :

"Si nous en recherchons le fondement, notre corps est constitué par l’union d’une goutte blanche et d’une goutte rouge issues du sperme et d’un ovule de notre père et de notre mère. Il est dès lors le fondement du mal, la source de l’impureté. Même si l’on entre dans l’océan pour le laver, on ne peut le purifier. Par ailleurs, si l’on recherche le fondement de ce corps, support de l’effet de souffrance, il est issu des trois poisons : cupidité, colère et sottise. Ces deux voies des mauvaises passions et des effets de souffrances, provoquent le karma. La voie du karma est la loi de la captivité, comparable à l’oiseau mis en cage".

Si nous tentons de donner une explication bouddhique de ce que nous sommes, force est de dire que nous sommes "la substance des mauvaises passions". Si l’on se tient à cette définition, à long terme toute notre vie, à court terme une année, un mois, un jour, chaque heure de notre vie ne peut déboucher que sur "l’obscurité". Puisque notre vie commence par la souffrance et s’achève dans la souffrance, par les causes de souffrances et les effets de souffrances, il en sera de même dans la vie suivante et, ainsi, éternellement, nous tournerons dans le monde de l’illusion.

Dès lors, n’y a-t-il que "désespoir, encore désespoir et toujours désespoir" ? Comment le bouddhisme réagit-il devant cette vérité désespérante ?

L’enseignement du Bouddha se réparti en deux grandes catégories : le "petit véhicule" (Hinayana) et le "grand véhicule" (Mahayana). Un même terme bouddhique peut avoir une définition, un commentaire tout à fait différents, si ces derniers sont effectués selon le petit ou le grand véhicule.

Ainsi, l’expression "extinction" (nirvana), tout à fait courante dans le bouddhisme implique, dans le petit véhicule, "de réduire son corps en cendres et d’annihiler sa conscience", afin  de s’écarter complètement des trois voies des mauvaises passions, du karma et de la souffrance. L’idéal de cette forme de pensée est l’état de vie du "néant", auquel on parvient par le biais de la pratique des austérités et le respect des préceptes.

Tel est l’effet suprême auquel parviennent les deux véhicules (auditeurs et Bouddha par soi) du petit véhicule.

Du point de vue de la vision fondamentale portée sur la vie par le bouddhisme, cette "notion de l’extinction" est véritablement étriquée. Pourtant, pour le petit véhicule, la mise en pratique de cette manière de penser coule de source.

La "vision de l’extinction" portée par le grand véhicule ne réclame évidemment pas "la réduction de son corps en cendres et l’annihilation de sa conscience". Prendre conscience de la présence en soi de la "nature du Dharma" et pratiquer (compréhension théorique, prise de conscience religieuse et mise en application dans la société) dans la perspective de la faire se manifester, représentent la vision de l’extinction dans le grand véhicule.

Au sein du grand véhicule, le véritable grand véhicule qu’est le sutra Myôhôrengekyô (Sutra de la fleur du lotus) enseigne que la pratique de la vision de la causalité (cause, condition, effet et rétribution) fondée sur la théorie du véritable aspect des dharmas enseigné dans la doctrine éphémère, ainsi que la foi et l’obéissance au corps du Bouddha à l’éveil véritable dans le passé lointain révélé dans la doctrine originelle, représentent la manière d’être fondamentale en tant que bouddhiste et la manière d’attester de l’extinction.

Le grand maître du Tendai (Zhiyi) interpréta le contenu prêché dans le "Sutra de la Fleur du Dharma merveilleux" sous la forme de la théorie de "Une pensée trois mille" (ichinen sanzen). Cette dernière est la théorie ultime et suprême expliquant de manière globale la nature fondamentale de l’enseignement du Bouddha. Elle constitue en elle-même l’enseignement ultime, en particulier par le biais de la notion de "soku" (identité), réfutant la théorie étriquée des mauvaises passions selon le petit véhicule. Par exemple, les expressions bouddhiques telles que :

"Identité des mauvaises passions et de la bouddhéité" (bon’nô soku bodai)

"Identité des vies et morts et de l’extinction" (shôji soku nehan)

"Identité de recevoir et garder et de l’observation du cœur" (juji soku kanjin)

Proviennent de et sont prouvées par la théorie de Une pensée trois mille. En particulier, la signification et la réalité de la doctrine de "devenir Bouddha dès ce corps » (sokushin jôbutsu) sont fondées sur la théorie de Une pensée trois mille.

Les théories développées dans l’enseignement du Bouddha ont vu leur contenu parfait par "la doctrine de Une pensée trois mille". Autrement dit, le grand maître du Tendai a finalisé le développement théorique de "Myôhôrengekyô".

L’obtention de l’extinction, la réalisation du corps du Bouddha par les êtres vivant à l’époque du Bouddha, à celles de la Rectitude et de la Semblance du Dharma, centrées sur le vénéré Shakya, étaient assurées par la pratique de "Myôhôrengekyô". Ainsi, la solution aux "souffrances" résidait dans la véritable et profonde observation des "mauvaises passions" et le défi vis-à-vis d’elles. Les êtres se libéraient des mauvaises passions grâce aux principes et au pouvoir contenus dans le sutra "Myôhôrengekyô", grand véhicule ultime. Autrement dit, la voie vers la bouddhéité était ouverte.

Or, le temps défini dans l’enseignement du Bouddha montre que le présent ainsi que le futur éternel est "la période de la Fin du Dharma". Comment les êtres de cette période (nous) doivent-ils faire face aux mauvaises passions dont eux-mêmes et les autres sont dotés de manière virulente ?

Pour les êtres, le fait que leurs mauvaises passions et celles d’autrui sont la cause fondamentale de la génération de toutes les difficultés et problèmes est une vérité éternelle.

·         Les querelles entre individus (pouvant aller jusqu’à des blessures voire le meurtre)

·         L’appropriation malhonnête des biens d’autrui (vol, escroquerie, etc.)

·         Les guerres entre les pays ou entre les peuples

Tous ces actes proviennent des mauvaises passions. Les êtres excusent toutes leurs propres mauvaises passions et condamnent celles des autres.

Ils s’ignorent eux-mêmes ou ont oublié ce qu’ils sont, eux qui devraient contrôler leurs mauvaises passions mais qui, en fait, sont contrôlés par ces dernières.

Les êtres contrôlés par leurs mauvaises passions sont dans un état tragique. En effet, ils ne manifestent que la recherche de profits immédiats dans le temps et dans l’espace et uniquement pour eux-mêmes. Finalement, leur égoïsme les détruit et détruit les autres.

Les "désirs" sont en quelque sorte des "médicaments d’un emploi dangereux". Prescrits par un médecin doté de grandes connaissances et de techniques et avec une posologie adaptée, ils permettent au malade gravement atteint ou blessé ou porteur d’une maladie ou de symptômes particuliers de voir son état s’améliorer de manière spectaculaire. Par contre, en cas d’erreur d’application, non seulement l’état du patient ne s’améliore pas, en outre, il risque de mourir.

Si le porteur des "désirs" est le Bouddha, alors, ils se manifestent sous la forme de la bouddhéité et constituent un excellent remède.

Si le porteur est un homme ordinaire, (doté des trois voies), ils se manifestent alors sous la forme des mauvaises passions et constituent un poison violent.

Que l’on parle de bouddhéité (énergie positive suprême) ou de mauvaises passions (énergie négative extrême), en fait, leur nature est identique. Il faut savoir qu’en fonction de l’état de vie de celui qui les possède, elles se manifestent de manière tout à fait opposée : bouddhéité (le mieux) ou mauvaises passions (le pire).

Prenons un exemple extrême :

Bouddha – Remède – Excellent remède – Corps sain – Corps du Bouddha

Homme ordinaire – Poison – Poison violent – Corps empoisonné – Corps d’homme ordinaire

Lisant ces catégories, lesquelles le lecteur choisira-t-il ?

La finalité des mauvaises passions est la destruction simultanée de soi-même et d’autrui. Force est de dire que c’est terrifiant.

La nature des êtres est constituée de "mauvaises passions, karma et souffrances". S’ils ne font rien contre, ils finiront par se détruire eux-mêmes.

Le choix entre l’expression "du meilleur" ou "du pire" dépend de notre propre décision intérieure.

Comme je l’ai déjà dit, les stances Jiga enseignent que le désir du Bouddha réside dans :

"Toujours, je me fais cette réflexion, comment mener les êtres à pénétrer sur la voie insurpassable et réaliser rapidement le corps du Bouddha" ?

Les aspects terriblement négatifs de la période de la Fin du Dharma, qualifiée "d’ère pervertie par les cinq souillures", ne se manifestent pas seulement dans les phénomènes fortement évoqués depuis peu, tels le réchauffement planétaire, la confusion de l’économie mondiale ou l’élévation  du coût de la vie (due à l’augmentation du prix du pétrole, ou au renchérissement du prix des matières premières), elles atteignent les moindres recoins de la société dans son ensemble.

Par quel enseignement, le Bouddha originel de la Fin du Dharma, Nichiren Daishônin, tente-t-il de nous faire "réaliser le corps du Bouddha" ?

Dans le Traité sur le sens de la substance, il écrit :

"Celui qui, honnêtement rejette les moyens, uniquement à foi dans le Sutra de la Fleur du Dharma et récite Nam Myôhôrengekyô, verra les trois voies des mauvaises passions, du karma et de la souffrance se transformer en trois vertus de corps de dharma, sagesse et libération. Les trois visions et les trois vérités apparaîtront en son cœur. Le lieu où il demeurera sera la terre de la lumière toujours sereine.

Le Bouddha de la fleur du lotus substantifique de la durée de la vie de la doctrine originelle, au triple corps sans artifice, à la fois habitant et habité, corps et territoire, le principal et le support, doté à la fois de la substance et de l’application, se trouve parmi, les disciples et bienfaiteurs de Nichiren. Tel est le mérite de la substance de la fleur du Dharma, apparaissant en fonction de la maîtrise souveraine des pouvoirs transcendantaux. N’en doutez pas" !

Ce passage peut être compris uniquement par le biais d’une profonde étude des principes et des doctrines du bouddhisme.

Toutefois, celui qui parvient à comprendre avec justesse son contenu peut prendre conscience des immenses significations de sa pratique, c’est-à-dire la foi dans les trois grands Dharmas ésotériques de Nichiren Daishônin et ressentir une joie ineffable.

Vous le savez, les commentaires de la doctrine se répartissent en "significations générale et particulière". Dans le passage ci-dessus, "le triple corps sans artifice" et "le Bouddha de la fleur du lotus substantifique de la durée de la vie de la doctrine originelle" se réfèrent au seul Bouddha originel Nichiren Daishônin. Tel est la signification de sa lecture selon son sens particulier.

Si on le lit selon le sens général, nous tous, qui avons reçu avec foi et pratiquons le Gohonzon des trois grands Dharmas ésotériques sommes "le triple corps sans artifice" et "le Bouddha de la fleur du lotus substantifique de la durée de la vie de la doctrine originelle".

Il n’est pas facile de comprendre correctement le sens de ce passage, mais je suggère à tous les lecteurs de le lire après chaque Gongyô du matin et du soir et, si possible, de le mémoriser.

Pour terminer, j’aimerais préciser ce que signifie pour nous manifester dans notre vie quotidienne la manière de vivre selon "le corps du Bouddha" définie par Nichiren Daishônin.

Dans une Réponse à Shijô Kingo, il écrit :

"Lorsque souffrance il y a, éveillez-vous à la souffrance. Lorsque félicité il y a, ouvrez-vous à la félicité. Considérez la souffrance et la félicité comme une même chose et récitez Nam Myôhôrengekyô. N’est-ce pas là recevoir de soi-même la félicité du Dharma ? Eveillez enfin une puissante force de la foi".

C’est une directive extrêmement concise, mais elle est le prototype même de la phrase d’or que tous les pratiquants (anciens comme récents) croient comprendre, mais en fait, ne comprennent pas.

(La raison pour laquelle je cite cette phrase réside dans une lettre relatant l’expérience de deux enfants, de laquelle il y a beaucoup à apprendre. Tous deux ont fait face l’année dernière et cette année à la mort de deux chats qu’ils aimaient profondément. Ils furent envahis de tristesse, mais, en même temps, ces événements leur ont fait prendre conscience de la mort. Ils ont réagi avec des pensées et des sentiments bouddhiques. La mort de leurs chats leur a permis d’apprendre beaucoup, y compris par le biais de l’offrande du bien et de se développer intérieurement. La différence entre un sage et un sot se détermine par leur réaction au moment de "la souffrance" : soit on l’utilise comme tremplin pour se développer, soit on régresse).

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La tradition et notre temps

Comme chaque année les 6 et 7 avril, la grande cérémonie d’aération des trésors sacrés s’est déroulée solennellement au temple principal Taisekiji. Cette année, la cérémonie a eu lieu pendant que les travaux de rénovation du Mieidô et de reconstruction des temples d’hébergement de l’allée principale, travaux faisant partie du programme de la commémoration, l’année prochaine, du 750e anniversaire de la présentation de la bonne doctrine du Traité sur la sérénité du pays par l’établissement de la rectitude, progressaient avec régularité.

Les dix pratiquants français assistant à la cérémonie sont arrivés au temple principal dans la matinée du 5 avril. Dès 13 heures 30, ils ont assisté dans le Hôandô à l’ouverture des portes du Dai Gohonzon du Kaidan de la doctrine originelle.

Pour quatre des dix participants français, ce Tozan était le premier. Trois des autres avaient déjà eu l’occasion de participer à la cérémonie d’aération des trésors.

Tous sont arrivés très concentrés et remplis d’attentes au temple principal. Pour eux, il s’était déjà passé quelque chose à la vue du mont Fuji dans toute sa splendeur, que l’on pouvait admirer depuis la fenêtre du train Shinkansen et également au nord-est du portail Sanmon du Taisekiji. Hormis la dernière nuit, à l’heure du Ushitora Gongyô et la matinée du même jour, le temps fut superbe et l’atmosphère dégagée par les cerisiers en fleurs donna une idée suffisante du printemps au Japon.

Personnellement, je suis devenu moine novice le 28 mars 1960. En décembre 1959, le 66e Grand Patriarche  Nittatsu Shônin avait reçu la transmission vitale à la personne unique de la part du 65e Souverain du Dharma, Nichijun Shônin.

L’année suivante, au mois d’avril, la cérémonie de changement de Patriarche eut lieu en même temps que la cérémonie d’aération des trésors. Je venais juste d’entrer dans les ordres et ne connaissait absolument rien de la Nichiren Shôshû. J’ai pu alors ressentir fortement la respectabilité, mais aussi la difficulté de l’apprentissage de moine par le biais des journées très longues, commencées très tôt le matin et passées en de longues heures assis sur les genoux ou à courir à travers le vaste domaine du temple principal, sans même avoir une seconde de répit pour admirer les cerisiers en fleurs.

Toutefois, j’ai poursuivi sans régresser la voie monacale jusqu’à aujourd’hui. L’entraînement et les directives prodiguées avec indulgences par trois Souverains du Dharma, Nittatsu Shônin, Nikken Shônin et à présent Nichinyo Shônin constituent pour moi de véritables trésors.

Par ailleurs, il est évident que sans les conseils avertis de mes aînés moines, pour les choses importantes ou non, je n’aurais réalisé aucun développement. En même temps, j’ai également bénéficié de la protection des pratiquants laïcs de la Nichiren Shôshû qui, malgré mon immaturité m’appellent par le qualificatif respectueux de "Gosonshi" (vénérable maître). Les quatre jours et trois nuits passés au temple principal m’ont permis de ressentir de nouveau fortement la nécessité, en tant que moine, de "reconnaître" et de "rétribuer" la bienfaisance des trois trésors, du maître et des aînés, ainsi que celle des tous les êtres (bienfaisance des pratiquants, y compris mes parents).

Le bouddhisme enseigne à maintes reprises le caractère rarissime de naître en tant qu’être humain. Il enseigne en outre la difficulté, une fois qu’on est né sous forme humaine, de nouer le lien avec le bon Dharma et de le recevoir avec foi. Pour un moine, la vie consiste en une sévère et perpétuelle ascèse. Il est dès lors normal qu’il l’accomplisse. Pour un pratiquant laïc, l’ascèse est également énorme en quantité et en contenu : "Gongyô le matin et le soir", "visite au temple", "étude de la doctrine", "propagation par shakubuku", "offrandes pour la protection du temple", "Tozan au temple principal Taisekiji", au point où il est à même de se demander "pourquoi tout ça" ? Il existe peut-être des personnes n’éprouvant pas le moindre doute, même une seule fois au cours de leur vie, mais force est de dire que ce genre de personne est extrêmement rare.

En fait, c’est comme le dit Nichiren Daishônin :

"Recevoir est facile, mais garder est difficile".

Je connais une personne dont on peut dire que le mot "éloge" est absent tant dans sa tête que dons son cœur. Elle a une forte propension à considérer tout de manière négative.Or, je ne sais pour quelle raison, elle ne tarit d’éloges sur Paris qu’elle considère comme "la plus belle ville du monde". Je ne sais pas si les "parisiens" font partie des louanges de cette personne, toujours est-il que moi aussi, je partage son opinion sur les richesses visibles et invisibles de Paris. J’ai à présent une expérience de onze années de vie en France. Bien que je puisses dire que mes connaissances sur ce pays et ses habitants sont proches du néant, je berce le fort espoir que tous agissent de manière appropriée envers le problème de la relation entre "la tradition et notre temps", qui semble intéresser fortement tout le monde, à commencer par ses dirigeants.

En ce qui concerne la Nichiren Shôshû, de quelle manière conçoit-elle"la tradition et notre temps", de quelle manière définit-elle ces notions ?

Dans ce cas, que ce soit au Japon, en France ou dans n’importe quel autre pays, le caractère absolu du Dai Gohonzon du Kaidan de la doctrine originelle et le caractère immuable de la transmission vitale à la personne unique représentent la "la tradition immuable". Ces deux éléments constituent "la tradition absolue" transcendant le temps et l’espace.

Quant à "notre temps", nous sommes des "êtres limités à vivre dans le présent". La société  est un "être vivant" se modifiant à chaque instant.

La tradition, immuable, inébranlable et notre temps, se modifiant sans cesse d’innombrables manières semblent être des éléments antinomiques. Or, en réalité, ils ne sont absolument pas opposés.

Si l’on perd de vue "la tradition", "les fondamentaux", l’éveil des êtres, choses la plus importante, devient alors impossible. A l’inverse, à ignorer l’éveil des êtres et "s’installer dans la tradition", on perd alors de vue la grande compassion de Nichiren Daishônin envers les êtres et le point d’appui de l’esprit de "la vaste propagation par la pérennisation éternelle du Dharma".

Au-delà de celle de la France, l’aggravation de la situation du monde en 2008 s’est fortement accélérée. Or, Nichiren Daishônin écrivait : "Il ne se peut que ce Daimoku ne parviennent pas aux dix directions".

Je souhaite que les dix pratiquants ayant assisté aux cérémonies d’aération des trésors sacrés du Taisekiji, ainsi que tous les pratiquants français réfléchissent profondément au thème de la relation entre "la tradition et notre temps" et que le résultat de cette réflexion aboutisse à la génération de l’énergie nécessaire au renforcement de leur pratique pour l’établissement de leur propre éveil et aux efforts pour sauver les êtres.

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